Emmanuel Macron réunit mercredi les principaux acteurs de la communauté internationale, un an jour pour jour après l'explosion du port de Beyrouth, pour apporter une nouvelle aide d'urgence aux Libanais et faire pression sur la classe politique responsable de la paralysie du pays, alors qu'il est englué dans la pire crise économique de son histoire. « Un an après le drame, le Liban peut continuer à compter sur la solidarité de la France », a twitté le président français, fortement impliqué pour tenter de sortir le Liban de l'ornière. Emmanuel Macron présidera à partir de 12H00 heure de Paris, avec la vice-Secrétaire générale de l'ONU Amina Mohammed, la troisième conférence internationale de « soutien à la population libanaise ». Celle-ci va réunir les représentants d'une quarantaine d'Etats et d'organisations internationales, en distantiel. Le président américain Joe Biden s'exprimera via un message enregistré. Son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le roi de Jordanie Abdallah II et le chef de l'Etat libanais Michel Aoun y participeront. De même que les Premiers ministres irakien, canadien, grec, la directrice générale du FMI et celui de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le président du Conseil européen Charles Michel, les ministres des Affaires étrangères d'une dizaine de pays européens et des représentants du Qatar, de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. Emmanuel Macron ouvrira les discussions depuis le Fort de Brégançon, la résidence d'été des présidents français, dans le Var. La conférence vise à répondre aux « nouveaux besoins » d'urgence de la population, estimés à 350 millions de dollars par les Nations unies, dans les domaines alimentaire, de la santé, de l'éducation et de l'assainissement de l'eau, explique-t-on à l'Elysée. Une aide de 280 millions d'euros a déjà été mobilisée lors des deux premières conférences internationales organisées par la France, ex-puissance mandataire, après la tragédie du port en 2020. Le pays est à genoux, un an après l'explosion – classée parmi les plus grandes déflagrations non nucléaires – qui a tué plus de 200 personnes, défiguré une partie de la capitale et traumatisé les Libanais. Il fait face à une triple crise politique, économique – l'une des pires à l'échelle mondiale depuis 1850, selon la Banque Mondiale, avec des pénuries de carburant, médicaments et des coupures d'électricité jusqu'à 22 heures par jour- et sanitaire liée au Covid-19. L'aide structurelle nécessaire à la sortie de crise reste subordonnée à la formation d'un gouvernement et à la mise en oeuvre de réformes, que la communauté internationale réclame en vain depuis des mois. Le pays est sans gouvernement depuis la démission de Hassan Diab et de son équipe au lendemain de l'explosion. Les dirigeants libanais, enfermés dans d'interminables marchandages clientélistes, sont restés depuis sourds à toutes les menaces de sanctions, notamment de Paris. Le nouveau Premier ministre désigné le 26 juillet, Najib Mikati, a promis de former sans délai un gouvernement. Mais pour l'heure rien ne bouge. Les participations à la conférence vont donc une nouvelle fois faire passer un « message très clair » : soit la classe politique agit, soit elle encourra des sanctions. Paris a déjà restreint l'accès au territoire français de plusieurs personnalités libanaises, sans toutefois dévoiler lesquelles. « C'est une première étape, ceux qui sont visés le savent et la pression va continuer à monter », assure la présidence française. L'Union européenne s'est dite prête vendredi à prendre des mesures ciblées contre les responsables du blocage politique. La France et les Etats-Unis promettent aussi de « faire pression » ensemble. « S'ils le veulent, ils peuvent le faire », insiste Paris. L'absence de progrès dans la formation d'un gouvernement et dans la mise en oeuvre de « réformes urgentes » est « irresponsable compte tenu de la détérioration dramatique de la situation économique », martèle le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.