Le Marocain Moncef Slaoui, nommé mercredi par le président américain Donald Trump pour superviser l' »Operation Warp Speed » visant l'accélération du développement et la distribution d'un vaccin contre le coronavirus, est un immunologue de renommée planétaire, qui a déjà dirigé le développement de plusieurs vaccins ayant eu d'immenses répercussions positives sur la santé publique dans le monde. Ce natif d'Agadir en 1959, qui profitait d'une retraite dorée en Pennsylvanie après une carrière florissante de plus de 30 ans chez le groupe pharmaceutique britannique Glaxo Smith Kline (GSK), devrait notamment veiller à rendre 100 millions de doses du vaccin anti-coronavirus disponibles en novembre, 200 millions en décembre et 300 millions en janvier. Un défi de taille sachant qu'il faut au moins un an à 18 mois pour qu'un tel effort soit concluant, selon les experts. Dans son nouveau poste, M. Slaoui, qui sera assisté par le général quatre étoiles Gustave Perna, aidera à coordonner le développement des vaccins et des traitements Covid-19 entre les départements américains de la santé et des services sociaux et de la défense. Sa nomination intervient deux semaines après l'annonce par le Locataire de la Maison Blanche de l'opération visant à accélérer rapidement la production et à organiser les plans de distribution d'un vaccin contre le coronavirus, le virus à l'origine de la maladie Covid-19 qui a atteint plus de 1,3 millions d'Américains et fait plus de 82.000 morts dans le pays devenu l'épicentre mondial de la pandémie. Moncef Slaoui a toujours voulu être médecin. Après son bac obtenu au lycée Mohammed V de Casablanca, il s'envole pour la Belgique pour poursuivre des études supérieures. Mais faute de place, il s'inscrit en biologie où il décroche une licence, puis un doctorat en biologie moléculaire et immunologie de l'Université Libre de Bruxelles. Voulant renouer avec son rêve d'enfance de devenir médecin, le Dr. Slaoui commence, en 1983, des études postdoctorales à la prestigieuse Harvard Medical School et à la Tufts University School of Medicine, à Boston, mais n'en parvient pas à obtenir de diplôme à cause de contraintes d'ordre professionnel. En 1988, Moncef Slaoui rejoint GSK où il commence une carrière très distinguée dans la recherche et développement (R&D) de vaccins et a dirigé le développement de nombreux vaccins qui sont utilisés dans le monde entier. En 2016, il a été reconnu comme l'un des « 50 plus grands leaders mondiaux » par le magazine Fortune pour son travail sur les maladies sous-recherchées qui sont courantes dans le monde en développement. Au sein de GSK, le Dr Slaoui a été président de la R&D pharmaceutique et de la division vaccins jusqu'à 2017 où il a dirigé la refonte de la R&D pharmaceutique et repensé son organisation de découverte. Il a conçu un panoplie de vaccins qui ont eu d'immenses répercussions sur la santé publique dans le monde, notamment des vaccins contre les maladies pneumococciques et le rotavirus, deux des principales causes de décès d'enfants dans le monde, ainsi que des vaccins contre le zona et le VPH, le virus qui cause cancer du col utérin. Il a également supervisé la branche de capital-risque de GSK, SR One et d'autres partenariats de capital-risque, ainsi que sa stratégie révolutionnaire de R&D en bioélectronique. Il est également membre de l'équipe de direction de l'entreprise et de son conseil d'administration. Durant sa carrière à GSK, il a aussi mené une refonte profonde de la R&D pharmaceutique de la compagnie, entraînant une amélioration substantielle de la productivité, avec une panoplie de produits en phase avancée comprenant plus de 30 programmes de phase III et une organisation de découverte totalement repensée comprenant 38 unités de performance de découverte hautement ciblées. Ces succès lui ont valu une reconnaissance inoubliable chez GSK qui a baptisé en son nom l'édifice monumental de son centre de recherches sur les vaccins situé à Rockville, dans la banlieue de la capitale Washington. Cet ancien professeur d'immunologie à l'Université de Mons, en Belgique, est l'auteur de plus de 100 articles et présentations scientifiques et est membre du conseil d'administration de la Fondation PhRMA, du conseil consultatif de la Fondation du Qatar, du comité consultatif du directeur du National Institutes of Health des Etats-Unis, du conseil d'administration de la Biotechnology Industry Organization et du conseil d'administration de l'Initiative internationale pour un vaccin contre le sida. De même, le chercheur marocain a des liens avec plusieurs sociétés pharmaceutiques engagées dans la réponse Covid-19. GSK travaille au développement d'un vaccin Covid-19 avec Sanofi, et le Dr Slaoui siège aussi au conseil d'administration de Moderna, l'une des premières sociétés à mener des essais cliniques sur un vaccin Covid-19. La nomination de M. Slaoui pour superviser le développement d'un vaccin contre le coronavirus a été hautement saluée par la communauté scientifique. Jim Greenwood, président et chef de la direction de Bio, l'organisation de l'industrie biotechnologique, a relevé que Slaoui était un excellent choix et quelqu'un qui a toujours défendu l'excellence scientifique. « Au cours de sa longue carrière, il a démontré un fort engagement envers la santé publique, l'innovation et un partenariat public-privé qui sont essentiels pour établir les collaborations dont nous avons besoin pour apporter de nouveaux produits thérapeutiques, diagnostics et vaccins au peuple américain », a déclaré Greenwood dans un communiqué.