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Nakba II: histoire, duplicité et arnaque
Publié dans Albayane le 19 - 05 - 2020

A l'occasion du 72ème anniversaire de la Nakba 1948 en Palestine, nous publions une étude fouillée du professeur et ami Abdelmoughit B. TREDANO ; il tombe à point nommé.
Pr. Abdelmoughit B. Tredano*
La Nakba de 1948 a eu lieu, dans une certaine ignorance des Peuples arabes avec une complicité manifeste de l'Occident.
Aujourd'hui, la Nakba II (Sfqat Al Qarne : le contrat ou deal du Siècle) commence à se réaliser avec complicité consciente et volontaire d'un grand nombre de dirigeants arabes et d'une relative insouciance de peuples arabes résignés et soumis par des contraintes de tout genre (misère,ignorance, abattement et religiosité suicidaire..).
Tout est fait pour imposer une solution dont l'objectif premier et central : la liquidation de la question palestinienne.
Le seul espoir c'est la résistance à Gaza soutenue en cela par « l'Axe de refus » constitué par l'Iran, la Syrie, Hesbollah et une partie du peuple irakien avec un parrainage de la Russie, puissance mondiale intéressée par la recherche du statut perdu.
Depuis 1947, il y a eu autant de plans qu'ils avaient de secrétaire d'Etat américains et de sommet arabes …
Mais jamais, l'Amérique n'a été aussi engagée en faveur d'Israël qu'avec le président actuel ; Dans ce conflit il y a évidemment des intérêts mais aussi de l'histoire et de la religion. En effet, le soutien des Evangélistes américains à Israël a été déterminant dans ce positionnement des Etats-Unis.
En plus de cette dimension historique, nous avons essayé de relater les différentes injustices commises par la communauté Internationale Au détriment du peuple palestinien depuis la déclaration de Balfour en novembre 1917.
La thèse israélienne est fondée essentiellement sur l'histoire comme source de légitimation de ses prétentions ; c'est ce que nous avons cherché à déconstruire dans une première partie de ce papier.
La question palestinienne : le plus «grans casse» du siècle
Le «contrat du siècle» exécuté par étapes
L'objectif des Occidentaux et de certains pays arabes (ceux du Golfe+ la Turquie)liquider définitivement la question palestinienne.
Tous les moyens sont bons y compris l'installation du chaos
Ce chaos a été recherché voire planifié depuis les années 80 (Bernard Lewis) et les années 2000 avec la Secrétaire d'Etat américain Condoleezza Rice (le Grand Moyen-Orient) ; l'idée de provoquer des guerres entre les pays arabes, de préférence avec coloration ethnique, a été pensée justement pour créer ce chambardement ethnique, religieux et territorial au Moyen-Orient.
Le printemps arabe a été suscité en partie pour en arriver là ; la guerre civile en Syrie et l'émergence de Daech ont présenté des outils précieux pour ce plan machiavélique.
Aujourd'hui, depuis l'arrivée de Trump à la présidence américaine, ce plan est mis en œuvre et décliné, entre autres, en 5 actes :
Reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l'Etat d'Israël par les Américains, transfert de leur l'ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, la mise en place du nouvel axe Tel-Aviv avec composante arabe du golfe…, l'adoption de la loi sur le caractère juif de l'entité sioniste, la suppression des crédits américains à l'UNRWA , voilà quelques ingrédients de ce plan .
Le tout a comme objectifs : d'en finir avec la solution à 2 Etats et l'idée du retour des réfugiés et donc d'en finir une fois pour toute avec la question palestinienne.
Avant d'en arriver là, il a fallu plus d'un siècle d'agression occidentale contre les peuples du Moyen-Orient (Robert Fisk, La grande guerre pour la civilisation).
Et un siècle de propagande médiatique, culturelle et historique.
En effet, l'histoire a été sollicitée pour couvrir la plus grande arnaque de l'histoire du XXème siècle.
La seule difficulté pour ce plan c'est la résistance du bloc Iran, Syrie, Irak et Hesbollah avec le parrainage des Russes.
Pour en finir avec une certaine Histoire
Pour justifier l'occupation de la Palestine et l'annexion de la ville Al Qods les Israéliens recourent souvent à l'Histoire. Ils étaient là il y a plus de 3000 ans, clament-ils sur tous les tons et sous tous les cieux terrestres et célestes.
