C'est une véritable diatribe à laquelle s'est livré le Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole, en retenant dix charges contre le gouvernement pour avoir failli à ses responsabilités, apprend-t-on dans un communiqué rendu public, titré «J'accuse...». Un gouvernement qui a du coton dans les oreilles, inactif, voire hermétique aux appels incessants pour la reprise des activités de la Société Samir qui se trouve en état d'arrêt il y a plus de 5 ans. En fait, l'Exécutif, en se cantonnant dans sa tour d'ivoire, a coupé les ponts avec les représentants de la nation après avoir rejeté deux propositions de lois relatives au transfert des actifs de la société à l'Etat ou encore la régulation des prix des hydrocarbures. Il faut dire que cette décision semblable à un non incarne une fuite en avant dont la visée consiste vraisemblablement à se départir de ses attributions. D'ailleurs, ce rejet a été considéré par les différentes composantes du Front national comme la goutte d'eau qui fait déborder la vase, le contraignant à dégainer son arme en dénonçant vertement la myopie du gouvernement et son incapacité à couvrir les enjeux du dossier de la crise de la Samir. Cela étant, le gouvernement a préféré inscrire son action dans une logique de « je-m'en-foutisme », en refusant toute coopération, laissant le Tribunal de Commerce de Casablanca faire face à son destin pour faire aboutir ce dossier compliqué, en le plaçant dans une situation qui n'est pas du tout enviable, vu son incapacité à donner les réponses et clarifications nécessaires aux investisseurs faute d'une vision stratégique de l'Etat relative au secteur de l'énergie fossile. Cette instance composée de plusieurs formations politiques et organisations de la société civile accuse le gouvernement d'avoir adopté une posture négative en empêchant la tenue d'un débat national transparent et constructif au sein de l'hémicycle et a, par conséquent, privé l'opinion publique de l'accès à l'information, souligne le communiqué. Il s'agit, de fait, d'une atteinte grave au processus de la construction démocratie voire un dénie total des principes démocratiques et une violation de l'esprit de la Constitution du royaume, lit-on en substance dans le document. Le Front national accuse également l'Exécutif d'avoir induit l'opinion publique en erreur à travers des déclarations trompeuses émanant du chef de département de tutelle, acculant les investisseurs à changer d'avis après avoir manifesté leur intérêt pour l'acquisition de l'entreprise dans le cadre de la procédure de la liquidation judicaire. Abondant dans le même ordre d'idées, le document inculpe le gouvernement de Saad Eddine El Otmani d'inefficacité en faisant preuve d'inaction depuis la réalisation du contrat de location des bacs de stockage de la Samir il y a plusieurs mois. Il faut dire que la non concrétisation du contrat a privé la caisse de l'Etat des milliards de DH, du renforcement des réserves de change mais aussi la préservation du pouvoir d'achat des citoyens. L'erreur fatale... Autre point non moins important soulevé par le Front national, celui montré par le gouvernement s'agissant de son incapacité flagrante pour ne pas avoir corrigé une erreur fatal commise par le gouvernement Benkirane qui a procédé à la libéralisation du secteur des hydrocarbures en l'absence des conditions optimales pour mener à bien cette opération, notamment une unité de raffinage permettant de garantir les équilibres et un conseil de concurrence qui s'érige en tant que garant des conditions de la concurrence. Surtout en ce qui concerne la fixation des prix qui devrait être faite de manière libre, transparente et équitable. Toujours selon la même source, l'incapacité du gouvernement se résume également dans son inaptitude à faire face aux distributeurs importateurs qui ont réalisé des profits immoraux dépassant les 37 milliards de DH. Pour le Front national, le gouvernement a signé l'arrêt de mort de la Samir en voulant considérer la liquidation comme un fait accompli et définitif. D'ailleurs, il soulève les doutes grandissants sur d'éventuels conflits d'intérêts au sein de l'équipe gouvernementale et sans que cette dernière ne prenne le soin d'élaborer une législation ad hoc permettant une prévention efficace pour éviter un tel cas de figure. Une législation devant, en principe, clarifier de manière catégorique les cas d'incompatibilité entre l'exercice de la chose publique et le monde des business. Plus grave encore, le Front accuse le gouvernement d'avoir fait des choix malencontreux relatifs aux nominations au sein du Conseil de la concurrence et qui ont eu comme effets pervers la création d'un dysfonctionnement interne, qui a impacté son travail lors du traitement de la plainte faisant état des suspicions d'alliances illicites entre les distributeurs visant à fausser le libre jeu de la concurrence. Autant dire que ces accusations fondées sur des arguments apodictiques suscitent des doutes sur les politiques du gouvernement, qui a apparemment choisi de s'aligner sur les intérêts du lobby des hydrocarbures tout en sacrifiant les intérêts vitaux de la nation. Khalid Darfaf