Par Sami Zine Sir Sean Connery, l'immense acteur écossais, qui fût le premier à jouer le rôle de James Bond, anobli par la reine Elisabeth IIen 2000 pour services rendus au cinéma britannique, vient de célébrer son 90è anniversaire. Sir Sean Connery connait bien le Maroc où il a tourné deux films : «L'Homme qui voulut être roi» réalisé par John Huston et «Alexander» d'Oliver Stone, et où il fût honoré en 2004 lors du festival international du film de Marrakech de «l'Etoile de Marrakech» pour l'ensemble de sa carrière. Les marocains connaissent très bien l'agent 007, mais peu d'entre eux ont pu voir le film qu'il a fait sur le Maroc, «The wind and the lion», sorti sur les écrans en 1975, mais non projeté au pays. Cette méga production de John Milius retrace et romance la grande épopée d'Ahmed Raissouni, le chef rebelle qui enleva en 1904 Ion Perdicaris, un ancien diplomate américain et son beau-fils anglais, événement qui provoqua quelques jours après,l'envoi par Théodore Roosevelt de 6 croiseurs américains à Tanger pour favoriser la libération des captifs en faisant pression sur le sultan pour satisfaire les conditions de Raissouni: le renvoi de la Mehalla du sultan, la destitution du Pacha de Tanger, la libération des prisonniers qui lui étaient proches et le versement d'une forte rançon. Cette fiction mérite d'être doublée en arabe et en amazigh et les faits historiques qu'elle relate autant sur les personnages de Raissouni, du Sultan Moulay Abd el-Aziz et du Président Roosevelt, que sur les manœuvres des grandes puissances pendant cette période trouble de l'histoire du Maroc, méritent d'être analysés et revisités pour les nouvelles générations. La lettre envoyée par Raissouni à Roosevelt est à cet égard d'une grande perspicacité politique et donne son sens au titre du film. Raissouni écrit à son potentiel envahisseur : «Moi, comme le lion je reste à ma place, alors que vous, comme le vent, vous ne savez jamais où est la vôtre». La maison palatiale de Perdicaris, lieu du kidnapping reproduit dans le film, est juchée sur les collines du Jbel El Kebir à Tanger en front demer. Cette magnifique œuvre architecturale, bâtie sur un site d'intérêt biologique et écologique exceptionnel,a servi à la fin du 19è siècle comme lieu de rencontre de diplomates, d'espions et d'hommes d'affaires de tout acabit. Tombée en ruine, elle a été heureusement restaurée par le ministère de la culture et ouverte au public. Comme peu de marocains ont visionné le film, peu d'entre euxont visité la villa Perdicaris, ou même eu vent de leur existence. Deux biens culturels, deux bijoux disponibles à leur portée, l'un sur le web, l'autre à Tanger.Deux biens que la boussole de la culture montre comme la pleine lune, et que nous ne voyons pas à cause de notre cécité culturelle. La pire des cécités : la cécité à nous-mêmes! Happy birthday Sir.