Ils n'ont fait que revenir sur leur terre promise !!
Que peut-on dire face à un argument qui parait imparable ? !!
Justifier une revendication territoriale sur la base religieuse est fortement contestable.
Pourquoi ?
Pour une raison de droit liée à la décolonisation et même à l'histoire !! Du moins la plus récente.
Dans un éditorial récent, intitulé ֞Dieu est-il diplomate ?(8 décembre 2017) répondant à un propos de l'ambassadrice israélienne en France,le directeur de Libération Laurent Joffrin vient de de leur rappeler qu'on ne peut fonder la diplomatie et la politique sur la bible ou toute autre texte sacré.
Bien plus, il a été jusqu'à lui contester les prétentions historiques sur l'existence du temple, chose que beaucoup d'historiens et d'archéologues israéliens contestaient déjà depuis quelque temps.
Ce n'est pas un antisémite encore moins un antisioniste qui le dit, mais un journaliste français aguerri et rangé !!
Si chaque entité étatique ou peuple fonde ses prétentions territoriales sur des convictions religieuses et/ou de l'histoire ancienne, beaucoup d'empires revendiqueraient tous les territoires qu'ils avaient au nom de la religion ou de la force..
Le Romain le premier, le perse et puis celui que le monde arabo-musulman a réussi, en peu de temps, à conquérir sur les trois continents.
Les tous derniers, ceux de deux puissances européennes au 19ème siècle, le français et le britannique où le soleil ne se couchait pas.
Notre propos n'est pas de se placer sur ce registre qui reste très compliqué et controversé.
En tous cas, ce qui est sûr c'est que la décolonisation et le processus d'indépendance et de libération des peuples a été fondé sur le droit et non pas sur de prétentions d'ordre biblique.
Même le premier des premiers ministres israéliens, Ben Gourion , a fondé sa déclaration d'indépendance sur le droit, même si la dimension religieuse ne manquait pas[1]. .
Ce n'est pas une résolution (très contesté à plus d'un titre : voir infra) qui avait proposait le partage (191 du 29 nov. 1947) ?
Ce n'est pas une résolution 273 du 11 mai 1949 de l'Assemblée générale (très contestée : pression américaine – déjà- sur des Etats latino pour qu'ils votent en faveur du texte) qui a permis l'admission d'Israël ?
La situation de la Palestine doit donc être traitée selon les dispositions du mandat et de la charte de l'ONU qui avait remplacé le système de mandat par celui de la Tutelle ; les deux textes et toute la littérature de l'ONU en cette matière prévoient l'indépendance à la population qui occupait le territoire objet de la domination coloniale.
Il se trouve, que les Palestiniennes constituaient 90 % de la population dudit territoire au début XX ème siècle. Et qu'ils étaient encore majoritaires au début de la création d'Israël 1947/48.
Et si le Royaume-Uni avait d'opère le changement relatif a ce territoire qu'exigeait la charte onusienne et organise la consultation que lui imposaient les textes, la Palestine serait restée palestinienne et peut-être il n'aurait pas eu de conflit israelo-palestinien!
Voilà pour l'histoire et la religion quant aux prétentions territoriales israéliennes.
Qu'a fait la communauté internationale depuis le début de la tragédie palestinienne à la suite des accords de Seys-Picot et la déclaration Balfour (1916 /1917) ?
Les impairs et péchés de la communauté internationale
La question palestinienne a au moins 70 ans en tant que conflit dominant au Moyen-Orient ; il s'agit avec le Cachemire (objet de tensions entre Indiens et Pakistanais) un des plus vieux conflits au monde.
On est en droit de se poser une légitime question sur cette longévité.
Pourquoi la communauté internationale n'a pas cherché ou du moins réussi depuis le plan du partage (29 novembre 1947) à imposer une solution durable et juste dans cette région du monde. Et pourtant, dans le cas d'espèce, la nature de conflit est limpide (un cas de colonisation), le droit depuis la résolution 181 de l'ONU est favorable aux palestiniennes.
Et alors pourquoi un tel enlisement?
La richesse de la région (64 % des réserves mondiales de pétrole) et son importance géopolitique (carrefour de navigation) ont fait que les puissances occidentales dont les besoins en hydrocarbures sont énormes, ont plutôt cherché par TOUS les moyens (installations de bases militaires, pactes régionaux, coups d'état, intervention directes) à dominer le Moyen-Orient.
