Trois questions à Farid Mezouar (Directeur exécutif de flm.ma) Peut-on parler d'une résilience du secteur financier? Oui car le secteur financier marocain a démontré sa résilience face à cette crise pandémique inédite dans l'histoire moderne. Ainsi, selon le Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques, les banques ont dégagé, sur base sociale, à fin juin 2020 un ratio moyen de solvabilité de 15,5% et un ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 de 11,4%, supérieurs aux minimas réglementaires. Aussi, l'étude d'impact et l'exercice du macro stress-test conduits au 4ème trimestre 2020 continuent de faire ressortir la résilience des banques face au choc induit par la crise sanitaire. Par ailleurs, pour les assurances, le secteur continue de dégager une marge de solvabilité, en couverture du risque de souscription, largement supérieure au minimum réglementaire. Est-ce que la résilience a aussi concerné les bénéfices? Nous pouvons évoquer une forme de résilience car les bénéfices sont restés largement positifs. Ainsi, le secteur bancaire a accusé à fin juin 2020 une baisse de -47% de son résultat net. Toutefois, cette baisse résulte principalement de la montée significative du coût du risque de crédit et de la contribution au fonds Covid-19. En effet, le taux de créances en souffrance des banques à fin octobre s'est aggravé à 10,8% pour les entreprises non financières et à 9,2% pour les ménages contre respectivement 10,1% et 8% à fin 2019. Par ailleurs, le résultat net des sociétés d'assurances, a enregistré à fin juin 2020 une baisse de -25,2%, impacté essentiellement par la contre-performance des activités financières durant le premier semestre. Quelle a été l'évolution du secteur financier en Bourse? Au 31 décembre, le MASI Banques affiche une baisse annuelle de -14,5% alors que l'indice sectoriel des assurances est en hausse de 0,21%. En effet, pour les banques, les investisseurs ont été tiraillés entre la flambée du coût du risque et la résilience globale du secteur notamment au niveau des revenus. Pour les assurances, certains investisseurs semblent satisfaits de la hausse du chiffre d'affaires des assurances de 2,7% sur les dix premiers mois de 2020. De même, la sinistralité devrait, théoriquement, s'inscrire en baisse en lien notamment avec l'arrêt de l'activité économique durant la période du confinement.