Les politiques ne ratent en aucun cas les grands rendez-vous. Là où tout est grand. Là où tout a de la valeur. Là où, pour eux, il y a du sens. Se présenter à une inauguration en tant qu'invité d'honneur ou jouer la star pour enjoliver une quelconque atmosphère les réjouit, avec tout ce que le verbe porte comme sens. Mais quand il s'agit des petits rendez-vous, comme celui de se présenter au Parlement pour défendre des idées ou revendiquer des aspirations, par devoir, par respect à l'engagement pris auprès des électeurs, ou ne serait-ce que par amour au pays, la motivation baisse jusqu'à devenir inexistante. Nous ne généralisons pas, mais n'évoquons qu'un constat général. On dirait que plus les tentatives du Maroc à déployer ses efforts pour briller dans différents secteurs, plus l'absentéisme des députés marocains au Parlement, leur plus sacré lieu de travail, ternit l'image du pays. Comme si le sérieux dans l'exercice de la politique est à géométrie variable ! Et le phénomène s'accentue sans qu'aucune explication n'en soit livrée. Elle ne peut être que désolante, navrante et très significative cette absence collective de plus de 100 députés lors de la – très importante – séance de vote de la Loi de Finances du vendredi 12 mai.Le président de la Première Chambre du parlement n'a pas manqué d'adresser un avertissement aux députés déserteurs. Mais est-ce suffisant ? Par ailleurs, il faut dire que ce n'est ni le moment ni le temps de s'adonner à ce genre de comportement indigne, après un repos dû au «blocage». Un repos loin d'être mérité, mais totalement rémunéré. Certes, la tâche d'un député s'exerce aussi à l'extra-muros de l'Hémicycle, mais pour certains, le siège parlementaire est une aubaine qui leur livre davantage de temps pour servir des intérêts autres que ceux de ses électeurs. Cela dit, n'est-il pas le moment idoine de poser les vraies questions ? Celles liées à l'éthique d'un parlementaire. Ce parlementaire maintenant suivi par l'homme et épié par la technologie. L'époque du «huis clos» est bel et bien révolue. Et les exemples dans ce sens pullulent. Pour lutter contre ce fléau en parfaite inadéquation avec l'idéal politique réclamé par tous les Marocains, il est clair qu'en plus de la volonté politique des politiciens, praticiens soient-ils ou théoriciens, devront s'ajouter des textes réglementaires des plus fermes. Car le jeu a ses lieux...et le sacré mérite son éthique! Mêler le premier au second est contreproductif et constitue un manque de respect non seulement pour l'Institution parlementaire, mais pour tout un Peuple ! L'absentéisme collectif au Parlement ne doit pas engendrer un désintérêt collectif de la nation. Car en fin de compte, si le législatif est si fragile, quel sera le dessein de la démocratie? Ahmed Mesk