Le président Sergio Mattarella qui avait déclaré, à maintes reprises, ne point vouloir postuler pour un second mandat a été mis au-devant de la nécessité de changer d'avis quand 759 grands électeurs italiens sur les 1.009 sénateurs, députés et responsables régionaux ont voté pour sa reconduction après s'être trouvés dans l'incapacité de lui trouver un successeur après six jours de débats puisqu'à chaque scrutin, les consignes de votes des états-majors politiques italiens oscillaient entre le vote blanc et l'abstention. Ainsi, bien que tous les partis politiques représentés au sein du Parlement italien – à l'exception de «Fratelli d'Italia», extrême-droite – fassent partie de la coalition soutenant le gouvernement de Mario Draghi, ceux-ci ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur l'identité de leur prochain président. Or, bien qu'il n'ait recueilli que 16 voix au premier tour, le président Mattarella avait fini par flirter avec 400 suffrages au septième tour et à se rapprocher, ainsi, et sans le moindre effort pourrait-on dire, des 505 voix requises pour être élu. C'est alors que la solution de la continuité avait fini par s'imposer d'elle-même et que, pour sortir de l'impasse, les leaders des partis politiques se sont trouvés contraints de demander au président de faire « un acte de générosité ». Face donc à l'impasse totale dans laquelle s'est trouvé le pays du fait de l'absence de tout dialogue constructif entre les états-majors politiques, le président de la république, nonobstant son refus initial de briguer un second mandat, a finalement consenti à faire ce « sacrifice » au nom de l'intérêt national. «Nous demandons à Mattarella de rester, pour continuer avec la même équipe, avec Draghi» à la tête du gouvernement, a déclaré, samedi, Matteo Salvini, le chef de « La Liga », (extrême-droite), après l'échec de la candidate qu'il avait présentée la veille et qui n'est autre qu'Elisabetta Casellati, l'actuelle présidente du Sénat soutenue par la Liga, par Forza Italia de Silvio Berlusconi et même par Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni. Silvio Berlusconi, qui s'était, également, porté candidat mais qui a échoué, avait lui-même fini par déclarer que son parti était prêt à voter pour Sergio Mattarella en étant persuadé que dans la mesure où le « sacrifice » demandé au président de la république va dans le sens de «l'intérêt du pays», celui-ci ne saurait s'y dérober. C'est donc en prenant «acte de la situation» et de l'incapacité des grands électeurs à se mettre d'accord sur l'identité du treizième président de la république, que Sergio Mattarella a réservé une suite favorable au souhait de la classe politique italienne et accepté de rempiler pour un second mandat. Or, même si, en Italie, la fonction présidentielle reste purement protocolaire, le chef de l'Etat a un rôle très important en cas de crise dans la mesure où le paysage politique est très morcelé car il dispose du droit de dissoudre le Parlement, de celui de nommer le Premier ministre et même de celui de refuser d'accorder le mandat de gouverner à des coalitions s'il venait à les juger très fragiles. Pour toutes ces raisons et, surtout, pour avoir accepté de reprendre le bâton de président afin d'épargner au pays une crise politique certaine, la cheffe de la diplomatie italienne, Mariastella Gelmini, a déclaré que «la volonté du président Sergio Mattarella d'effectuer un second mandat, à la demande de l'écrasante majorité des partis politiques, démontre son sens des responsabilités et son attachement au pays et à ses institutions». Mais, s'il est clair, enfin, qu'en acceptant de se sacrifier sur l'autel de l'intérêt général, le président Mattarella a fait montre du même sens du devoir que celui dont avait fait preuve Giorgio Napolitano, en 2013, lorsque l'Italie était sur le point de sombrer dans une profonde crise politique, rien n'est encore acquis à l'heure qu'il est, alors, attendons pour voir...