Malgré la résistance du président sortant Joe Biden doit dévoiler mardi ses premiers choix pour le futur gouvernement américain, poursuivant la mise en place de son équipe à deux mois de son investiture malgré les tentatives de Donald Trump d'inverser le résultat de la présidentielle du 3 novembre. «Vous verrez les premières nominations du gouvernement du président élu mardi», a affirmé sur la chaîne ABC Ron Klain, le futur chef de cabinet de M. Biden, sans vouloir préciser les portefeuilles concernés ni des noms. «Il faudra attendre que le président élu le fasse lui-même mardi», avant le long week-end de la fête de Thanksgiving, a-t-il dit. M. Biden a déjà nommé plusieurs proches conseillers qui l'entoureront à la Maison Blanche mais le suspense persiste sur son gouvernement qui devrait «représenter l'Amérique», diversifié et féminisé. Selon plusieurs médias dont le New York Times et l'agence de presse Bloomberg, Joe Biden compte nommer au poste de secrétaire d'Etat Antony Blinken, un diplomate chevronné qui a longtemps été l'un de ses collaborateurs. Le président élu devrait également nommer selon les médias Jake Sullivan, un de ses proches collaborateurs, comme son conseiller à la sécurité nationale, et Linda Thomas-Greenfield, ancienne secrétaire d'Etat adjointe pour l'Afrique sous le président Barack Obama, pour le poste d'ambassadeur à l'ONU. Il avait indiqué la semaine dernière avoir déjà fait son choix pour le poste clé de secrétaire au Trésor. Donald Trump et ses avocats poursuivent de leur côté leurs multiples recours en justice, dénonçant une fraude électorale massive sans en avoir apporté pour l'instant de preuves concrètes. L'équipe de campagne du président a annoncé dimanche qu'elle ne travaillait plus avec l'avocate Sidney Powell, controversée après avoir affirmé que des fraudes massives avaient eu lieu lors de l'élection du 3 novembre sans en fournir de preuves lors d'une conférence de presse jeudi dernier. «Sidney Powell pratique le droit individuellement. Elle n'est pas un membre de de l'équipe juridique Trump», a déclaré dans un communiqué l'avocat personnel de M. Trump, l'ancien maire de New York Rudy Giuliani. «Elle n'est pas non plus un avocat personnel du président», a-t-il ajouté. Au niveau national, Joe Biden a remporté près de 80 millions de voix lors du scrutin, contre un peu moins de 74 millions pour le milliardaire républicain. Mais la présidence se joue au travers d'un système de grands électeurs attribués dans chaque Etat. Un à un, les Etats clés qui ont basculé du côté du démocrate doivent certifier leurs résultats. M. Trump a appelé dimanche le parti républicain à «se battre» pour ne pas laisser les démocrates «détruire les preuves» de la fraude présumée. La veille, il avait subi un nouveau revers en Pennsylvanie, l'un des Etats clés de cette élection, où un juge a rejeté les allégations de fraude. Le juge Matthew Brann a estimé que l'équipe de M. Trump avait présenté «des arguments juridiques sans fondement et des accusations hypothétiques» dans sa plainte concernant le vote par correspondance en Pennsylvanie. La certification des résultats doit y avoir lieu lundi. Cette décision judiciaire a conduit le sénateur républicain de Pennsylvanie, Pat Toomey, à reconnaître la victoire de Joe Biden. Les avocats de M. Trump ont «épuisé toutes les options judiciaires pour contester les résultats» dans cet Etat, a-t-il estimé. Les républicains ont également demandé aux autorités du Michigan, annoncé comme gagné par M. Biden avec 155.000 voix d'avance, de reporter de 14 jours la certification des résultats prévue lundi, dénonçant des irrégularités. Les républicains veulent obtenir un audit complet des résultats du comté de Wayne, le plus grand du Michigan. La commission des responsables électoraux du Michigan, qui comprend deux démocrates et deux républicains, doit se réunir lundi pour certifier le résultat de cet Etat. Selon des informations de presse, l'un des membres républicains de la commission envisage de voter contre la certification. Au sein du parti républicain, un nombre croissant de responsables appellent le président à concéder sa défaite, ou au moins à libérer des fonds pour permettre une transition en bon ordre entre l'équipe de M. Biden et l'administration sortante. M. Biden doit notamment recevoir les comptes-rendus quotidiens de sécurité, en premier lieu sur la pandémie de coronavirus, ce que M. Trump refuse jusqu'ici. Pour l'ancien gouverneur du New Jersey Chris Christie, membre de l'équipe de transition de M. Trump en 2016, le comportement des avocats du président est «une honte nationale». Le gouverneur républicain du Maryland Larry Hogan a même estimé sur CNN que les Etats-Unis commençaient à ressembler à «une république bananière». Plus tard, il a demandé sur Twitter au président d'«arrêter de jouer au golf et d'admettre» la défaite. Samedi et dimanche matin, M. Trump a fait de brèves allocutions au sommet virtuel du G20 avant de se rendre à son golf de Virginie, près de Washington.