De toutes les conférences de presse organisées par les stars de la 4e édition du FIFM, celle donnée par Sir Sean Connery a été la plus suivie. Entre journalistes nationaux et étrangers, réalisateurs et curieux de tous calibres, ce parterre éclectique était plus ou moins préparé à affronter un tel monstre sacré. Comme prévu, à 14 heures tapantes, ce mercredi 8 décembre, Sean Connery fait son entrée dans la salle de conférence du palais des Congrès. Pour l'accueillir, une centaine de personnes qui applaudissent timidement, tant est imposante la première impression qui envahit l'assistance. Sourire aux lèvres, Sean Connery jette un coup d'œil complice et amical à la salle et s'installe à la place qu'on lui indique. Rien à faire. Il est comme on l'a toujours rêvé, fantasmé et pensé. Beau, à l'élégance raffinée aussi bien dans son smoking troqué avec finesse lors de la cérémonie de l'hommage que lui a rendu le festival que ce polo couleur rouge-brun porté, cette fois-ci, avec négligence et décontraction. La conférence démarre par une série de questions sur la carrière de l'artiste. En toute humilité, l'acteur revient sur son enfance dans une famille modeste en précisant avec élégance : «Bien que ma situation ne fut pas des plus aisées durant mon enfance en Ecosse, j'avoue que je n'en garde aucune amertume». Si l'éducation très marquée par la rigueur et le stoïcisme écossais ne laisse transparaître aucune émotion, on n'en ressent pas moins la fierté de ce grand homme d'appartenir à un milieu modeste. Une fierté qui le met à l'aise pour évoquer tous ces petits métiers de chauffeur-livreur, de maçon ou encore de vernisseur de cercueils avant de s'engager dans l'armée, lors de la seconde Guerre mondiale. «Je me rappelle qu'une blessure m'avait obligé à garder le lit à l'hôpital pendant deux mois sans que mon père ne trouve les moyens pour se déplacer et venir me rendre visite» se souvient-il devant une assistance profondément silencieuse, qui savourait chaque mot, chaque syllabe prononcée d'ailleurs avec retenue et flegme typiquement britannique. Lorsque Sir Sean Connery évoque le début de sa carrière cinématographique, il esquisse un beau sourire qui illumine son visage. En rappelant qu'il s'était présenté, sans grande conviction à un concours qui visait à sélectionner l'acteur le plus près du profil du futur James Bond, Sean Connery reconnaît volontiers que cela a constitué un véritable tournant dans sa vie. Après la série des six Bond, Sean Connery décide de mettre un terme à l'aventure du plus sexy des agents secrets de sa Gracieuse Majesté. «Ce rôle ne peut à lui tout seul résumer toute ma carrière», lance-t-il, un peu excédé, à l'adresse de tous ceux qui insistaient sur le succès de ces films et sur tout ce que l'acteur doit à ce personnage imaginé par Ian Fleming. Au fil des questions, plus au moins pertinentes, plus au moins bienvenues, la vie et la carrière de Sean Connery sont passées au crible. Répondant à une question sur ses meilleurs rôles, Sean Connery évoquera, malicieusement, tous ses succès mondiaux qu'il doit à des réalisateurs du calibre d'Alfred Hitchcock, John Milius, John Houston, Richard Lester, Fred Zinneman ou Jean-Jacques Annaud. À une question sur le projet d'écriture de son autobiographie, Sean Connery a reconnu les difficultés spécifiques à ce type d'écriture d'autant plus qu'il avait négligé de tenir un journal pour consigner les faits marquants de sa vie de star « Je m'étais toujours promis de ne pas écrire ma biographie. Maintenant que je suis en plein dedans, je sais pourquoi j'avais cet a priori». Mais dans la salle de conférence, seul un petit groupe de journalistes avaient envie d'entraîner le vieux séducteur sur d'autres sentiers. Ceux de la séduction et des passions amoureuses et que les nombreux fans ont définitivement collés à la réputation de ce Don Juan au regard charmeur et aguicheur. Malicieux, Sean Connery a reconnu avoir serré, dans ses bras, les plus belles créatures du monde. Mais ce beau brin d'homme précisera, un peu perfidement, que tout cela n'était que du cinéma puisque sur son cœur, règne sans partage et depuis toujours, sa passion pour sa femme Micheline, une belle Française qu'il avait justement rencontrée au Maroc. Une déclaration reçue comme une gifle par tous ceux qui avaient caressé le rêve de soutirer au vieux et sémillant séducteur une quelconque confidence.