Alors qu'une lassitude générale commence à se faire sentir en Europe face à une pandémie de Covid-19 qui ne faiblit pas et des restrictions qui durent depuis des mois, tous les espoirs sont placés dans les vaccins pour un retour rapide à la normale. Mais avec le rythme actuel des campagnes de vaccination, l'objectif d'immuniser 70% de la population adulte de l'UE d'ici l'été paraît de plus en plus difficile. Avec un taux d'à peine 3% de la population ayant reçu une première dose du vaccin, l'UE est sous le feu des critiques pour sa lenteur en comparaison avec des pays comme le Royaume-Uni où plus de 17% de la population a été déjà vaccinée. De surcroît, face à la propagation exponentielle des variants du virus en Europe, les appels à accélérer la vaccination deviennent de plus en plus insistants pour rattraper le retard accusé. C'est le cas, entre autres, du directeur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en Europe, Hans Kluge, qui a insisté sur la nécessité pour l'Europe d'accélérer sa campagne de vaccination contre le Covid-19. « Nous devons unir nos forces pour accélérer la vaccination », a-t-il souligné. L'UE est donc appelée à mettre le turbo dans un contexte où la pénurie de vaccins, les problèmes d'approvisionnement et les tensions avec les laboratoires ne sont pas sans rappeler le fiasco des masques et des gels hydroalcooliques au début de la pandémie. Voulant faire oublier ces moments sombres pour l'Europe où le chacun pour soi a pris le dessus sur la solidarité européenne, la Commission européenne a pensé bien faire en s'occupant des contrats d'achat anticipés avec les firmes pharmaceutiques, mais en optant pour cette démarche, Bruxelles a pris un sérieux retard dans la certification des vaccins. Outre ce retard, plusieurs Etats membres reprochent à la Commission d'avoir acheté des vaccins en faible quantité et l'annonce par les laboratoires de livraisons moindres que prévu a encore attisé la polémique. Balayant d'un revers de la main ces critiques, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a multiplié les sorties médiatiques ces derniers jours, pour justifier les choix de l'UE en matière de vaccination. Lors d'entretiens avec des médias européens la semaine dernière Mme von der Leyen a affirmé que même si « l'Europe est partie plus tard » que d'autres pays, c'était la meilleure décision face aux enjeux d'une vaccination de masse. « La Commission et les Etats membres étaient d'accord pour ne pas transiger avec les exigences de sécurité et d'efficacité qui sont liées à l'autorisation d'un vaccin », a expliqué la présidente de l'exécutif européen pour justifier le retard pris par l'UE dans les procédures d'autorisation de mise sur le marché des vaccins. S'agissant des difficultés dans l'approvisionnement en vaccins en Europe, Mme von der Leyen les a imputées au fait qu'il y a « une pénurie mondiale de composants importants qui entrent dans la fabrication des vaccins ». Reconnaissant que les grandes attentes des Européens d'en finir le plus vite possible avec la pandémie se sont heurtées à ces problèmes « douloureux », elle a réitéré que l'UE a pris les bonnes décisions au sujet de sa stratégie vaccinale. Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel n'ont pas tardé à apporter leur soutien à la cheffe de la Commission européenne, exprimant leur appui total à l'approche de l'UE. La décision de faire des commandes communes de vaccins était et reste « la bonne », a affirmé Angela Merkel, tandis qu'Emmanuel Macron a estimé qu'une compétition entre les Etats membres pour acquérir les vaccins aurait été « contre-productive ». Il n'en reste pas moins que la stratégie de vaccination de l'UE fait grincer des dents. Le Parlement européen réclame plus de transparence sur le déploiement des vaccins afin de répondre aux préoccupations croissantes des citoyens européens et d'éviter la désinformation. Il exige de même la publication des données exhaustives sur la quantité de vaccins allouée à chaque Etat membre tous les mois et les prévisions de livraison de vaccins. La présidente de la Commission européenne devra rendre des comptes aux eurodéputés le 10 février lors d'une séance plénière du Parlement européen et les débats risquent d'être houleux tellement la colère est grande face à une campagne de vaccination qui piétine dans plusieurs pays de l'UE.