Dans un communiqué en date de vendredi dernier, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou avait informé le président Poutine de la mise en service d'un premier régiment équipé des nouveaux systèmes stratégiques hypersoniques «Avanguard». Jugeant que le déploiement de ce missile «pratiquement invincible» aux dires du président russe dès lors qu'il peut filer à une vitesse de Mach 20 et qu'il est même capable d'atteindre Mach 27, soit 27 fois la vitesse du son donc à plus de 33.000 kilomètres par heure donc d'atteindre sa cible dans n'importe quelle partie du monde, est «un évènement fantastique pour le pays et pour les forces armées, le ministre en a profité pour «féliciter» les militaires russes. Pour rappel, lorsqu'il avait été testé en décembre 2018, le missile «Avanguard» avait été comparé, par Poutine, au Spoutnik, ce «premier satellite artificiel de la Terre», lancé en 1957 et qui, en ces temps de guerre froide, avait symbolisé l'avancée technologique de l'Union Soviétique sur les Etats-Unis. «Avanguard» est donc, pour le président russe, «un système de missile intercontinental, pas balistique» et une «arme absolue» qu'aucun autre pays ne possède. Les autres nouveautés dans l'arsenal militaire russe sont le «Sarmat», ce missile lourd balistique intercontinental de cinquième génération qui n'aurait «pratiquement pas de limite en matière de portée », un drone sous-marin à propulsion nucléaire, d'autres missiles hypersoniques destinés aux chasseurs russes, un mystérieux «laser de combat» et, enfin, «Koupol», ce bouclier spatial antimissile dont les contours restent encore mystérieux. Cette annonce intervient alors que la Russie et les Etats-Unis ont suspendu le 2 Août dernier leur participation au traité INF sur les forces nucléaires à portée intermédiaire qu'ils avaient signé avec l'ex-URSS en 1987 et alors que le traité START signé, par Washington et Moscou, en Juillet 1991 au titre de la réduction des arsenaux nucléaires expire en 2021. Ainsi, comme l'a déclaré Alexandre Saveliev, chercheur au Conseil russe des affaires étrangères, «plus rien ne limitera la nouvelle course aux armements nucléaires entre les Etats-Unis et la Russie» alors même qu'ils s'accusent mutuellement de chercher une nouvelle course aux armements. Reconnaissant, en juillet dernier, que les défenses de l'OTAN «ne sont pas en mesure d'abattre un missile de croisière tiré depuis la Russie» mais désapprouvant toute nouvelle course aux armements, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'alliance atlantique estime que, dans ce nouveau contexte stratégique, il appartiendra, désormais, à cette dernière d'adapter sa posture de dissuasion et de défense pour garantir la sécurité du vieux continent. Ainsi, après la course aux armements qui avait prévalu durant la guerre froide, les Etats-Unis et la Russie se trouvent, désormais, libres de poursuivre les programmes de développement des arsenaux nucléaires qu'ils s'étaient eux-mêmes interdit de lancer. C'est donc à ce titre que Moscou a déployé son missile hypersonique «Avanguard» et que Washington va saisir cette occasion pour moderniser son équipement afin de contrer, par ailleurs, la montée en puissance de la Chine qui s'est attelée au développement d'un puissant arsenal de missiles de portée intermédiaire. Mais il n'y a pas que Pékin qui a fait son entrée sur le terrain de l'armement nucléaire puisqu'en déclarant, ce 1er Janvier, la fin du moratoire sur les essais nucléaires et sur les essais de missiles balistiques intercontinentaux Kim Jong-un, le leader nord-coréen, a annoncé que «le monde va découvrir, dans un proche avenir, la nouvelle arme stratégique que détient la Corée du Nord». Ainsi si, durant la «guerre froide», il n'y avait que deux protagonistes sur la ligne de départ de la «course aux armements» qui avaient créé deux blocs opposés, force est de reconnaître qu'aujourd'hui de nouveaux «coureurs» ont fait leur apparition. Combien sont-ils au juste ? Difficile d'y répondre pour l'heure mais l'on sait que les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, Israël, l'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord qui disposent, déjà, de l'arme nucléaire pourront, le moment venu, mettre leurs pieds dans les starting blocks pour n'être alignés ni sur l'un ni sur l'autre et conférer, ainsi, une nouvelle physionomie à l'épreuve. Quel sera donc le visage de la nouvelle course aux armements dont le départ sera, incontestablement, lancé incessamment ? Attendons pour voir…