Nabil EL BOUSAADI Douchambé, la capitale du Tadjikistan, a accueilli, vendredi dernier, le 21ème sommet de l'alliance politique, économique et sécuritaire eurasienne dite « Organisation de Coopération de Shanghai » créée à l'effet d'élargir la coopération, de coordonner les positions en matière de politique étrangère et de renforcer l'unité interne et la confiance mutuelle entre les Etats membres. L'OCS regroupe la Russie, l'Inde, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Pakistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan alors que l'Afghanistan, la Biélorussie et la Mongolie y disposent d'un statut d'observateur et que la Turquie, l'Azerbaidjan, l'Arménie, le Cambodge, le Népal et le Sri Lanka y sont considérés comme « partenaires ». La nouveauté qu'a connu ce dernier sommet c'est que l'Iran a officiellement rejoint l'OCS et que, pour sa première visite à l'étranger, le nouveau président iranien Ebrahim Raïssi a assisté au sommet de Douchambé en étant accompagné d'une importante délégation de haut niveau et remercié, dans son intervention devant les participants, tous les dirigeants des Etats-membres de l'OCS pour avoir bien voulu répondre favorablement à la demande d'adhésion de l'Iran. Pour rappel, la République islamique iranienne, soutenue par la Russie, avait, dès 2008, demandé à rejoindre l'OCS mais sa candidature avait été bloquée, à l'époque, car plusieurs pays de l'alliance ne voulaient pas avoir, dans leurs rangs, un pays sanctionné aussi bien par les Nations-Unis que par Washington à cause de son programme nucléaire. Face aux sanctions américaines, le Guide suprême iranien Ali Khamenei et les conservateurs, qui détiennent, désormais, tous les leviers du pouvoir, ont toujours appelé à un renforcement des liens politiques, économiques et militaires avec les asiatiques notamment la Chine, l'Inde et la Russie. Aussi, en rappelant dans son allocution que la politique de son pays est basée sur « l'opposition unilatéraliste », le président iranien a émis le souhait de voir l'OCS poursuivre sa croissance de manière à acquérir « une position régionale et internationale de premier plan » et devenir « une force motrice du pluralisme mondial ». L'adhésion de l'Iran à l'OCS a été saluée aussi bien par le président chinois Xi Jinping lors du discours qu'il a fait, en visio-conférence, depuis la Chine que par le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre indien Narendra Modi qui participaient virtuellement au sommet de Douchambé et par le Premier ministre Imran Khan, qui y a participé de manière physique. S'agissant de la Chine, il y a lieu de rappeler que cette dernière est déjà le premier partenaire économique de l'Iran dès lors que Pékin et Téhéran ont signé un accord de coopération stratégique de 25 ans pour des investissements chinois dans les secteurs énergétique et automobile alors qu'avec la Russie, un accord similaire est en cours de finalisation et sera, incessamment, signé par les deux pays. Bien décidé à se tourner vers l'Est pour contrer « l'unilatéralisme » de l'Occident, l'Iran ne pouvait que crier victoire. Aussi, dès son retour de Douchambé, le président Ebrahim Raïssi s'est félicité du « succès stratégique et diplomatique » que constitue l'adhésion de l'Iran à l'OCS. Les journaux conservateurs iraniens ont, également, accueilli, avec joie, l'intégration de l'Iran à l'OCS qui, pour le quotidien ultra-conservateur « Kayhan », va permettre au régime de Téhéran de contourner les sanctions américaines et occidentales et qui, pour le journal « Aftab », va renforcer le regard de la République islamique vers l'Asie. L'adhésion de l'Iran à l'Organisation de Coopération de Shangai va-t-elle réellement permettre au régime des Mollahs d'esquiver les sanctions américaines, voire même de les rendre caduques ?