Quatre questions au président du groupe d'amitié interparlementaire France-Maroc à l'Assemblée nationale Le député Mustapha Laabid, Président du groupe d'amitié interparlementaire France-Maroc à l'Assemblée nationale a réagi à la décision américaine de reconnaître la pleine et entière souveraineté du Maroc sur le Sahara, estimant qu'elle est le fruit du « travail de la diplomatie marocaine qui a toujours privilégié la négociation plutôt que la rhétorique va-t'en guerre ». Dans un entretien à la MAP, il affirme qu'avec cette position claire et franche des Etats-Unis, le Maroc a marqué une avancée dans le dossier du Sahara. Il a aussi formé l'espoir que la France et l'Union européenne emboitent le pas des Américains pour clore définitivement un conflit gelé depuis plusieurs décennies. Quant à l'Algérie, il a estimé qu'elle devrait revoir sa position, au regard du chamboulement géostratégique qui est en train de s'opérer, pour permettre une pleine intégration du Maghreb dont les retombées économiques ne pourraient qu'être bénéfiques pour le Maghreb, l'Afrique et le pourtour méditerranéen. Q: Quelle est votre réaction suite à la décision récente des Etats-Unis de reconnaitre la pleine souveraineté du Maroc sur le Sahara? R: En tant que député, en tant que Président du groupe d'amitié interparlementaire France-Maroc à l'Assemblée nationale j'ai toujours salué le travail de la diplomatie marocaine qui a toujours privilégié la négociation plutôt que la rhétorique va-t-en-guerre. Et nous avons réaffirmé tout récemment notre conviction que le plan d'autonomie marocain est une base sérieuse et crédible. Ma voix n'est pas dissonante de celle du Quai d'Orsay qui affirme constamment sa position concernant le dossier du Sahara et la recherche d'une solution juste, durable et mutuellement agréée sous l'égide des Nations-Unies. Pour moi, le plan marocain d'autonomie est la seule option réaliste pour parvenir à une solution durable et acceptable pour l'avenir du Sahara. Au sujet de l'intégrité territoriale du Maroc, le Président Donald Trump rejette le statut-quo qui ne profite à personne. C'est vrai que ce conflit gelé existe depuis très longtemps et comme la France, il souhaite une solution sérieuse, pacifique, réaliste et crédible. Je salue fortement cette annonce c'est une très bonne nouvelle et je crois qu'elle sera suivie d'actes concrets par l'ouverture très prochainement d'un consulat américain à Dakhla. « Des paroles et des actes ». Q: Pensez-vous que la France va emboiter le pas des Américains? R: C'est vrai que les Etats-Unis vont plus loin. Ils reconnaissent la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara et reconnaissent officiellement la marocanité du Sahara. Ils vont plus loin que la France c'est vrai. La France va-t-elle suivre le pas des Américains?. J'en ai échangé avec des collègues parlementaires au sein du groupe d'amitié. On va avoir des échanges avec le Quai d'Orsay pour en discuter. Ils ont déjà réitéré leur annonce sur leur souhait d'une solution durable et pacifique, qu'ils aillent plus loin cela dépendra d'autres enjeux mais nous poussons pour que la France puisse emboiter le pas des Etats-Unis. Il est important aussi que de grandes puissances comme la Russie et la Chine, qui considèrent le Maroc comme un partenaire, puissent aussi faire des déclarations dans ce sens et pousser vers la résolution de ce conflit. Q: Cette reconnaissance américaine et les succès engrangés par le Maroc vont-ils donner lieu à une reconfiguration géostratégique dans la région? R: Le Maroc fait un travail sensiblement important en direction de ses partenaires africains. Donc aujourd'hui, il y a beaucoup de pays qui reconnaissent la marocanité du Sahara. La géopolitique autour du Sahara commence à bouger, bien que l'Algérie reste quand même très présente sur cette question là. Aujourd'hui, il n'y a pas encore de réponse officielle du Président algérien mais elle ne saurait tarder. Le Maroc marque une avancée dans le dossier du Sahara. L'Algérie devrait revoir sa position en vue de permettre une pleine intégration du Maghreb dont les retombées économiques ne pourraient qu'être bénéfiques pour les populations. Mais, je ne pense pas que l'Algérie acceptera cette décision dès demain. Toutefois, j'appelle de mes vœux le peuple algérien pour qu'aujourd'hui il puisse aussi prendre la parole et dire que ce conflit gelé qui dure depuis trop longtemps n'a plus raison d'exister. Quelles seront les retombées de cette décision américaine sur les Sahraouis? R: Je suis allé personnellement, en compagnie d'une dizaine de députés, deux à trois reprises à Dakhla pour rencontrer les Français installés là-bas, pour rencontrer les entrepreneurs installés dans ces provinces du Sud, pour rencontrer les Sahraouis ainsi que tous les institutionnels présents sur place. C'est vrai que pour les habitants de ces régions, il s'agit d'une très très bonne nouvelle qui va leur assurer un bol d'air et une vision sur un futur florissant dans les futurs échanges qui vont arriver.