Les autorités américaines font monter la pression sur Google. Une vaste coalition d'Etats a engagé, jeudi dernier, des poursuites pour pratiques anticoncurrentielles contre le géant de l'internet, qui fait déjà face à deux autres plaintes pour des motifs similaires. Selon la dernière procédure, Google utilise la position dominante de son moteur de recherche, et les données personnelles qu'il a déjà collectées, pour asseoir son emprise sur internet, freiner l'arrivée de concurrents et ainsi limiter les choix des consommateurs et des annonceurs et l'innovation. Le plainte déposée jeudi par les procureurs de 38 Etats et territoires américains va plus loin que celle du ministère de la Justice (DoJ), qui a accusé en octobre le groupe de maintenir un «monopole illégal sur la recherche en ligne et la publicité», assure un communiqué. Selon ces procureurs démocrates et républicains, Google multiplie les efforts pour maintenir son monopole. Pour Google, la plainte n'est pas fondée. Le moteur de recherche «est conçu pour fournir les résultats les plus pertinents, y compris en proposant des liens directs avec les commerçants ou les compagnies aériennes par exemple», assure le groupe sur son blog. «Il est important que les grandes entreprises soient contrôlées mais les modifications exigées par la plainte « priveraient les Américains d'informations utiles et nuiraient à la capacité des entreprises à se connecter directement avec les clients», affirme Google. Pour l'organisation CCIA, qui représente des entreprises du secteur, les changements apportés au fil des ans par Google à son moteur de recherche ont amélioré l'expérience des consommateurs. Pour les procureurs généraux, non seulement Google a conclu des contrats exclusifs pour empêcher de potentiels concurrents de développer leur propre moteur de recherche, mais il emploie les mêmes tactiques sur les nouveaux outils utilisés par les consommateurs, les enceintes intelligentes, les télévisions ou les voitures par exemple. Le groupe utilise par ailleurs son moteur de recherche publicitaire Search Ads 360 pour asseoir sa domination sur le secteur en empêchant d'autres moteurs concurrents de communiquer avec le sien. Plusieurs plateformes numériques, notamment Amazon, TripAdvisor ou Yelp, se plaignent régulièrement que Google favorise ses propres offres dans les résultats de recherche. Yelp s'est félicité jeudi de la nouvelle plainte, espérant y voir «le début d'un retour à un internet plus vivant et plus ouvert». Les procureurs réclament à la justice de restaurer un marché concurrentiel et de revenir sur tout avantage que Google aurait pu gagner grâce à ses pratiques anticoncurrentielles, y compris en forçant le groupe à se séparer de certains actifs. Pour le procureur général du Nebraska, Doug Peterson, l'assaut simultané des autorités contre Google est historique et représente la plus importante coalition dans une affaire antitrust depuis celle lancée dans les années 1990 contre Microsoft. Pour gagner devant les tribunaux, les autorités devront toutefois montrer que le groupe californien a nui aux consommateurs – alors que ses outils – courriel, cartes, services de réservations – sont en général gratuits. Un tel angle d'attaque est compliqué, ont reconnu plusieurs procureurs généraux jeudi lors d'une conférence vidéo présentant la plainte.