Face à la menace du COVID-19 Ouardirhi Abdelaziz Le 2 Mars 2020, le Maroc enregistrait le premier cas de coronavirus. Il s'agissait d'un citoyen marocain en provenance d'Italie. Ce dernier a bénéficié d'une prise en charge spécialisée dans un hôpital de Casablanca. Depuis cette date notre pays fait face au coronavirus, grâce aux directives de S.M le Roi Mohammed VI, la mobilisation de différents départements, et à l'implication de tous les professionnels de santé qui sont en première ligne depuis le début de cette crise. Aujourd'hui, le ciel s'éclaircit, la visibilité est meilleure. Il y a de l'espoir et notre système de santé a toutes les cartes en mains pour surmonter cette épreuve difficile et relever le défi grâce à notre résilience. Dans cette lutte contre le coronaviru, il devenait urgent de prendre toutes les mesures préventives nécessaires pour permettre au plus grand nombre de ne pas contracter la maladie, et ce au moment où on ne connaissait pas encore très bien ce nouveau virus qui a le pouvoir de se transmettre rapidement d'un individu à l'autre. Ce qui explique le grand nombre de personnes contaminées. Le Maroc a agi rapidement, des décisions courageuses ont été prises et appliquées immédiatement pour permettre au système de santé d'assurer ses missions dans d'excellentes conditions , tout en sachant que nous étions en guerre contre un ennemi très dangereux, invisible , insaisissable, et que nous n'avions pas droit à l'erreur. Les professionnels de santé (médecins – infirmiers) sont en première ligne. Ils mènent une bataille chaque jour depuis le début de cette crise sanitaire à laquelle le Maroc fait face avec courage et détermination. Conscients du rôle qui est le leur, les professionnels de santé sont mobilisés de jour comme de nuit, 7jours/ 7 au chevet des malades, travaillant parfois dans des conditions difficiles, supportant une charge de travail éreintante, n'hésitant pas à mettre en danger leur propre santé pour sauver des vies. La crise du covid-19 est venue nous rappeler la place fondamentale que joue l'hôpital public, qui assure pleinement et admirablement ses missions malgré la pénurie d'infirmières et infirmiers que connaît notre pays. Une situation qui à aucun moment n'a pu influencer ou décourager celles et ceux qui œuvrent en milieu hospitalier, au sein des unités dédiées au covid-19. Mais bien au contraire , grâce à la mobilisation générale , au dévouement des uns et des autres , aux efforts consentis par l'Etat , notre pays a démontré de très belle manière , que la crise sanitaire de covid-19, malgré tous les dégâts et victimes qu'elle engendre, n'est pas insurmontable, mais représente un défi que nous pouvons tous ensemble relever grâce à notre résilience. Libérer le plus de lits possible Les hôpitaux ont dû se réorganiser de fond en comble pour adapter leurs actions, pour assurer la prise en charge des malades atteints de covid-19. Toute une logistique a été mise en place, obéissant à un circuit bien précis depuis l'arrivée du malade : son accueil, l'évaluation de son état de santé, son hospitalisation en isolement, les prélèvements pour examens, son traitement, la surveillance des constantes, le suivi du patient, l'évaluation de l'état de santé. Pour les cas graves, ceux qui sont en situation de détresse respiratoire, qui doivent être intubés et ventilés, leur prise en charge nécessite des soins lourds, une surveillance de tous les instants, de jour comme de nuit par des équipes qui se relaient aux chevets des malades. Une telle organisation a nécessité la fermeture de certains services non urgents : médecine, gastro – entérologie, ORL, ophtalmo, chirurgie réparatrice, centre de consultations, de reporter certaines interventions chirurgicales à plus tard. La consigne étant de libérer les ressources humaines et de procéder au redéploiement des professionnels de santé (médecins – infirmiers), qui sont en première ligne dans cette lutte contre le Covid-19. De libérer des lits, afin que l'hôpital puisse concentrer son combat contre coronavirus. Il est évident que cette approche est dictée par l'urgence de la situation, qui demande et nécessite des actions urgentes, immédiates car il y va de la vie de personnes en situation de détresse. Des efforts colossaux Tout ce qui est humainement possible pour permette au plus grand nombre de ne pas être contaminé par la covid-19, ou le cas échéant de bénéficier d'une prise en charge adéquate et adaptée dans des structures spécialisées a été entrepris. Un budget additionnel de plusieurs millions a été accordé au ministère de la santé pour faire face aux dépenses inhérentes à cette crise sanitaire majeure. C'est ainsi que le Maroc a pu acquérir des stocks de médicaments destinés aux traitements des malades covid positifs. Dans le même ordre d'idées, notre pays produit quotidiennement plus de 5 millions de masques. Par ailleurs le Maroc a fait l'acquisition de 100.000 tests de diagnostic rapide de coronavirus, et d'autres commandes similaires sont en cours afin de tester le plus grand nombre de citoyens. Un système de soins de santé résilient Dés aujourd'hui, nous devons tirer les enseignements de la crise liée au covid-19 , qui a ms en évidence quelques lacunes de notre système de santé auxquelles les responsables et décideurs ont remédié progressivement. Ce qui n'enlève en rien au mérite du secteur de la santé. Fort de notre expérience dans la gestion de cette crise sanitaire aigue, nous devons retenir les leçons qui s'imposent, pour que plus jamais nous ayons a souffrir à cause d'insuffisances choquantes et pénalisantes dont les premiers à pâtir sont les citoyens démunis, les plus faibles, les personnes âgées, les femmes et les enfants. Pour se faire, nous devons investir aujourd'hui et demain pour un système national de santé résilient. Cela requiert des décisions politiques courageuses, des investissements à long terme. Il faut un budget conséquent (12% du budget général), un nombre adapté d'infirmières et infirmiers formés à la bonne école et aux compétences avérées, des salaires motivants, des médicaments disponibles, des systèmes d'informations de santé robustes (notamment la surveillance), une infrastructure adéquatée, des hôpitaux bien équipés, un secteur public solide pour assurer des services équitables de qualité. Toutes ces actions doivent servir et ouvrir la voie à la création d'un système de soins de santé résilient, prêt à l'action et capable de gérer les crises sanitaires, les menaces infectieuses futures auxquelles notre pays devra faire face avec courage et détermination.