Ce qui explique, en partie, la permanence de ce conflit.
La question qui se pose, a-t-on le droit, sous prétexte d'intérêts purement et bassement matériels et de considérations cyniques, de priver un peuple de sa terre et de son droit à l'existence.
Il est vrai que dans les rapports internationaux, il n'y a pas de place aux sentiments.
Le secrétaire d'Etat John Foster Dulles, aurait dit dans les années 50 :
«Que l'Amérique n'a pas d'amis permanents, ni d'ennemis permanents, elle n'a que des intérêts permanents».
Et pourtant a-t-on l' obligation de ne pas revendiquer un minimum d'éthique et plus précisément de se mobiliser pour créer une sorte de conscience universelle autour des questions justes et les imposer dans l'ordre international et ce malgré les rapports de force géopolitiques mondiaux qui sont défavorables aux luttes de libération nationale du moins pour le cas palestinien [ 2].
C'est cette injustice commise à l'encontre de ce peuple depuis un siècle qu'il s'agit de dénoncer. Elle s'est traduite, entre autres, par la commission d'au moins 7 impairs politiques et juridiques inqualifiables.
1. Premier impair
Le 2 Novembre 1917, le ministre des affaires étrangères britanniques, Arthur James Balfour a fait une déclaration promettant un foyer national juif [2] en Palestine.
Au nom de quoi le Royaume –Uni fait une telle promesse ?
Il n'était ni puissance occupante (occupation devenue réelle en décembre 1917 et pas encore une puissance mandataire (il l'est devenu en 1922).
C'est là où réside le péché originel de la question palestinienne. C'est à partir de cette missive envoyée à Lord Lionel Walter Rothschild que le drame palestinien a commencé.
Depuis, un siècle durant, la communauté internationale occidentale a conduit une politique agressive contre les peuples arabes de la région et le palestinien en particulier. Le journaliste britannique Robert Fisk, un fin connaisseur de la région et dont la crédibilité est incontestée et incontestable, a parlé de guerre de civilisation [3].
2. Deuxième impair : le mandat, une usurpation historique
Au lendemain du premier conflit mondial, et suite au dépeçage de l'empire ottoman, le Moyen-Orient a été confié aux deux puissances dominantes de l'époque en l'occurrence le Royaume-Uni et la France. La Palestine historique a été remise au Royaume-Uni, dans le cadre du mandat créé par la SDN [4].
Pour faire court, ce système consiste à ce que la puissance mandataire administre le territoire dans la perspective de permettre à la population locale d'apprendre à s'autogouverner et accéder à l'indépendance une fois le niveau requis était atteint !
Cette accession devait avoir lieu à la suite d'un référendum ; c'était l'esprit du mandat. Surtout que le territoire de la Palestine faisait partie de la catégorie A autrement dit un territoire très évolué qui avait vocation à l'indépendance.
Le déni de justice réside dans le fait que les rédacteurs du mandat ont introduit un extrait de la déclaration de Balfour qui prévoyait la création d'un foyer national juif !
Comment peut –on à la fois prévoir un foyer national juif et prendre en considération les vœux de la population autochtone qui était majoritairement palestinienne jusqu'à ‘à la création de L'Etat d'Israël en 1948 ?
3. Troisième impair
Les années 30, l'Historien Arold Toynbee a estimé que l'encouragement du Royaume-Uni de l'émigration juive était une des principales causes du drame palestinien.
Voici ce qu'on peut lire dans un document, d'ailleurs fort intéressant de l'ONU sur la question palestinienne, le point de vue de l'Historien :
«Toynbee qui, avant d'atteindre la célébrité comme historien, s'était occupé directement du mandat sur la Palestine au Foreign Office britannique»
«Tout au long de ces 30 années, la Grande-Bretagne (a admis) en Palestine, année après année, un quota d'immigrants juifs qui variait en fonction des pressions exercées par les Arabes et les juifs respectivement. Ces immigrants n'auraient pu entrer s'ils n'avaient pas été protégés par des barbelés britanniques. Si la Palestine était restée sous la domination Turque ou si elle était devenue un Etat arabe indépendant en 1918, les immigrants juifs n'auraient jamais été admis en Palestine en nombre suffisant pour leur permettre de submerger les Arabes palestiniens dans leur propre pays. Si l'Etat d'Israël existe aujourd'hui , si aujourd'hui 1.500.000 Arabes palestiniens sont des réfugiés, c'est parce que pendant 30 ans, la puissance militaire britannique a imposé aux Arabes palestiniens l'immigration juive jusqu'à ce que les immigrants soient suffisamment nombreux et bien armés pour se défendre eux-mêmes avec leurs propres blindés et leurs propres aviations. La tragédie palestinienne n'est pas seulement une tragédie locale. C'est une tragédie qui concerne le monde entier parce que c'est une injustice qui menace la paix du monde.» [5]
4. Le 4ème et le 5ème :
Le quatrième et cinquième impair : Droit du peuple palestinien à disposer de lui-même, la déclaration de Balfour et le mandat britannique.
