» Il est temps de repenser les partenariats et les politiques de voisinage entre l'Europe et l'Afrique et d'établir une approche plus durable et plus bénéfique pour les deux parties », a indiqué Lahcen Haddad, membre de la Chambre des Conseillers et ancien ministre. Dans un article d'opinion intitulé « Maroc et migration : leadership et défis », publié mercredi, par le journal « Al-Sharq al-Awsat », M.Haddad appelle à l'adoption d'une nouvelle approche de l'immigration qui protège la souveraineté nationale et à l'ouverture des frontières de manière raisonnable à une circulation légale et durable des personnes entre les pays du Nord et les pays du Sud, soulignant que la prospérité partagée est base de ce nouveau modèle de politique de voisinage entre l'Europe et ses partenaires de la rive Sud. De l'avis de l'auteur de l'article, « l'approche sécuritaire seule ne suffit pas. Par contre, il est primordial de promouvoir une immigration légale et mutuellement bénéfique, simplifier les procédures de visa pour les professionnels, les hommes d'affaires, les étudiants et les travailleurs saisonniers des pays africains, et encourager le développement durable au niveau des pays émetteurs grâce à des programmes de coopération efficace ». A cet égard, a-t-il noté, l'organisation de l'immigration clandestine par des réseaux spécialisés a subi de profondes transformations, passant de l'organisation du transit par le Sahara, la Libye et l'Algérie à des tentatives d'assaut contre les clôtures métalliques au niveau de Ceuta et Melilla, les deux villes marocaines occupées par l'Espagne. Selon M.Haddad, depuis 2016, les forces de l'ordre marocaines ont fait face à 145 attaques au niveau de Ceuta et Melilla, dont celles survenues le 24 juin dernier, quand environ deux mille personnes, encadrées par des éléments entraînés et lourdement armés, ont attaqué le point de passage entre les villes de Nador et Melilla. D'après lui, ce passage à des tentatives bien organisées marquées par un recours massif aux armes peut laisser présager que des éléments formés au crime organisé et transfrontalier sont devenus l'un des principaux acteurs de l'immigration illégale. L'auteur souligne que tous les pays concernés doivent assumer leurs responsabilités, et ne pas utiliser l'immigration clandestine à des fins politiques et géostratégiques, insistant qu'aucun pays n'a le droit de faciliter le transit des migrants vers un autre Etat voisin, contrairement aux principes du droit international . Dans ce sens , M.Haddad a salué les efforts déployés par le Maroc dans la lutte contre le flux d'immigrants clandestins, notant que le Royaume a démantelé plus de 1.300 réseaux d'immigration clandestine au cours des cinq dernières années seulement, dont 256 en 2021, et 100 en 2022 , et a empêché le passage d'environ 360.000 migrants clandestins. Et d'ajouter que « l'aide apportée par l'Union européenne au Maroc dans le domaine de la migration ne représente qu'une petite partie de ce dont il a besoin en termes d'équipements, de ressources humaines, de formation, de logistique, de centres de suivi et de contrôle , et d'autres », soulignant que cette question représente un défi majeur, d'autant plus que les gardes-frontières et les forces de sécurité doivent surveiller les mouvements d'arrivées et de départs vers le Maroc le long de 3 500 km. Et de conclure que la migration est le résultat de l'impasse dans les zones appauvries par les changements climatiques, la désertification, la détérioration des moyens de subsistance traditionnels, l'étape coloniale , les années de sécheresse successives, la corruption des élites politiques et locales, les conflits ethniques et locaux et les attaques des groupes armés.