Quand l'émotion prime, les mots se déclinent. Dans un auditorium archicomble, à la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM) à Rabat, le capitaine Ali Najab a présenté mardi fin après midi, ses mémoires de prisonnier de guerre «25 ans dans les geôles de Tindouf» paru chez les éditions de «La Croisée des Chemins». Une expérience de vie à la fois difficile et douloureuse… l'auteur livre à cœur ouvert dans ce récit tragique son calvaire, les tortures et les humiliations qu'il avait subis dans les prisons du Polisario pendant un quart de siècle. Le livre est également un devoir de mémoire envers tous les détenus et les martyrs de la patrie qui ont consacré leurs vies à la partie. En effet, la présentation était un moment solennel où les mots sont mêlés avec l'émotion. A l'issue, le capitaine de l'armée de l'air marocaine a partagé avec le public qui a afflué nombreux son expérience et celle des compagnons de bagne de 9.125 jours de l'humiliation et de souffrances dans camps de Tindouf. Très ému, Ali Najab s'est exprimé sur les jours noirs qu'il avait vus et vécus. «Les prisonniers étaient soumis à des travaux forcés et continuellement affamés et assoiffés, en manque de soins médicaux et de traitements», a-t-il fait savoir. Selon lui, la torture était chez ses tortionnaires une pratique «institutionnalisée». En outre, l'écriture a cette fonction de panser les plaies, mais aussi de mettre à nu les violations et des violences des séparatistes. Dans cette optique, l'auteur du livre a affirmé que les prisonniers marocains étaient victimes de traitements inhumains, durs, cruels et barbares. En outre, derrière les barreaux de la prison, il y a toujours une lueur de l'espoir d'embrasser la liberté et de retourner à la partie, à la terre mère. A l'occasion, Ali Najab n'a pas manqué de rendre un vibrant hommage à sa fille Ola et son épouse Atika Saiagh qu'il a poussé à écrire ce livre qui a gardé selon lui « la tête haute malgré tous les obstacles et a veillé à la stabilité du foyer familial». Toutefois, «25 ans dans les geôles de Tindouf», ce livre de 21 chapitres regroupant des témoignages poignants est une preuve pour l'histoire. D'où aussi son importance et sa valeur. «Les militaires évitent d'écrire leurs mémoires, sûrement pour cause d'une interprétation exagérée du devoir de réserve», a précisé l'historien et directeur des archives du Maroc, Jamaâ Baida. D'après lui, cet ouvrage viendra non seulement pour meubler les étagères des bibliothèques marocaines, mais aussi et surtout il va combler ‘'une lacune en offrant ainsi une source documentaire riche en événements historiques». Et parce que la traduction est un moyen d'attendre un grand lecteur des quatre coins du monde, le directeur des archives du Maroc a souligné à l'importance de sa traduction en d'autres langues dont l'arabe, l'anglais et espagnol. Ainsi, l'écrivain et journaliste Mohamed Seddik Maâninou a salué le courage et la rigueur du capitane. «Malgré tous les préjudices subis, Ali Najab, officier et aviateur, a constamment défendu l'unité territoriale en terre ennemie», a-t-il dit. Un moment fort! C'est dans le partage que cette présentation a été faite. «La présentation des mémoires de guerre de Ali Najab «25 Ans Dans les Geôles de Tindouf» aujourd'hui à la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc a été un moment unique. Un moment de communion, un moment d'émotions, et surtout un moment où le sentiment de Patriotisme s'est exprimé à chaque mot, à chaque phrase, à chaque geste, a témoigné l'acteur associatif, Ayad Lemhouer.