De tous les temps de l'histoire, ce sont les grandes politiques sincères qui ont fait les grandes révolutions humaines. Elles sont, en fait l'âme de toute action consacrée au bien-être des populations, comme disait Aristote, l'illustre philosophe grec dans le Lycée: «La politique a pour fin, non pas la connaissance, mais l'action». Si on pense qu'on peut faire sans politique, on ne fait que fourrer le doigt dans l'œil. Pis encore, si on croit faire de la vraie politique avec le premier venu, on se fait des illusions. Le Maroc a mal à la politique, depuis qu'il a jugé bon de faire sans politique naturelle. Des décennies durant, son appareil de la haute sphère s'est ingéré dans les affaires de la politique pour en défigurer l'essence et les sens. Il en résulte que le parcours de la politique dans notre pays est parsemé d'extravagances. A l'aube de la refonte du passage du «petit combat» au «grand combat», tel que le brandissait feu le Roi Mohamed V, on s'amusait à se jouer de la politique, en la confiant bassement à des notabilités ignares qui s'en desservaient à outrance. Chemin faisant, on s'est trouvé avec une politique marocaine bizarroïde, sans âme ni sésame pour une nation en émergence. En parallèle de la procréation partisane soumise et amorphe, l'épée de Damoclès fendait les têtes des opposants de cette imposture, depuis ce que l'on a toujours appelé «les années de plomb». La vie politique saine s'effritait, au fil du temps, au bonheur des opportunistes qui accédaient très aisément aux centres de décisions pour y semer de la médiocratie et engraisser leurs ascenseurs oligarques. Aujourd'hui, on ne fait que payer les pots cassés de cette approche excessivement «sécuritaire» des gouvernants. Après s'être permis de faire croire aux grandes masses que l'action politique était un «spectre» périlleux à éviter, on se lance au «grand ménage» dans les rangs de ceux qui voyaient la politique autrement. Le comble dans ce vilain calcul, c'est que les citoyens n'ont plus confiance en la politique ni le politique, qu'ils en sont fort allergiques et désaffectés. Encore pire, cette «supercherie» asphyxie le principe de la médiation sensé encadrer les foules, approfondit la fracture sociale du pays et ternit l'image d'une nation résolument tournée vers les idéaux de la démocratie, le progrès et la justice sociale. Plus que jamais, notre pays est amené à réhabiliter la politique, à la préserver et contre les fossoyeurs, à en faire une arène édifiante d'émulation noble, à la fidéliser auprès du peuple désavoué, à en fortifier les réels acteurs, sans immixtion ni dénaturation, l'orienter carrément au profit de l'humain sans exclusion... Le disciple de Platon de la cité idéale grecque disait également dans ce sens : «La fin de la politique sera le bien proprement humain !». C'est dire que la politique demeure notre maillon faible prétendre au développement véridique, celui du bonheur de l'humain avant tout ! C'est le chantier d'extrême acuité auquel devrait s'atteler notre pays, de la plus haute marche à la plus basse. Ce serait sans nul doute, une source de stabilité pérenne aussi bien de la monarchie que du peuple, une clé de confrontation des idées fécondes qui couperait court aux intentions malveillantes et une véritable force de transcendance.