Des Etats-Unis à la France en passant par la Chine, la Russie et l'Egypte, les donateurs internationaux se réunissent dimanche pour une visioconférence de soutien au Liban, meurtri par une gigantesque explosion et la crise économique. La conférence en ligne, organisée à l'initiative de la France et de l'ONU, commence dimanche à 14H00 (12H00 GMT). Elle doit marquer le début d'une « démarche d'urgence et d'espoir pour l'avenir » du pays, a indiqué samedi la présidence française. Premier dirigeant à se rendre dans la capitale libanaise après l'explosion meurtrière, le président français Emmanuel Macron a promis jeudi à Beyrouth une aide rapide et massive de la communauté internationale. L'énorme déflagration mardi, dans un entrepôt du port de la capitale libanaise, a fait au moins 158 morts, 6.000 blessés, des dizaines de disparus et des centaines de milliers de sans-abris. « Tout le monde veut aider » Le président américain Donald Trump a annoncé qu'il participerait à cette réunion: « nous ferons une visioconférence dimanche avec le président Macron, les dirigeants du Liban et des dirigeants d'autres endroits dans le monde », a-t-il tweeté samedi. « Tout le monde veut aider! » a-t-il ajouté, mentionnant avoir parlé avec le président français. Israël ne sera « pas dans le tour de table » de cette conférence, a-t-on précisé à l'Élysée, mais un contact est « pris par l'ONU ». Pour sa part, l'Iran n'a « pas manifesté sa volonté de participer », mais « les pays du Golfe – Koweït, Qatar, Émirats arabes unis, Arabie saoudite – ont été invités », a ajouté l'Élysée précisant n'avoir « aucun doute qu'ils seront représentés ». Les institutions européennes participeront aussi à cette conférence pour mobiliser une aide humanitaire d'urgence. Si l'ONU a évalué à 85 millions de dollars les besoins du Liban pour le seul secteur de la santé, l'entourage du président français n'a pas voulu donner le montant de l'aide qui pourrait être dégagée dimanche. « L'objectif immédiat est de pourvoir aux besoins d'urgence du Liban, à des conditions qui permettent que l'aide aille directement à la population », a expliqué l'Élysée. Les priorités visent « la consolidation des bâtiments endommagés, l'aide médicale d'urgence, l'aide alimentaire et le restauration des hôpitaux et écoles ». « La méthodologie est celle que les organisations internationales utilisent, il y a une nécessité qu'on ne fasse pas de chèque en blanc au gouvernement libanais », a poursuivi cette même source. Catastrophe de trop La dévastation provoquée par l'explosion, apparemment causée par le stockage de milliers de tonnes de nitrate d'ammonium dans un dépôt du port de Beyrouth, est la catastrophe de trop pour les Libanais. Le Liban est plongé depuis des mois dans une très grave crise économique, marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques. Samedi, des milliers de protestataires ont défilé dans le centre-ville de Beyrouth. Menés par des officiers à la retraite, des manifestants ont pris d'assaut le siège du ministère des Affaires étrangères, le proclamant « quartier général de la Révolution ». Pour la présidence française, les manifestations « témoignent de l'exaspération, de la détresse de la population, du besoin que les choses changent ». « Le Liban est en train de sombrer, nous pensons qu'il a touché le fond, et donc c'est le moment de remonter à la surface », a encore commenté l'entourage d'Emmanuel Macron, rappelant que le président français a promis, lors de sa visite, jeudi, que l'aide n'irait pas à « la corruption ». Le président libanais, Michel Aoun, a rejeté vendredi toute enquête internationale sur la gigantesque explosion, affirmant qu'elle pourrait avoir été causée par la négligence ou par un missile. Paris en revanche a estimé qu'il y avait « suffisamment d'éléments objectifs pour penser que l'explosion est accidentelle ». Alors que dans la capitale libanaise, les secouristes s'activaient toujours pour retrouver des survivants, l'aide internationale continue d'affluer. Dès l'annonce de l'explosion, plusieurs pays, en premier lieu la France, ont envoyé personnel de secours et aide matérielle. L'Egypte et le Qatar vont ouvrir des hôpitaux de campagne et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Dernières initiatives en date, le gouvernement canadien a annoncé samedi le lancement d'un fonds de secours pour le Liban et appelé les Canadiens à la générosité. La France a mis en place un pont aérien et maritime afin d'acheminer plus de 18 tonnes d'aide médicale et près de 700 tonnes d'aide alimentaire. Un avion cargo est parti samedi, deux autres étaient en route dimanche.