Grèves des transporteurs routiers Karim Ben Amar La grève des transporteurs routiers à l'échelle nationale de 72 heures, qui a débuté lundi 7 mars, s'est poursuivie jusqu'au mercredi 9 mars. Ce mouvement de protestation avait pour but de dénoncer la flambée des prix à la pompe . À Tanger, les chauffeurs de grands et petits taxis ont eux aussi entamé une grève. Pour avoir plus de détails sur les raisons de ce mouvement de grève, ainsi que les doléances des grévistes, l'équipe d'Al Bayane a rencontré Khalid Sahli, coordinateur régional de la Fédération démocratique du travail (FDT), section grands et petits taxis. Envolée du prix du gasoil, baisse du pouvoir d'achat du chauffeur de taxi, précarité du secteur, le syndicaliste se livre sans détour. Du lundi 7 au mercredi 9 mars, prendre un taxi à Tanger relevait du parcours du combattant, et pour cause, durant 72 heures, les professionnels du secteur ont fait grève. Pour protester contre les la flambée des prix à la pompe sur leur activité, les chauffeurs de taxis de Tanger, à l'instar du reste du Royaume, ont répondu à l'appel à la grève lancé par cinq centrales syndicales (l'Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM) et enfin la Fédération démocratique du travail (FDT ). L'équipe d'Al Bayane s'est rendue sur le lieu de rassemblement massif qui s'est tenu au « Ryad de Tétouan », à proximité de l'ancienne gare routière de Tanger, et cela durant trois jours d'affilée. Il est prêt de 15 H mercredi 9 mars, lorsque sur place, nous avons rencontré le coordinateur régional de la Fédération démocratique du travail (FDT), Khalid Sahli. Pour cet ancien syndicaliste, les raisons de cette grève sont évidentes et parfaitement légitimes. D'après Khalid Sahli, les principales victimes de cette hausse du prix du carburant sont les chauffeurs de taxis. À cet effet, le leader syndicaliste a déclaré que « cette hausse est inadmissible. Le prix du gasoil talonne les 12 dirhams, c'est du jamais vu ». Et d'ajouter, « les grands et petits taxis souffrent réellement de cette hausse vertigineuse, c'est principalement pour cette raison que plus de 400 taxis ont rejoint le mouvement de protestation, en plus des 1000 chauffeurs de taxis qui se sont rendus à pied sur le lieu de notre rassemblement. Ce nombre important de militants mobilisés prouve la réussite de notre action. C'est d'ailleurs avec beaucoup d'enthousiasme que les grévistes ont répondu à l'appel à la grève». Pour Khalid Sahli, tout comme le reste des professionnels du secteur, cette flambée des prix à la pompe menace la dignité des chauffeurs de taxis. « Alors qu'un taxi gagnait entre 60 et 70 dirhams pour 8 heure de travail, depuis la hausse, il ne gagne plus que 30 ou 40 dirhams. On ne va se mentir, il est impossible de nourrir sa famille avec 40 dirhams par jour ». Et de poursuivre, « cela met en péril tout le secteur car il n'est plus rentable ». Le coordinateur régional informe que les propriétaires d'agréments ne sont aucunement touchés par la flambée des prix du carburant. « La recette que le petit taxi reverse au patron est comprise entre 180 et 200 dirhams pour la session de travail comprise entre 6H-14H et entre 240 et 280 dirhams pour celle de 14H-23H. Le grand taxi reverse quant à lui 120 dirhams pour le premier shift et 200 dirhams pour le second. Ces tarifs ne sont aucunement acceptables en cette période de flambée sans précédent », a-t-il martelé. « Le gouvernement nous jette littéralement en pâture. C'est un réel sentiment d'abandon que nous éprouvons. Nous sommes désormais à des années lumières des promesses de campagne. Alors que la majorité actuelle avait promis de créer de l'emploi, voilà qu'il se hâte à faire disparaitre tout un secteur d'activité qui nourrit des milliers et des milliers de familles. Nous attendons un effort sincère de la part de l'exécutif», et de rappeler, « le seul acquis que nous possédons est la couverture médicale. Soutien que nous ne devons à aucun gouvernement puisque ce droit nous a été donnés par SM le roi ». Quant aux doléances des centrales syndicales, Khalid Sahli en énumère les plus significatives. « Le prix du carburant doit impérativement baisser. De plus, nous demandons à bénéficier de la même subvention que l'Etat verse au autobus et aux bateaux de pêche, cette demande est légitime puisque nous sommes aussi un secteur d'utilité publique. D'ailleurs, ces mêmes personnes qui font aujourd'hui partie du gouvernement, ont-elles mêmes pris des taxis à une époque, mais ils semblent l'avoir oublié». « Nous demandons aussi à ce que le dessous de table soit banni définitivement. Pour louer un agrément pour une période de 12 ans, c'est pas moins de 500.000 dirhams qu'il faut donner au propriétaire. Pour contracter un bail de 99 ans, il faut compter entre 1.200.000 et 1.300.000 dirhams », a-t-il tonné. « En somme, il faut que le secteur soit régis par une loi. Nous parlons de dizaines de milliers de taxis, dans tout le pays, de Tanger à Lagouira. il est donc naturel et impératif d'extirper le secteur de la précarité», préconise-t-il. Le syndicaliste a aussi confié que « nous savons pertinemment que le prix à la pompe n'est pas prêt de baisser, c'est pour cette raison que nous avons décidé de ne pas poursuivre la grève afin de ne pas plomber les finances déjà bien maigres des chauffeurs de taxis. Quant aux barrages des routes, pratique classique lors de grèves des transporteurs routiers, Khalid Sahli a indiqué que « nous avons laissé un passage pour ne pas stopper la circulation et ne pas entraver le mouvement de toute la ville ».