L'ONU créé un Etat, ce qui est jusqu'à présent une première au monde, et la puissance mandataire ne transforme pas le mandat en Tutelle [6] comme le prévoit la charte onusienne :
«Au sujet de la question fondamentale de l'autodétermination l'UNSCOP fit observer:
En ce qui concerne le principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, s'il a été internationalement reconnu à la fin de la première guerre mondiale, et s'il a été admis en ce qui concerne les autres territoires arabes à l'époque de la création des mandats « A », il ne s'appliquait pas à la Palestine car on avait sans doute l'intention de permettre la création d'un foyer national juif dans ce pays. En fait, il est permis de dire que le foyer national juif et le mandat conçu spécialement pour la Palestine vont à l'encontre de ce principe. »[7]
De 1917 à 1947 la population palestinienne a été condamnée à trois reprises : la déclaration de Balfour ne devait pas être faite parce que non-fondée, un mandat de la SDN détourné de sa finalité et une puissance mandataire qui refuse de transformer le mandat en tutelle et contribue avec l'ONU à la création de l'Etat d'Israël.
6. Le sixième impair : Le peuple palestinien est réduit à des réfugiés
Après avoir contribué à la création d'un Etat en l'occurrence Israël, refusé toute action à l'encontre de l' Etat mandataire à savoir la Grande-Bretagne qui n'a pas voulu ou pu respecter la charte de l'organisation mondiale qui exigeait la transformation du statut de la Palestine de mandat à Tutelle, l'ONU réduit le peuple palestinien à des réfugiés dans les termes de la résolution 242 du 22 novembre 1967.
Il n'est pas inutile de rappeler les dispositions les plus importantes de ladite résolution :
1. Affirme que l'accomplissement des principes de la Charte exige l'instauration d'une paix juste et durable au Proche-Orient qui devrait comprendre l'application des deux principes suivants :
a. Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit ;
b. Fin de toute revendication ou de tout état de belligérance, respect et reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de chaque Etat de la région et de son droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, à l'abri de menaces ou d'actes de violence ;
2. Affirme d'autre part la nécessité
a. De garantir la liberté de navigation sur les voies d'eau internationales de la région ;
b. De réaliser un juste règlement du problème des réfugiés ;
c. De garantir l'inviolabilité territoriale et l'indépendance politique de chaque Etat de la région, par des mesures comprenant la création de zones démilitarisées ;
d. Ce n'est pas seulement ce déni de justice qui est commis, mais en plus on relève que la version française et anglaise de la résolution ajoute la confusion à la confusion et permet à Israël de refuser de se retirer des territoires ; ainsi « Israël réclame ainsi des négociations directes avec les pays arabes et refuse de se replier sur les frontières d'avant la guerre des Six Jours.
e. Pour justifier son action, le gouvernement s'appuie sur la version anglaise du texte de la résolution (le texte a été rédigé en anglais et en français, les deux langues officielles de l'ONU en 1967) qui parle d'un retrait israélien «de territoires occupés» («fromterritoriesoccupied in the recentconflict»), ne précisant donc aucunement de quels territoires il s'agit («from ‘the' territories » aurait précisé l'origine des territoires), reniant ainsi la version française qui est nettement plus contraignante et qui parle « des territoires occupés lors du récent conflit».[8]
Non seulement l'ONU n'apporte aucune contribution déterminante, en dehors de l'ensemble de la littérature et des résolutions relatives à la question palestinienne, quant à une véritable solution, elle complique les possibilités de paix en adoptant une telle résolution.
