Nabil EL BOUSAADI Désireux d'avancer vers davantage de cohésion politique, économique et culturelle dans leur région, les représentants de plus de 30 pays se sont rencontrés, ce samedi 18 septembre, à Mexico, dans le cadre du 6ème sommet de la Communauté d'Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC). Aussi, en prenant la parole à l'ouverture du sommet, le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador, plus communément appelé AMLO et soucieux de renforcer son leadership dans la région, a ouvertement affiché ses ambitions et son intention de marginaliser l'Organisation des Etats Américains (OEA) et d'accorder plus de poids à la CELAC au détriment de cette dernière qui est sous l'emprise de Washington. Il suggère, en conséquence, la promotion d'un instrument d'intégration régionale émancipé qui soit doté d'une réelle autonomie par rapport à Washington et « qui ne soit le laquais de personne ». En abondant dans le même sens, le président bolivien n'y est pas allé avec le dos de la cuillère lorsqu'il a déclaré que l'OEA est « obsolète et inefficace » et qu'elle « ne répond pas aux principes du multilatéralisme et aux besoins » des Etats-membres. En considérant, en outre, que par son « ingérence » cette organisation qui « ne contribue pas à la résolution pacifique des controverses » et qui « agit contre les principes de la démocratie » a perdu de sa légitimité dès l'instant où elle avait commencé à s'ingérer dans les démocraties latino-américaines, le président Arce a appelé, de son côté, à la construction conjointe « d'un monde intégré et équitable basé sur la diplomatie pour la vie, la paix, les droits de l'Homme et les droits de notre mère la Terre ». Et si, par ailleurs, l'arrivée à Mexico du président chaviste Nicolas Maduro – ennemi juré de Washington – quatre heures après que Delcy Rodriguez, la vice-présidente du Venezuela ait annoncé qu'elle était au Mexique pour représenter son pays au sommet de la CELAC fut une surprise, l'accueil « en grandes pompes » que le président mexicain avait réservé la veille au président cubain Miguel Diaz-Canel, invité d'honneur des festivités patriotiques mexicaines du 16 septembre fut une grande première dès lors qu'il donna, au président mexicain, l'occasion d'appeler son homologue américain Joe Biden, à « lever l'embargo contre Cuba car aucun pays n'a le droit de soumettre un autre pays ». Autant dire que l'offensive diplomatique menée par le président mexicain à l'occasion de ce 6ème sommet de la Communauté d'Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) est de taille car après avoir ouvertement désavoué l'OEA, dont le siège est à Washington, au nom de la « défense de la souveraineté des nations et de l'équité entre elles » face à l'interventionnisme américain, le voilà qui bouscule sans ménagement la nouvelle administration américaine en réclamant ouvertement la levée de l'embargo que les Etats-Unis imposent à Cuba depuis six décennies. Enfin, s'il est vrai que le fait d'accorder la prééminence à la CELAC au détriment de l'Organisation des Etats Américains va, incontestablement, changer la carte géopolitique du continent, il n'en demeure pas moins vrai que cette initiative reste, tout de même, très hasardeuse et risquée pour le Mexique qui est fortement dépendant du voisin américain mais attendons pour voir...