Treize mois après son dernier trophée, Daniil Medvedev (5e) a retrouvé des couleurs dans le sombre huis clos de Bercy : le Russe a remporté son troisième Masters 1000 aux dépens d'Alexander Zverev (7e) 5-7, 6-4, 6-1 dimanche. Une remise sur orbite idéale pour Medvedev, à une semaine du Masters de fin d'année à Londres, qui réunit les huit meilleurs joueurs de la saison du 15 au 22 novembre, à huis clos aussi. Etincelant lors de la deuxième moitié de la saison 2019, avec trois titres (dont deux Masters 1000, Cincinnati et Shanghai) et trois finales (dont celle de l'US Open) en six tournois entre fin juillet et mi-octobre, le Russe de 24 ans n'a pas maintenu le même niveau de performance au cours de cette année, certes chamboulée par la pandémie de Covid-19. Il jouait ainsi sa première finale en 2020 dimanche. Depuis la reprise post-confinement mi-août, l'élève de Gilles Cervera a certes atteint les quarts de finale à Cincinnati, puis le dernier carré de l'US Open, mais depuis, et jusqu'au tournoi parisien, il restait sur cinq défaites en huit matches. Rien qu'en une semaine il a empoché cinq victoires. Il sera récompensé par une place au pied du podium mondial lundi (4e). «Mon niveau de jeu a été très élevé cette semaine, estime Medvedev. Aujourd'hui (dimanche), ça a été un match très serré. Après le premier set, je ne savais pas quoi faire, il servait incroyablement, je n'étais pas à l'aise au retour, je sentais que le match pouvait m'échapper. Mais j'ai réussi à rester solide, à rester présent, et mon niveau de jeu a grimpé petit à petit». Battu après douze victoires consécutives et deux trophées coup sur coup remportés à Cologne (Allemagne) en octobre, Zverev a lui tenu à faire passer un message au moment de la remise du trophée : «Je sais que beaucoup de gens vont essayer de me faire perdre le sourire, mais sous ce masque, j'en ai un grand. (…) Ces gens qui essaient, ils peuvent continuer, moi je garde le sourire, même si vous ne pouvez pas le voir», a lancé l'Allemand de 23 ans, ex-N.3 mondial aujourd'hui 7e. «Je me sens incroyablement bien sur le court, je suis entouré des personnes que j'aime, tout va super bien dans ma vie», a-t-il ajouté. Fin octobre, une ex-compagne de Zverev, Olga Sharypova, l'a accusé de lui avoir fait subir des violences physiques et psychologiques pendant leur relation entamée en septembre 2018. Des «allégations infondées» et «simplement pas vraies», a répondu sur les réseaux sociaux le récent finaliste de l'US Open et vainqueur du Masters 2018, très peu disert sur le sujet jusqu'à ce dimanche. «Une des principales raisons de nos disputes était que je ne lui accordais pas toute l'attention qu'il voulait. Il me faisait me sentir coupable de passer des bons moments sans lui. Il était toxique. C'était de la violence émotionnelle», a raconté depuis la jeune femme dans le magazine Racquet, en décrivant aussi plusieurs épisodes de violences physiques dont elle dit avoir été victime. «Il m'a fait ne plus avoir envie de vivre», lâche-t-elle encore, mais précise ne pas avoir l'intention d'engager de poursuites judiciaires. Sur le court parisien dimanche, les deux hommes se sont d'abord rendu coup pour coup au service en multipliant les engagements nettement au-dessus des 200 km/h. Sur la lancée de sa convaincante victoire contre Rafael Nadal la veille, Zverev a évité un jeu décisif dans le premier set en breakant à point nommé. Mais Medvedev s'est accroché et, petit à petit, a fait reculer et usé son adversaire. Le match a basculé à 4 jeux partout, quand le Russe a réussi son premier break. Entre 4-3 en faveur de Zverev et 4-0 en sa faveur dans la troisième manche, Medvedev a signé une série de sept jeux victorieux, dont un break blanc en ouverture du set décisif. «J'étais mort à la fin du deuxième set, je n'avais plus d'énergie. Et une fois que vous êtes un peu court contre Daniil, il vous épuise encore plus, il vous fait courir, il y a toujours des longs rallyes, il ne donne pas vraiment de points gratuits», explique l'Allemand, finalement battu sur une ultime double faute. Medvedev et Zverev, qui ne s'étaient plus affrontés depuis près d'un an, risquent de se retrouver très vite: tous deux font partie des huit qualifiés pour le Masters londonien, aux côtés de Novak Djokovic, Rafael Nadal, Dominic Thiem, Stefanos Tsitsipas, Andrey Rublev et Diego Schwartzman.