Vote de confiance à l'Assemblée Elisabeth Borne entretient le suspense sur le vote de confiance devant la nouvelle Assemblée nationale qui continue de s'organiser mercredi avec la distribution de quelques postes-clés après la présidence à Yaël Braun-Pivet. Un décret paru au Journal officiel mercredi annonce la convocation du Parlement en session extraordinaire à partir du 5 juillet et liste les textes au menu, dont le pouvoir d'achat et la sécurité sanitaire. Pressé par les Insoumis de demander un vote de confiance après sa déclaration de politique générale, la Première ministre n'a pas encore décidé. « Je prendrai ma décision à l'issue des consultations (avec les différents groupes parlementaires) et je ferai connaître ce choix le moment venu », a déclaré à la presse la cheffe du gouvernement à l'issue d'une visite au siège du Planning familial. « Il n'y a pas de décision de prise, c'est un sujet qui mérite qu'on y réfléchisse », a-t-elle ajouté. Plus tôt dans la matinée, la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire avait déjà été contrainte de préciser que le gouvernement n'avait pas encore tranché. L'Assemblée « a le visage de la France » et « les Français nous enjoignent de travailler ensemble, de débattre plutôt que de nous battre », alors que les macronistes ne disposent que d'une majorité relative, a pressé Yaël Braun-Pivet aussitôt après son élection comme présidente de l'Assemblée mardi, devant son mari et ses cinq enfants en tribune. Elisabeth Borne poursuit ses consultations auprès des chefs des groupes parlementaires à l'Assemblée nationale en recevant successivement à Matignon André Chassaigne (PCF), Mathilde Panot (LFI) puis la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen, enfin les « indépendants » Bertrand Pancher et Christophe Naegelen. Le chef des députés communistes a promis, en sortant de Matignon, que ses troupes étaient « adeptes de mettre les mains dans le cambouis »: « porter des propositions, travailler les textes qui nous sont soumis, voter ce qui peut aller dans le bon sens et nous opposer fermement à ce qui est régressif ou insuffisant ». En attendant sa rencontre avec Mme Borne, Marine Le Pen a fixé son cap sur France info: « Nous allons travailler à l'Assemblée pour gagner la prochaine élection présidentielle (de 2027), car ce que nous voulons, c'est appliquer notre projet ». La veille, le patron du groupe LR, Olivier Marleix, avait ouvert le bal, en réaffirmant son opposition à « quelque coalition que ce soit », tout en reconnaissant « pouvoir travailler ensemble » sur « un certain nombre de textes », notamment « la question du pouvoir d'achat ». M. Marleix a par ailleurs souligné que la cheffe du gouvernement avait fait preuve lors de leur entretien « d'une vraie volonté de nous écouter, plutôt de bon augure ». Confortée par Emmanuel Macron dans son rôle de cheffe de la majorité, Elisabeth Borne doit formuler pour la fin de la semaine des propositions « pour une feuille de route » et la composition d'un nouveau gouvernement prévu pour début juillet. Tancée – y compris dans la majorité – pour apparaître trop « technocratique » et pas assez « politique », la Première ministre entend rebondir sur la proposition de constitutionnaliser le droit à l'IVG et s'est rendue dans la matinée au siège du Planning familial, fervent défenseur du droit à l'avortement. Le chef de l'Etat poursuit pour sa part un marathon diplomatique, en surplomb des considérations nationales: après le sommet du G7 en Allemagne, il est à Madrid au sommet de l'Otan. A l'Assemblée nationale, la journée de mercredi s'annonce calme avant la tempête. Les députés peuvent désormais se compter après s'être rattachés mardi soir à l'un des dix groupes parlementaires constitués. Renaissance (ex-La République en marche) compte 172 députés dont quatre apparentés, le MoDem 48, Horizons 30 dont deux apparentés, le RN 89 dont une apparentée, LR 62 dont trois apparentés, LFI 75, le PCF et ses alliés ultramarins 22, le PS 31, les écologistes 23 et le groupe « Libertés, indépendants, outre-mer, territoires » 16. Neuf députés sont non-inscrits. La majorité présidentielle peut donc tabler sur 250 députés, toujours loin des 289 de la majorité absolue. La chambre basse doit désormais élire ses six vice-présidents, trois questeurs et 12 secrétaires. Mais c'est surtout vers l'élection du puissant président de la commission des Finances, prévue jeudi, que les regards se tournent. Réservée à un membre de l'opposition, elle fait l'objet d'autant de convoitises que de spéculations – voire tractations. Elle devrait se jouer entre le député LFI Eric Coquerel, qui compte sur les voix de l'ensemble de la Nupes (outre les mélenchonistes, le PS, le PCF, EELV) et le député RN Jean-Philippe Tanguy, en quête d'alliés à droite. Elisabeth Borne a promis la semaine dernière que la majorité « respecterait les traditions » et ne prendrait pas part au scrutin, laissant les oppositions s'organiser.