Au moment où toutes les composantes du pays s'ingénient à faire face, dans la synergie absolue, à la pandémie qui frappe le monde entier, toute l'opinion publique nationale est détournée vers un autre sujet «marginal». Il s'agit de la récente fuite de la loi 20-22 sur les réseaux sociaux qui provoque un réel tollé dans les milieux politiques et intellectuels du royaume. La sortie de ce document qui enflamme si fort tous les supports médiatiques, n'est pas du tout «innocent», de par son contenu à caractère inopportun et liberticide. A priori, cette esclandre qui surgit sur les tribunes de communication tente, en vain, de semer l'embrouille, à un temps de haute intensité endémique. Le ton monte d'un cran, puisque sitôt que le projet a circulé hors des tiroirs de la partie gouvernementale, d'un pas furtif, les voix de désaccord s'élèvent tellement véhémentes que le complot feutré se démystifie, au grand jour. Confinés et respectueux des règles restrictives de l'état d'urgence, on ne manque guère à s'opposer fermement à l'un des principes fondamentales de la démocratie que la Nation est en train d'instaurer. Touche pas à ma liberté, semble dire les marocains à ceux qui tentent de la leur confisquer. Je me souviens bien, au début des années 80, face à des élèves en classe, tout pétillants de joie, quand je leur faisais écouter la fameuse chanson de Serge Reggiani «Ma liberté» dont le premier refrain dessinait du plaisir sur les yeux des gamins obnubilés : «Ma liberté, longtemps je t'ai gardée, comme une perle rare. Ma liberté, c'est toi qui m'as aidé à larguer les amarres!». Les enfants aiment la liberté, les adultes également. Mais, chacun à sa propre liberté. Celle des grands est synonyme du sens et de l'essence de la vie en commun. On ne peut donc leur en priver l'existence. Les marocains veulent être libres afin de se sentir existants, attachés à leur patrie et prêts à s'y sacrifier. Ils le prouvent encore, sous l'attelage de la pandémie, comme ils l'ont fait sous le joug des colons, il y a six décennies. Aujourd'hui, l'autrui est admiratif de la vaillance dont le Maroc fait montre face à l'épidémie. Avec ses propres moyens et comblé de foi, il s'attaque au sort qui s'abat sur l'humanité. Pour ce faire, il agit avec sagesse et doigté dans les diverses phases pandémiques en procédant par méthode, efficience et souveraineté. Il s'affronte à cette épreuve épidémique au grand service des populations qui se mobilisent, corps et âme, en se confirmant aux mesures dictées, dans la confiance et la fidélité, par l'Autorité sanitaire et sécuritaire. Au terme de quelques semaines, il s'adjuge un bilan qui fait envier les grandes puissances. Sans avoir nullement le sentiment de triompher, il continue son combat contre le virus, en multipliant les démarches, au fil du temps. Il pense déjà à la stratégie de déconfinement et aux plans de reprise et de relance. Mais, il sait que la guerre n'est guère finie, pour un ennemi imprévisible. A voir actuellement les difficultés des nations voisines qui se tordent sous les jérémiades des milliers de décès et dizaines de milliers de cas atteints, elles n'en reviennent et demeurent sans voix. Devant tous ces éloges qui nous viennent d'outre-mer, il y a des malins de chez nous qui estiment avoir l'aubaine, sous l'occupation endémique, de faire passer une loi assassine, attentatoire à la liberté. Ces petites gens qui croient faire la roue du paon, à l'attitude hautaine, ne se rendent pas compte qu'ils ne font, en fin de compte, que se découvrir le derrière, pareil à cette pauvre volaille au plumage chatoyant.