Par Maha Rachid (MAP) Le Maroc promeut depuis plusieurs années, la coopération Sud-Sud dans plusieurs domaines d'activités, notamment l'enseignement supérieur et la recherche scientifique. Cependant, la crise pandémique n'a nullement épargné la coopération éducative internationale et les échanges universitaires, puisqu'une baisse des inscriptions des étudiants étrangers fut constatée lors de cette rentrée universitaire. Le Maroc, dans sa vision d'ouverture sur le monde et plus particulièrement sur le continent africain, a déployé plusieurs moyens pour promouvoir les échanges universitaires et la coopération Sud-Sud dans le domaine de l'éducation et de la recherche scientifique. Plusieurs étudiants étrangers voient en le Maroc un modèle de développement dans le secteur de l'enseignement supérieur et aspirent à décrocher un diplôme dans l'une de ses universités publiques ou privées. De plus, le Royaume offre plusieurs avantages attrayants aux étudiants subsahariens, notamment des bourses, un enseignement de qualité, des formations diversifiées ou encore une proximité géographique. Selon les derniers chiffres de la direction des stratégies et des systèmes d'information du ministère de l'éducation nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique – département de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, au titre de l'année universitaire 2019-2020, quelque 13.060 étudiants étrangers poursuivraient leurs études supérieures dans les différents établissements marocains, contre 11.801 au titre de l'année 2018-2019 et 11.439 pour l'année 2017-2018. Or, la crise qu'a engendré la Covid-19 n'a épargné aucun secteur. Plusieurs étudiants étrangers ont dû reporter leur rêve à l'horizon d'un avenir post-pandémie et se voient en suspens pour cause de restrictions au niveau de la circulation de personnes et la fermeture des frontières de plusieurs Etats du monde. Approché par la MAP, le Directeur de la Coopération et du Partenariat au ministère de l'éducation nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique – Département de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Anas Bennani, a relevé qu'à chaque nouvelle année universitaire, le Maroc reçoit plus de 6.000 demandes d'inscription, dont plus que 80% émanant des pays de l'Afrique subsaharienne. «Concernant l'année universitaire 2020-2021, la mobilité estudiantine au niveau mondial a été lourdement impactée par les conséquences de la pandémie de la Covid-19 et notre pays n'en fait pas exception», a confié M. Bennani, relevant que la fermeture des espaces nationaux des pays et les mesures sanitaires préventives prises pour limiter la propagation du virus ont généralement conduit les étudiants de par le monde, à revoir leurs priorités et à reprogrammer ou à reporter leurs projets d'études à l'étranger. Cependant, poursuit le responsable, le Royaume, fidèle à son engagement solidaire et infaillible pour la coopération Sud-Sud, a décidé d'assurer la continuité des programmes d'accueil au profit des étudiants internationaux en adoptant une approche articulée autour des deux axes à savoir: l'encouragement des étudiants étrangers lauréats de l'enseignement supérieur marocain et résidant actuellement au Maroc à postuler aux cycles d'études supérieurs à ceux pour lesquels ils étaient initialement proposés par leurs pays d'origine ainsi que l'admission de nouveaux étudiants étrangers dans des filières d'études accessibles en mode d'enseignement à distance, dans l'attente de l'amélioration de la situation épidémiologique. S'agissant de la prochaine rentrée universitaire, M. Bennani a exprimé la volonté du ministère à rattraper le retard enregistré au titre de cette année universitaire, notamment avec les perspectives prometteuses d'une vaccination généralisée et efficace. Sur le plan statistique et au titre de l'année universitaire 2019-2020, environ 5000 étudiants étrangers issus de 76 pays partenaires ont été inscrits dans les différents établissements supérieurs du Maroc, dont 86% sont originaires des pays d'Afrique, a précisé M. Bennani, indiquant que la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Sénégal, la Guinée-Bissau, la Palestine ou encore, le Yémen demeurent les pays qui bénéficient le plus de cette mobilité entrante. Pour sa part, Mhammed Echkoundi, spécialiste de l'Afrique et enseignant chercheur à l'Institut des études africaines de Rabat a affirmé que le continent africain est loin d'être épargné par les conséquences de cette crise sanitaire, relevant que la plupart des gouvernements africains ont pris des mesures en vue de stopper la propagation du virus. En effet, la crise sanitaire a certes perturbé de manière significative l'échange scientifique et universitaire entre les pays africains, a indiqué l'universitaire, poursuivant que la coopération universitaire Sud-Sud reprendra de plus belle une fois que le virus ne pèsera plus de menace sur la santé des étudiants étrangers. «Le Maroc est resté fidèle à son modèle de coopération Sud-Sud qui place l'être humain au centre des préoccupations et il continue à œuvrer pour partager son expérience dans plusieurs domaines avec les pays du continent», a affirmé le chercheur, notant qu'une accélération de la coopération et d'échanges d'expériences entre le Maroc et les pays du continent est prévue dans un horizon post-Covid. L'éducation, la formation et la recherche scientifique sont au cœur de ces changements, poursuit-il. Dans ce sens, M. Echkoundi a estimé que le système éducatif marocain est en plein essor, ce qui attire progressivement des étudiants en quête d'excellence et de spécialisation dans des secteurs d'avenir. Beaucoup d'étudiants sont boursiers du gouvernement marocains et sont organisés en associations, a-t-il fait savoir, ajoutant qu'une fois ces étudiants de retour à leurs pays d'origine, ils deviennent de véritables ambassadeurs du Maroc après s'être imprégnés de la Culture marocaine. «Nos enquêtes de terrain ont montré que plusieurs étudiants et étudiantes se sont mariés à des Marocaines et Marocains, ce qui ouvre la voie à un véritable métissage culturel et donne plus de contenu à la profondeur des relations entre le Maroc et les autres pays africains», a conclu l'universitaire.