On a entendu leur cri depuis la terre des hommes pieux et des saints, Marrakech. Alors que la mythique place de Jemaa el-Fna s'apprête à accueillir de nouveau ses visiteurs d'ici et d'ailleurs, les artistes animant cet endroit emblématique ont lancé un appel pour sauver leur situation après une pause due au Coronavirus. Ainsi, tous les espaces culturels et sites patrimoniaux ont fermé leurs portes au grand public afin de limiter la propagation du virus. Or, en attendant une réouverture, tant attendue d'ailleurs, de ces espaces, un bon nombre d'artistes mais aussi de citoyennes et citoyens travaillant dans ce domaine souffrent en silence. En effet, vendredi dernier, les conteurs et les maîtres de la halqa ont afflué à la place pour exprimer leur colère face à leur situation fragile due à la pandémie. «Cela fait 8 mois qu'on n'a pas travaillé ! Ils ont parlé sur tous les secteurs sauf nous. Pis encore, les gens de la halqa, les oubliés, sont délassés à leur sort», s'est exprimé Abdelilah Messayeh devant un micro. Pour le comédien et metteur en scène, Messaoud Bouhcine, de nombreuses thèses ont été écrites sur les «Hlayqis», leurs images ont meublé les pages des catalogues faisant la promotion du tourisme. Des reportages et des documentaires ont été réalisés sur ces artistes, symboles de l'authenticité et de la profondeur des arts de spectacles qui ont été profondément impactés par la crise sanitaire. D'après lui toujours, «ce virus a mis à nu un peu de notre «hypocrisie sociale» envers ces artistes «modestes» qui constituent une catégorie importante de notre paysage culturel, artistique et patrimonial». Certes que Jemaa el-Fna est l'un des endroits culturels et patrimoniaux de la ville ocre, mais sans ses artistes, ses conteurs, ses poètes, ses charmeurs de serpents, musiciens, ses danseurs, cette place triangulaire entourée de restaurants, de boutiques des petits commerçants, de cafés perd son âme et sa chaleur humaine.