Le minaret Al-Hadba et les églises Al-Saa'a et Al-Tahera à Mossoul L'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) et les Emirats arabes unis (EAU) ont annoncé que la reconstruction du minaret Al-Hadba et des églises Al-Saa'a et Al-Tahera de la ville de Mossoul en Irak est « prête à débuter en mars » prochain, après trois ans de travaux préparatoires intensifs. La Directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay se rendra spécialement à Mossoul pour lancer les travaux de reconstruction, indique l'organisation onusienne dans un communiqué. En raison de l'occupation de Mossoul par l'organisation dite »Etat islamique » jusqu'en 2017, 80 % de la vieille ville de Mossoul ont été détruits. Après la libération de la ville, en 2018, l'UNESCO a lancé une ambitieuse initiative internationale pour « faire revivre l'esprit de Mossoul ». Cette initiative de reconstruction et de réconciliation vise à redonner sa gloire d'antan à cette ville riche et diverse, dont l'histoire plurielle se situe au carrefour des cultures et des religions du Moyen-Orient. Pour y parvenir, l'UNESCO a tenu à s'appuyer sur les habitants comme des acteurs du changement et qu'ils soient associés au processus de reconstruction de leur ville à travers trois principaux axes : le patrimoine, l'éducation et la vie culturelle. Les Emirats arabes unis ont été le premier partenaire à rejoindre cette initiative de l'UNESCO visant à restaurer et à reconstruire des sites historiques de Mossoul, notamment la mosquée Al-Nouri et le minaret Al-Hadba. Le projet a ensuite été étendu aux églises Al-Saa'a et Al-Tahera. L'Union européenne s'est également associée à l'UNESCO pour reconstruire 122 maisons historiques. Cette semaine, le Sous-Directeur général de l'UNESCO pour la culture, Ernesto Ottone Ramírez, s'est rendu dans la vieille ville de Mossoul pour constater sur place les progrès accomplis. « Je suis très heureux de voir de nombreux jeunes contribuer à la reconstruction de leur ville. Grâce aux très bons résultats des travaux préparatoires que j'ai constatés lors de ma visite, nous pouvons annoncer une excellente nouvelle : la reconstruction du minaret Al-Hadba et des églises Al-Saa'a et Al-Tahera menée par l'UNESCO commencera en mars. Et, Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO, se rendra spécialement à Mossoul pour donner le coup d'envoi de ces travaux », a déclaré Ernesto Ottone Ramírez. « Nous exprimons notre gratitude à l'équipe qui a travaillé sans relâche pour mener à bien ce projet. Les découvertes archéologiques faites sous la mosquée Al-Nouri constituent une contribution précieuse à notre compréhension de ce monument historique. Des consultations sont en cours pour finaliser la conception de la mosquée, en y intégrant ces précieuses découvertes. Nous attendons avec impatience le début des travaux de reconstruction », a déclaré la ministre émiratie de la Culture et du Développement du savoir, Noura Al Kaabi. « Les progrès réalisés dans le cadre de ce projet renforcent la détermination de la communauté et contribuent à soutenir l'économie locale en inspirant la confiance et en incitant les Irakiens à reconstruire leurs trésors historiques », a-t-elle ajouté. En mars, la Directrice générale de l'UNESCO inaugurera également des dizaines de maisons historiques, dont la reconstruction est presque achevée. La réhabilitation de ces monuments emblématiques de la ville de Mossoul a débuté à l'automne 2018 par la phase de préparation de la reconstruction. Après l'opération de déminage des quatre sites fortement endommagés par des objets piégés, des matières dangereuses et des munitions non explosées, le processus de déblaiement a commencé. Il ne consistait pas uniquement à enlever des débris : au milieu des décombres se trouvaient des éléments à valeur patrimoniale susceptibles d'être réutilisés pendant la phase de reconstruction. Le tri de ces fragments de valeur, qui devaient être séparés du reste des décombres, a été effectué sous la direction d'experts internationaux et d'étudiants en archéologie de l'université de Mossoul. Ces éléments structurels ont été stockés dans un entrepôt sécurisé avant d'être restaurés par des étudiants qualifiés issus des départements d'archéologie, d'architecture et d'ingénierie de l'université de Mossoul. Des recherches et études documentées sur les structures ont également été menées par des experts sur place afin de planifier la reconstruction et la restauration des quatre monuments. En parallèle, les quatre sites ont tous été sécurisés, stabilisés et préparés pour le chantier de construction. Concernant la mosquée Al-Nouri, l'UNESCO a lancé, en novembre 2020, un concours international d'architecture pour sa reconstruction. Les lauréats du concours, une équipe égyptienne, finalisent actuellement la conception détaillée de la mosquée, qui devrait être achevée en avril 2022. Au-delà de la réhabilitation des monuments architecturaux, l'initiative prévoit une formation pratique pour les jeunes professionnels, le renforcement des capacités des artisans, des créations d'emplois et un enseignement technique et professionnel qui sera mis en œuvre en partenariat avec le Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM). Le Sous-Directeur général pour la culture de l'UNESCO a également visité les sites de fouilles archéologiques menées par le ministère de la Culture irakien et son Conseil d'Etat des antiquités et du patrimoine. Situées sous la salle de prière Al-Nouri, ces fouilles ont pu être réalisées grâce à la phase de préparation de la reconstruction coordonnée par l'UNESCO. Cette découverte comprend quatre salles, datant de la période Atabeg, probablement utilisées pour les ablutions. Cette hypothèse est basée sur la mise au jour d'une série de bassins et canaux de drainage accolés aux murs latéraux des pièces. La datation des salles a été possible grâce à la découverte de pièces de monnaie datant de cette époque. D'autres artefacts de différentes époques tels que des jarres, des fragments de poterie et des morceaux de pierre sculptée ont également été trouvés. »Cette découverte apporte un message d'espoir aux habitants de Mossoul, d'Irak et du monde entier. Elle met en lumière l'histoire profonde de ce pays ; elle ouvre de nouvelles possibilités d'apprendre et de découvrir le riche patrimoine de l'Irak », a déclaré Ernesto Ottone Ramírez.