Entre cinq et quinze euros la dose serait «un prix raisonnable» pour les futurs vaccins contre le Covid-19, a estimé mardi une responsable de la fédération européenne de l'industrie pharmaceutique, tandis que les laboratoires Sanofi et CureVac défendaient leurs contrats signés avec l'UE. Alors que l'Union européenne a conclu six accords avec des laboratoires pour réserver des centaines de millions de doses de potentiels vaccins, elle n'a révélé aucun montant estimé pas plus que les conditions commerciales. «Il y a des questions de concurrence, ce ne serait pas une bonne idée de rendre ces informations publiques tant que tous les contrats n'ont pas été finalisés», s'est justifiée Sue Middleton, présidente de la branche vaccins de la Fédération européenne des industries pharmaceutiques. «Je comprends (…) que les prix se situent entre cinq et quinze euros la dose. J'estime que c'est un prix raisonnable pour un vaccin», a-t-elle poursuivi, lors d'une audition du Parlement européen. Pour l'heure, seuls deux des contrats d'achats anticipés conclus par la Commission européenne ont été signés, avec le suédo-britannique AstraZeneca ainsi qu'avec le duo franco-britannique Sanofi-GSK, pour 300 millions de doses dans les deux cas. Si les Etats-Unis avaient annoncé en juillet payer 1,95 milliard de dollars pour 100 millions de doses du potentiel vaccin Biontech/Pfizer, Bruxelles n'a publié aucun montant et, selon les laboratoires, le prix par dose n'est pas définitivement fixé. «Nous sommes encore en phase un ou deux de développement», et «une bonne estimation» du coût de production pourra être établie vers la fin de l'année, a expliqué Thomas Triomphe, vice-président exécutif de Sanofi, également entendu mardi en visioconférence par les eurodéputés. «Nous avons assuré que le prix serait équitable et accessible, le même prix modéré pour les pays à hauts revenus, et encore plus bas pour les économies en développement», a-t-il insisté, assurant que la négociation avec Bruxelles avait suivi les règles «normales» des marchés publics. «Nous n'ignorons pas que c'est de l'argent public. Mais si à la fin des essais cliniques nous échouons, nous ne recevrons que l'argent couvrant l'essai et les coûts de production engagés», a abondé, lors de la même audition, Jean Stéphenne, président du conseil de surveillance de CureVac. Par ailleurs, le gouvernement canadien a mobilisé un milliard de dollars pour l'acquisition d'éventuels vaccins contre la Covid-19 après la conclusion mardi d'ententes avec Sanofi et GlaxoSmithKline (GSK) pour obtenir jusqu'à 72 millions de doses de leur candidat-vaccin. Des ententes ont déjà été conclues avec Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson et Novavax, alors que les négociations se poursuivent en vue d'accéder à d'autres candidats-vaccins de premier plan, indique-t-on auprès de l'exécutif canadien. Les ententes signées jusqu'à maintenant englobent les trois principaux types de candidats-vaccins, à savoir l'ARNm, la sous-unité protéique et le vecteur viral, a déclaré la ministre des Services publics et de l'approvisionnement, Anita Anand, dans un communiqué. Selon elle, le fait de disposer d'un portefeuille diversifié de vaccins provenant de plusieurs sources d'approvisionnement permettra de garantir l'accès à des vaccins contre la COVID-19 sûrs et efficaces lorsqu'ils seront disponibles. À ce jour, aucun vaccin contre la Covid-19 n'a été approuvé au Canada. De nombreux vaccins sont en cours d'élaboration ou d'essais cliniques dans le pays et à l'étranger. Lorsque leurs vaccins seront prêts, les fabricants devront soumettre des demandes d'autorisation au ministère de la Santé. Le Canada fait face depuis deux semaines à une recrudescence des contaminations, notamment au Québec et en Ontario, les deux provinces les plus touchées par la pandémie. Le dernier bilan fait état mardi de 145.415 cas d'infection et 9.228 décès.