Réouverture des librairies Mohamed Nait Youssef Une décision tant attendue par les professionnels du livre. Le Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des sports a autorisé aux librairies de reprendre leurs activités dès aujourd'hui sans attendre le 10 juin, date prévue pour de déconfinement. Ainsi, les conditions sont-elles réunies pour réussir ce pari? Après cette fermeture de plus de deux mois à cause du Coronavirus, ces lieux vivants retrouvent enfin les mordus et les passionnés de la lecture et des livres de toutes les disciplines et écoles confondues. «On a reçu une dizaine de personnes qui se sont déplacées pour acheter des livres. Ça fait chaud au cœur !», se réjouit Ahmed Essayegh, gérant de la librairie de Dar Elmane basée sur Rabat. «Aujourd'hui, on a commencé avec un personnel de 6 personnes qui sera augmenté au fur et à mesure. Il faut le rappeler, la demande était forte même en période du confinement», a-t-il confié Al Albayane. Un secteur fragile touché par la crise… A l'image des autres secteurs, le livre a été touché par la crise sanitaire qui a ravagé les quatre coins du monde. En outre, pour certains éditeurs et libraires, cette décision prise par le Ministère de la tutelle en coordination avec le ministère de l'Intérieur permettant aux Kiosques à journaux et aux librairies de reprendre leurs activités, est une décision sage. «C'est une excellente décision. Les secteurs du livre et de l'édition sont complètement en crise. Pis encore, Ils sont dans le doute, dans le flou total !», a déclaré à lactu24, Abdelkader Retnani, éditeur, libraire et président de l'association marocaine des professionnels du livre (AMPL). «Il y a 15 jours, on a appelé à donner un signe fort afin de remonter le moral aux gens en rouvrant les librairies», a-t-il rappelé. Et d'ajouter : «J'ai appelé 6 libraires qui m'ont dit qu'il faudrait au moins 15 jours pour que les gens s'habituent et qu'ils sachent que ces espaces sont ouverts au public». De son côté, Ahmed Abou, propriétaire et gérant de la librairie «la Virgule» à Tanger, la fermeture des librairies pendant la période du confinement était une erreur. «On ne devait pas fermer les librairies, parce que les gens, comme ils nourrissent leurs corps, ils doivent nourrir leurs esprits», a-t-il fait savoir. Selon ses dires, la demande a été «incroyable» sur le livre pendant le confinement. «Malheureusement, on n'était pas préparé à ça à travers les libraires qui étaient un peu plus en avance en matière de vente numérique et sur le net qui ont fait un chiffre d'affaires important», a-t-il précisé. D'après lui, la librairie est un lieu où on respecte toutes les règles de la distanciation. Et cette ouverture était une demande des libraires. «C'est une décision sage parce que les gens demandent des livres», a-t-il expliqué. Et d'ajouter : «On vient d'ouvrir, il y avait des visiteurs qui sont venus. Ce premier jour était spécial ! On a vendu des livres. Or, au-delà de cette activité commerciale, on doit se préparer à la rentrée scolaire. C'est un réaménagement de l'espace de la librairie, la mise en carton des livres afin de laisser la place au livre scolaire sachant que le bon nombre des libraires vivent de la rentrée scolaire». Toujours selon lui, la librairie en tant que lieu d'échanges et de vente de livres est un endroit qui ne connaît pas une grande affluence. En journée, dit-il, les clients passent un par un, ça veut dire qu'il n'y a pas de masse. Après la crise, le beau temps? Dans cette optique, Abdelkader Retnani estime qu'il faut partir de cette crise pandémique afin de chercher de nouvelles pistes et bases pour relancer toute la chaîne de production voire tout le secteur. Pour ce faire, il a proposé de lancer un soutien pour l'édition marocaine afin de faire d'une pierre deux coups. C'est-à-dire, aider à la fois les éditeurs et les auteurs marocains à travers des titres que le libraire choisirait.