7. Le septième impair : Une guerre de civilisation
Comme on l'a déjà signalé, l'Occident a conduit une guerre de civilisation [9] contre le monde arabe, ce n'est pas un slogan c'est une réalité objective depuis les accords de Sykes–Picot et surtout depuis 1945.
Durant la première étape c'était les puissances européennes notamment française et anglaise et après le deuxième conflit mondial les Américains ont pris le relai.
On ne fera pas l'histoire de ce conflit [10], mais on signalera les quelques faits de l'allié d'Israël le plus important à savoir la puissance américaine.
On citera quelques exemples de faits commis et d'attitudes adoptées par les autorités américaines.
Les 2 résolutions de 1975 et 1991 : la résolution la plus courte [11]
Le 10 novembre 1975, l'Assemblée générale de l'ONU adopta la résolution 3379[12], assimilant le sionisme à une forme de racisme.
Il semble que la mission permanente américaine auprès de l'ONU a fait de son abrogation un objectif prioritaire dans la mesure où pour ce faire elle a toujours procédé au dépôt systématique de projets de résolution successifs devant l'instance onusienne.
Elle a pu le faire en 1991 par le biais de la résolution 4686 ; il s'agit « de l'une des résolutions la plus courte de l'histoire de l'ONU » [13] ; elle a été libellée en ces termes « L'assemblée générale décide de révoquer les dispositions contenues dans sa résolution 3379 du 10 novembre 1975. »
Le contexte de la fin de la guerre froide, le début de processus de solution au Moyen-Orient (la conférence de Madrid, la victoire sur le président irakien Saddam Hussein et les perspectives du nouvel ordre international ont facilité, dans une certaine mesure, l'adoption de telle résolution.
Les déclarations des dirigeants américains, souvent excessives voire démesurées et agressives à l'encontre du monde arabe et de la question palestinienne ne se comptent pas ; on peut en citer quelques-unes :
* A une question relative à la mort de 500 000 enfants irakiens à la suite de l'embargo contre l'Irak décidé depuis 1991, Madeleine Albright avait affirmé que « ça valait la peine.» !![15]
*Le secrétaire d'Etat à la défense, Donald Henry Rumsfeld dans une réunion avec ses collaborateurs avait parlé « de territoires prétendument occupés » [16] en désignant les territoires palestiniens.
Le très «controversé » [17] ambassadeur américain en Israël, David Friedman, a considéré que les « colonies font partie d'Israël » [18] !!
Les présidents américains ne sortent pas du lot ; malgré son discours du Caire (1909) le président Obama ne fait pas exception ; sa promesse faite devant l'Assemblée générale de l'ONU en 2010 [19] de la création d'un Etat palestinien dans un délai d'un an. .En effet, un an après, cette promesse s'est vite évaporée dans son discours fait dans la même enceinte [20].
Les plans de partage concocté par » l'historien » Bernard Lewis et la secrétaire d'Etat américain CondoleezzaRice s'inscrivent dans la même stratégie d'endiguement de toute velléité de révolte et d'émancipation des peuples arabes et palestinien.
Enfin, et non la moindre, la décision du président américain Trump sur Jérusalem
En effet, il s'agit d'une demande lancinante du congrès américain visant à soutenir le transfert de la Capitale d'Israël de Tel-Aviv à Jérusalem et ce depuis 1995[14].
Trump «se trompe» d'époque
La permanence du soutien américain à Israël vient d'être rappelé à ceux qui doutent en encore ou s'apprêtent à pactiser avec Tel Aviv !!
Le président américain Trump, dans une déclaration, vient de décider que Jérusalem est la capitale d'Israël et qu'il compte transférer son ambassade dans la ville sainte.
Pourquoi la décision du président américain intervient aujourd'hui ;
Quelles en sont les raisons ?
Les raisons sont nombreuses mais on peut en citer quelques-unes,sans revenir à la longue histoire de ce conflit depuis 1917, on pourrait se contenter de celles liées à l'actualité récente :
Ø Depuis le printemps arabe, la question palestinienne a presque disparu des agendas internationaux
Ø Le monde arabe est dans un état plus que piteux et désastreux ; il ne peut rien dans la mesure où une partie a montré sa prédisposition à la traîtrise .L'Arabie Saoudite, Qatar et EAU… en tête et d'autres.
