Le front local de suivi de la crise de la Samir ne semble pas changer son fusil d'épaule. Il demeure déterminé à faire aboutir ses revendications en dépit d'un gouvernement qui se retranche dans un silence incompréhensible. Lundi 20 juin, plusieurs manifestants se sont donné rendez-vous devant le tribunal de première instance afin de dénoncer, pour l'énième fois, la fermeture de l'entreprise et la cherté des prix à la pompe. Ainsi, militantes et militants du front se sont rassemblés brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Libérez la Samir », « faire revivre la Samir et la régulation des prix sont des foncements de la souveraineté énergétique », « l'industrie du raffinage est le symbole de l'indépendance ».Lors de leur-sit-in, les protestataires ont également scandé des slogans appelant le gouvernement à jeter l'éponge tout en le qualifiant de la cinquième roue de la carrosse. Pour El Houssine Elyamani, coordinateur du front local, le fait d'organiser le sit-in devant le tribunal contient tout un message : « ce dossier a épuisé ses recours. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement qui doit clarifier sa position quant au devenir au secteur du raffinage au Maroc », a-t-il déclaré à Al Bayane. Autrement dit, « la justice ne suffit pas, à elle seule, à résoudre ce dossier. D'où la nécessité de la collaboration des pouvoirs, comme le dispose l'article 1 de la Constitution », a-t-il précisé. Abondant dans le même ordre d'idées, notre interlocuteur a révélé que plusieurs investisseurs se sont adressés au tribunal pour s'approprier la gestion de l'entreprise, mais faute d'une réponse claire de la part de l'Exécutif quant à l'avenir du secteur, tous les efforts du transfert des actifs de la Samir seront voués à l'échec », a-t-il noté en substance. Marge de raffinage très élevée Il faut dire, selon El Houssine Elyamani, que les déclarations émanant des responsables de l'Exécutif prétendant que la reprise des activités de l'entreprise ne résoudra en rien la montée vertigineuse des prix sont catégoriquement infondées. Loin s'en faut, « le redémarrage de l'entreprise va contribuer largement à créer une concurrence transparente et à baisser les prix des produits pétroliers destinés au consommateur », a-t-il martelé. D'ailleurs, « depuis le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, la marge du raffinage est passée de 5 à 25 dollars pour chaque baril de pétrole », a-t-il expliqué. Comme quoi, « la réouverture de l'entreprise serait une réelle opportunité pour réorganiser le secteur, faire baisser les prix au lieu de se retrouver avec une facture salée, surtout que les analystes affirment que le conflit va durer plusieurs années », a-t-il expliqué. Autre point non moins important, la réactivation de l'entreprise permettra de dégager un bénéfice annuel s'élevant à 12 milliards de DH, a-t-il avancé. Rappelons que le Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine du pétrole a appelé le gouvernement, il y a quelques jours, à se départir de son discours de justification voire de provocation et de faire preuve de sérieux et de responsabilité afin de lutter contre la haute vertigineuse des prix des hydrocarbures. La coalition de la défense de la Samir a recommandé aux décideurs du gouvernement de réorganiser le secteur des hydrocarbures et mettre fin aux profits obscènes qui avoisinent les 45 milliards de DH depuis la libéralisation du secteur. Khalid Darfaf