La communauté arabe en Espagne a fait de mai un mois de solidarité avec le peuple palestinien qui continue de souffrir la négation de ses droits, des affres de l'exil et de la perte de sa terre il y a 64 ans. Cet épisode de son histoire est désigné dans les manuels d'histoire et écrits politiques comme la « Nekba », la grande catastrophe qui avait provoqué l'expulsion des deux tiers du peuple Palestinien de sa terre, en 1948. Les multiples actes et journées organisés à Madrid par le collectif palestinien et l'Association des Journalistes et Ecrivains Arabes Espagne (APAEE) représentent à ce titre la reconnaissance de l'identité nationale et culturelle des palestiniens. Ils ont aussi pour objectif la sensibilisation de l'opinion publique occidentale aux grandes horreurs commises par l'entité israélienne à l'encontre du peuple palestinien et la dénonciation de la conspiration des grandes puissances mondiales qui feignent œuvrer pour la résolution du conflit arabo-israélien. La Nekba est chronologiquement située à 1948 mais de nombreuses autres faits dramatiques l'avaient précédée qui devaient être également qualifiés d'événements néfastes pour le peuple palestinien. Il suffit seulement d'en citer trois : les accords Sykes-Picot du 16 mai 1916, la Déclaration Balfour du 2 novembre en 1917, et le rapport de la commission britannique Peel du 7 juillet 1937 qui prônait la cession de 33% du territoire palestinien à un Etat juif. Ce sont quelques éléments qui avaient préparé le terrain pour la « grande Nekba » du peuple palestinien mais aussi pour créer un foyer de tension permanente au cœur du monde arabe. Aujourd'hui, à l'issue d'une infinité de résolutions de l'ONU, des plans de paix sciemment avortés par les israéliens (particulièrement les Accords d'Oslo du 13 septembre 1993) et l'entêtement des dirigeants de Tel Aviv de se soumettre à la volonté internationale, les palestiniens continuent de panser leurs plaies et résister, et, faire en même temps des propositions pour instaurer la paix dans la région. Indépendamment des violations quotidiennes de leurs droits par la soldatesque israélienne, la démolition de leurs demeures ou les indéterminables et humiliants contrôles aux « check - points » (points de passage entre différentes localités palestiniennes), les palestiniens tentent de vaincre les obstacles qui leur sont plantés pour rétablir leurs droits. Le concept de Nekba est désormais synonyme de l'occupation de la terre, du temps et des émotions et surtout de la négation au palestinien du droit de jouir de ses ressources, naturelles, ses eaux, la liberté de mouvement et d'expression, de création de richesse et d'accès à ses ports et ses pêcheries. L'occupation israélienne est globale et envahit les manuels et programmes scolaires, les modes d'échanges commerciaux tout en dénaturant l'histoire de la Palestine et du Moyen-Orient. En face, l'Europe paraît séquestrée par Israël pour s'abstenir de condamner les actes barbares commis en territoires palestiniens et la vulnération systématique des droits de leurs authentiques habitants. Pourtant, l'histoire retient que de nombreux palestiniens pacifistes, tels Yasser Arafat, Edward Saïd ou Mahmoud Darwich n'ont cessé durant plus de soixante ans de clamer la paix et le droit de tous de vivre en paix sur la même terre. La question palestinienne doit être ainsi analysée en termes de droits puisque ce sont 7.000 prisonniers politiques palestiniens dans les geôles israéliennes et 20% de la population d'Israël d'origine palestinienne vivent dans la marginalisation, la discrimination et dans des conditions dignes de l'apartheid. En dépit de cette politique d'exclusion, Israël a échoué dans son projet de création d'une société civile. C'est une entité composée de 93 communautés différentes. Il a également échoué dans la création de relations normales avec ses voisins et il est otage de son économie de guerre. Pour le peuple palestinien, la meilleure forme de résister à l'occupation est de se maintenir sur sa terre en dépit des multiples stratégies d'Israël de lui rendre la vie dure pour le forcer à l'abandonner.