Ø Les victoires des Iraniens, Irakiens, Syriens et Hezbollah avec le soutien des Russes contre le groupe occidental, les pays du golfe et la Turquie ne sont pas étrangères à telle décision ; elle revêt à la fois un aspect de diversion (fragilité interne du président ) et de détermination et ce pour essayer de peser sur les acteurs victorieux dans la région ; Daech a été créé pour détruire la région. L'objectif n'est pas totalement atteint. Sykes-Picot II n'est pas encore, du moins pour le moment, pour demain.
Le soutien occidental à l'entité israélienne (et aux Juifs avant) n'est pas nouveau ; depuis 1917 c'était la constante. Le journaliste anglais Robert Fisk,, un grand connaisseur de la région, parlait de guerre de civilisation.
La reconnaissance américaine n'est pas seulement formelle (n'est pas un changement d'adresse) mais revêt un aspect quasi civilisationnel sans être religieux. L'Occident, ou du moins certains milieux belliqueux voire criminels, veut en faire un conflit religieux.
Cette stratégie de containtment occidental, américano-israélien s'assignait comme objectif d'éliminer toute velléité de libération et d'émancipation des peuples de la région.
D'aucuns diraient la théorie du complot que clament les Arabes chaque fois qu'ils sont défaits ; la géopolitique régionale et la réalité objective anciennes et actuelles l'emportent sur les dénégations hypocrites du monde occidental.
L'épisode de Daech en est la dernière illustration et la position de Trump sur Jérusalem ne trompe personne.
L'ONU, Trump et Jérusalem : les déboires d'un président
Le 18 décembre 2017, au sein du Conseil de Sécurité 14 Etats , y compris les plus proches alliés des USA à savoir la France et le Royaume Uni, ont condamné la décision du président américain ; grâce à leur véto la résolution n'a pas été adoptée.
Quelques jours plus tard, au sein de l'Assemblée générale de l'ONU le désaveu a été sans nuance : 128 pays ont voté la résolution, 35 se sont abstenus et à peine 9 ont voté contre ; on y relève quelques îles et des petites Etats en plus d'Israël et des Etats Unis. La plus grande puissance au monde est désavouée par la majorité de la communauté internationale et ce malgré les menaces proférés, sans vergognes, par la représentante américaine à l'ONU contre tous ceux qui voteraient pour la résolution condamnant la position américaine.
Stratégie antiterroriste adoptée depuis 2001 par G. Bush Junior la guerre contre l'Irak en 2003.. , islam assimilé à l'islamisme voire au terrorisme, Tout est fait pour détruire le monde arabo-musulman, protéger Israël et liquider la question palestinienne.
Pour les occidentaux : des vérités à savoir et surtout à ne pas évacuer
A l'aune de la situation au Moyen-Orient,
Les musulmans ne doivent pas être assimilés allègrement à des terroristes ou l'islam au terrorisme.
La quasi-totalité des musulmans vivant en Occident pratiquent normalement leur culte.
Les terroristes n'ont rien avoir avec l'Islam.
La majorité des terroristes vient de la délinquance et ignore tout de l'islam.
Les conditions socio-économiques de cette minorité ne peuvent pas, à elles seules, expliquer leur comportement innommable.
La situation au Moyen-Orient (le sort réservé au peuple palestinien depuis au moins 70 ans) peut expliquer ou du moins être utilisé par la propagand djihadistes comme prétexte et support de mobilisation.
Et en dépit de tout, la géopolitique moyen-orientale ne doit pas être évacuée (pétrole et sécurité d'Israël…).
Le dérapage de cette minorité peut aussi s'expliquer par l'absence de la mutation de l'islam.
Rappelons que l'Europe a eu ses guerres de religion il y à peine 2 siècles et demi.
Rappeler et expliquer n'est pas justifier.
Le monde musulman vit deux temporalités ; il faudrait qu'il ajuste l'Islam rêvé et idéalisé aux exigences du temps moderne.
Les puissances occidentales, les pays pétroliers (l'Arabie et le Qatar) et les frères musulmans d'Egypte, du Qatar et de la Turquie créateurs et sponsors de Daech doivent rendre des comptes à la communauté internationale et s'expliquer devant l'histoire.
Marrakech le 4 septembre 2018
*Ce papier a été présenté lors de notre symposium international sur la Palestine , organisé le 1,2 et 3 novembre 2017 ; il a été actualisé en 2 temps à l'aune des récentes péripéties du Moyen-Orient .
*Professeur de sciences politiques et de géopolitique


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