Karim Ben Amar Les pluies diluviennes survenues la deuxième semaine de janvier n'ont pas fini de jouer de mauvais tours aux couches sociales les plus défavorisées.Depuis les inondations qui ont fait de nombreux dégâts dans différentes régions du royaume, chaque jour réserve son lot de surprise. Ce mercredi 27 janvier, c'est dans l'ancienne Médina de Casablanca, et plus précisément à «Derb Jrane» que le drame s'est produit. En début de matinée, pas moins de trois anciennes bâtisses se sont littéralement effondrées. Au moment où nous mettions cette édition sous presse, une personne est encore bloquée sous les décombres. D'autres avec l'aide des autorités, en l'occurrence les services de police, les forces auxiliaires et sapeurs-pompiers, ont pu être extraits sains et saufs. Pour les habitants du quartier, il n'y a pas mille explications à cela : la surpopulation de ces vieilles bâtisses, le manque d'entretien, en plus de la météo peu clémente qui a sérieusement endommagé les maisons. D'après les riverains, tous ces éléments constituent un mélange explosif qui ont conduit à l'effondrement d'habitations. Tour d'horizon peu reluisant. On a tendance à se plaindre de l'état de nos appartements ou maison en saison de pluies. Pour raisons de fuites ou autres, les pluies diluviennes mettent à la lumière du jour les défauts de construction, et cela même dans les quartiers «huppés» de la capitale économique du Royaume. Dans les quartiers populaires, ce n'est pas de fuite d'eau que l'on se plaint, mais plutôt d'effondrements et d'expulsions pour cause d'insalubrité. C'est ce qui pend au nez des habitants de l'ancienne Médina. Très tôt dans la matinée du mercredi 27 janvier, trois maisons se sont effondrées à la suite des pluies torrentielles qui se sont abattues sur plusieurs régions du pays. Aux alentours de 7H du matin, à «Derb Jrane», dans la rue 21, le pire s'est produit. Les riverains rapportent qu'un bruit assourdissant a réveillé tout le quartier. Certains ont cru à l'explosion d'une bonbonne de gaz, d'autre ont directement fait le lien avec les bâtisses qui se sont effondré à Derb Moulay Chérif dans le quartier de Hay Mohammadi. Les habitants du quartier sont unanimes. La surpopulation en plus de la vétusté des vielles demeures constitue un mélange explosif, qui met en danger tous les habitants du quartier. À cet effet, Mina, la soixantaine révolue affirme à l'équipe d'Al Bayane que «chaque maison en mauvais état met en danger toutes les bâtisses avoisinantes. Si elle tombe, elle entraine avec elle plusieurs autres maisons, c'est ce qu'il s'est passé aujourd'hui à Derb Jrane». «En plus de ce stress permanent que nous vivons à chaque hiver, à chaque pluie, nous ne recevons aucune aide et les responsables ne nous proposent aucune solution. De ce fait, nous n'avons aucune alternative et donc pas où aller», déclare-t-elle le cœur serré. Quant aux exigences, cette dame au même titre que d'autres habitants du quartier ont interpelé le ministère de l'Habitat en affirmant que le département ne fait rien pour les Marocains ayant des problèmes de logements. « Le b.a-ba de la dignité humaine est de se loger décemment, or l'une des plus grandes lacunes de notre pays et l'habitat insalubre», ajoute-elle, quelques instants avant de s'évanouir. Les maisons à risque avec ordre de démolition représentent littéralement une bombe à retardement. Les riverains assurent vivre dans une peur perpétuelle. Redouane, un père de famille ne dépassant pas la cinquantaine atteste qu'aucun propriétaire (marchand de sommeil) n'acceptera de louer à une famille nombreuse en assurant qu'une chambre dans l'ancienne Médina se loue aux alentours de 1200Dhs. «Ils préfèrent louer à plusieurs personnes ainsi, ils gagnent plus d'argent. Et d'ajouter «Ces propriétaires louent des chambres très insalubres (humidité... etc) en exigeant un contrat et une avance équivalent à deux mois de loyer, autrement dit ils réclament une fortune». «Et dire que l'arrondissement de Sidi Belyout est l'une des plus riches du pays alors que ses administrés vivent dans la misère», a-t-il conclu.