Si tout le monde croyait que l'accord de paix qui avait été signé en Janvier 2021, sous l'égide de Moscou, entre Bakou et Erevan et qui avait démontré la grande influence de la Russie dans la région, allait mettre un terme au conflit qui oppose l'Azerbaïdjan à l'Arménie pour le contrôle de l'enclave montagneuse du Haut-Karabakh que se disputent ces deux anciennes républiques soviétiques et à l'issue duquel l'Arménie avait perdu plus de 6.500 personnes et cédé d'importants territoires à l'Azerbaïdjan – ce qui avait constitué une profonde humiliation pour les arméniens qui n'avaient pas cessé, depuis lors, de réclamer la démission du Premier ministre Nikol Pachinian au motif qu'il aurait fait beaucoup de concessions à l'ennemi – force est de reconnaître qu'il n'en est rien. En effet, dans un communiqué en date du mercredi 3 Août, le ministère azerbaïdjanais de la Défense avait affirmé avoir pris le contrôle de plusieurs positions et détruit des cibles arméniennes en riposte aux « tirs nourris » constituant « une violation flagrante du cessez-le-feu » qui avaient visé une position de l'armée azerbaïdjanaise dans le district de Latchin, une zone tampon entre la frontière arménienne et le Haut-Karabakh et publié une vidéo montrant plusieurs explosions présentées comme étant le résultat de frappes en direction des positions ennemies. Or, outre le fait que cette opération qui, d'après ce communiqué, se serait soldée par la mort d'au moins deux « séparatistes » arméniens, d'un soldat azerbaïdjanais et de 14 blessés va, incontestablement, raviver le spectre d'une nouvelle guerre après celle qui avait opposé les deux pays durant l'automne 2020, le crépitement des armes entendu, cette fois-ci, dans la région risque, également, de peser lourdement sur les pourparlers de paix, qui ont lieu depuis plusieurs mois, entre Bakou et Erevan, sous médiation européenne. Moscou qui avait parrainé le cessez-le-feu qui avait mis un terme à la guerre de l'automne 2020 et qui avait déployé, dans la région, une force de maintien de la paix pour « stabiliser la situation » au Haut-Karabakh dès lors qu'il fait partie de son « pré-carré », a accusé, dans un communiqué, l'Azerbaïdjan d'avoir violé la trêve dans la zone de Saribaba ; ce qui a poussé le ministère arménien des Affaires étrangères à publier un communiqué dans lequel il a exhorté la communauté internationale à prendre les mesures requises pour stopper « l'attitude et les actions agressives de l'Azerbaïdjan ». L'Union européenne, considérant, pour sa part, qu' « il est essentiel de désamorcer, de respecter pleinement le cessez-le-feu et de revenir à la table des négociations pour rechercher des solutions négociées », a appelé, par la voix de Peter Stano, le porte-parole du chef de sa diplomatie, à la « cessation immédiate des hostilités » alors que, de son côté, en exprimant, dans un communiqué, la « profonde préoccupation » de Washington, Ned Price, le porte-parole du département d'Etat américain, a demandé que « des mesures soient prises immédiatement pour réduire les tensions et éviter une nouvelle escalade ». Est-ce à dire qu'après une première guerre qui, au début des années 1990, avait fait plus de 30.000 morts des deux côtés et l'affrontement de l'automne 2020 d'où l'Arménie s'en était sortie profondément humiliée après avoir perdu 6.500 personnes mais, surtout, de larges pans de son territoire, Bakou et Erevan vont être, une nouvelle fois, à feu et à sang pour le contrôle de l'enclave montagneuse du Haut-Karabakh ? Attendons pour voir.... Nabil EL BOUSAADI