Désireux de mettre un terme aux manifestations qui, l'année dernière, avaient secoué Hong Kong et faisant fi, par ailleurs, des menaces que fait encore planer, sur la région et sur le monde entier, la pandémie du Covid-19, c'est sous un tonnerre d'applaudissements que le Parlement chinois a adopté, ce jeudi et à la quasi-unanimité, le fameux projet de loi portant sur la sécurité nationale à Hong Kong. Par ce vote, qui contrevient aux dispositions de «la déclaration conjointe signée par la Chine et le Royaume-Uni» au titre de la sanctuarisation de l'autonomie de Hong Kong jusqu'en 2047, les députés autorisent le Comité permanent de l'Assemblée Nationale Populaire à rédiger le projet de loi qui sera incorporé dans la mini-constitution de Hong Kong afin d'«empêcher, stopper et réprimer toute action qui menace gravement la sécurité nationale, comme le séparatisme, la subversion, la préparation ou la commission d'activités terroristes ainsi que les activités de forces étrangères qui constituent une ingérence dans les affaires». Prévoyant, également, d'autoriser des organismes relevant du gouvernement central de Pékin à se doter d'antennes compétentes en matière de sécurité nationale à Hong Kong, cette mesure qui ouvre la voie à une importante régression des libertés dans la métropole financière avait provoqué bien des remous dans l'ancienne colonie britannique de 7 millions d'habitants avant même son adoption et enclenché un processus de sanctions de la part de Washington. Or, pour certains députés pro-Pékin, cette disposition pourrait rassurer les investisseurs sur la stabilité du territoire après les grandes manifestations de l'année dernière car, loin de porter « atteinte aux droits et libertés » dont jouissent les Hongkongais, elle aidera, à long terme, le territoire «à se défaire de la violence et du chaos». Mais ce n'est point là l'avis de Claudia Mo, la députée pro-démocratie au Conseil législatif hongkongais, qui considère, pour sa part, qu'après l'adoption de cette loi qui signe la fin du principe «un pays, deux systèmes», Hong Kong sera «une ville chinoise comme les autres». Lui emboitant le pas, Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, a menacé de retirer à l'ancienne colonie britannique, le statut commercial préférentiel qui lui avait été conféré par les Etats-Unis au moment de sa rétrocession à la Chine en 1997. Aussi, en se disant «profondément préoccupée par les actions du Parlement chinois qui sapent fondamentalement le haut degré d'autonomie et les libertés découlant de la Déclaration sino-britannique» sur Hong Kong de 1984, qui limiteraient «les libertés de la population de Hong Kong et éroderaient, de manière dramatique, son autonomie» en ouvrant la voie à des «poursuites pour raisons politiques», les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie ont demandé une réunion urgente du Conseil de Sécurité. Or, en considérant que le projet de loi précité relève d'une affaire interne à la Chine «sans aucun lien avec le mandat du Conseil de Sécurité», Zhang Jun, l'ambassadeur chinois aux Nations-Unies a, immédiatement, déclaré que son pays «rejette catégoriquement (cette) demande sans fondement». Qu'adviendra-t-il après la réunion du Conseil de Sécurité alors qu'en sa qualité de membre permanent, la Chine aura in fine toute latitude pour faire jouer son droit de véto et, par voie de conséquence, annihiler toute résolution qui condamnerait son action? Attendons pour voir…