Lésés par la flambée des prix des carburants, les professionnels du transport de voyageurs et de marchandises comptent mener leur grève de trois jours, qui pourront être prolongés en cas d'absence de dialogue avec le gouvernement. Chose promise, chose faite. Les professionnels secteur du transport de voyageurs et de marchandises au Maroc mènent, à partir de ce lundi, une grève nationale de 72 heures. A l'appel d'une coordination formée par cinq syndicats du secteur affiliés à l'UMT, l'UGTM, la CDT, l'UNTM et la FDT, elle a été annoncée le 24 février, après que les syndicats ont constaté «les tergiversions du gouvernement quant aux appels qui lui ont été adressé pour s'asseoir au tour de la table des négociations». Les cinq syndicats ont fait état des problèmes du secteur face à la flambé des prix et son «impact direct sur les équilibres financiers des entreprises du secteur, ce qui a poussé plusieurs d'entre elles à déclarer leur faillite». La semaine dernière, les centrales syndicales ont été reçues par le ministre de l'Equipement et du transport mais aucune solution n'a été trouvée. Mustapha El Karkouri, secrétaire général du syndicat national des transports routiers de marchandises, affilié à l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM) nous confie ce lundi que «pour l'instant, il n'y a pas de dialogue avec le gouvernement». «Nous avions une rencontre mardi dernier avec le ministre de l'Equipement et du transport en tant que responsable du ministère de la tutelle. On s'attendait à une réponse répondant au minimum de nos revendications, mais le ministre n'a fait que nous écouter. Les choses se sont déroulées dans une ambiance normale et le ministre nous a promis de transmettre de nos revendications, dont la flambée du prix des carburants», rapporte-t-il. Sans dialogue, la grève se poursuivra et pourra même être prolongée Rappelant que la flambé des prix des carburants «a été la goutte qui a fait déborder le vase» et qui a poussé les professionnels «à mener une grève après avoir adressé une lettre au chef du gouvernement», le syndicaliste précise que «chaque partie représentant les professionnels a proposé des solutions». «Pour l'UNMT, le gouvernement est responsable de la gestion de la chose publique et a toutes les prérogatives pour prendre n'importe quelle décision devant atténuer l'impact de cette flambée des prix des carburants. Le plus important est de résoudre cette problématique», déclare-t-il. «Les prix des carburants s'accaparent de 60% à 80% du coût d'un transport. Par exemple, si un voyage coûte 3000 dirhams, près de 2300 dirhams sont dépensés pour le carburant. De ce fait, la marge de bénéficies baissent drastiquement et quotidiennement. Lorsqu'une entreprise voit son bénéfice s'amenuiser, cela impacte la qualité de service, son respect des conditions de sécurité,… beaucoup de société de transport ont déjà annoncé leur faillite, tandis que d'autres s'attendent à le faire.» Mustapha El Karkouri Un constat partagé aussi par de nombreux professionnels du transport routier au Maroc, dont Mohamed Mouttaki du syndicat national démocratique du secteur des taxis affilié à la Fédération démocratique du travail (FDT). «Ces derniers jours, avec du carburant qui coûte plus de 11 dirhams le litre, chaque chauffeur a ressenti une dépense supplémentaire de 30 dirhams en carburant par jour de ses poches. Nous ne pouvons supporter cette hausse seuls», regrette-t-il. Il rappelle que l'exécutif «a promis une réponse jeudi ou vendredi dernier», ce qui n'a pas été respecté. «Notre centrale syndicale propose de réduire les impôts sur les carburants (3 dirhams le litre) ainsi que les marges des distributeurs, car les deux augmentent avec la hausse des prix», précise-t-il encore. Pour les deux professionnels, la grève de 72h se poursuivra et en cas d'absence de dialogue, «nous pouvons même la prolonger».