«J'ordonne aux ministres russes de la Défense et des Affaires étrangères(…) d'analyser le niveau de menace crée pour notre pays par les actes des Etats-Unis et de prendre des mesures exhaustives pour préparer une réponse symétrique» a déclaré, ce vendredi, le Président russe Vladimir Poutine lors d'une réunion de son Conseil de sécurité faisant suite au lancement, dimanche, par Washington, d'un missile de portée intermédiaire depuis l'île de San Nicolas, au large de la Californie qui n'est pas «le résultat d'une improvisation mais un maillon de plus dans une chaîne d'évènements planifiés depuis longtemps et qui ne fait que confirmer le fondement de nos préoccupations exprimées auparavant». Ce tir – bien qu'étant officiellement le premier depuis la fin de la «guerre froide» – fait craindre une nouvelle course aux armements alors que celle-ci était supposée avoir disparu avec la signature en 1987 du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF). Signé le 8 Décembre 1987 à Washington par le Président américain Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, alors Secrétaire Général du Parti Communiste de l'Union Soviétique, cet accord qui avait mis un terme à la fameuse «crise des euromissiles» déclenchée par le déploiement en Europe des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires, visait le démantèlement, par les deux pays, de leurs missiles de croisière et balistiques ayant une portée «intermédiaire» se situant entre 500 et 5.500 kms. Ratifié dès le lendemain par le PCUS puis le 27 Mai 1988 par le Sénat américain, l'accord est entré en vigueur le 1er Juin 1988 sans aucune limitation de durée. Mais, du côté russe, Vladimir Poutine n'a pas cessé, depuis 2007, de le remettre en question au motif qu'il desservirait les intérêts de la Russie face au développement de missiles par la Chine et au déploiement, par Washington, en Pologne et en Roumanie, du système de défense anti-missiles Aegis Ashore pouvant servir au lancement de missiles de croisière à destination du territoire russe. Mettant en cause le missile russe 9M729 qui, selon Washington, aurait une portée de 1.500 kms même si Moscou refuse de le reconnaître, Donald Trump avait, dès Octobre 2018, annoncé son intention de faire retirer son pays dudit traité. Aussi, si le 1er Février 2019, les Etats-Unis avaient officiellement «suspendu leurs obligations en vertu du traité INF», Moscou avait, dès le lendemain, annoncé son retrait dudit accord. Or, en réitérant, devant le Conseil de sécurité de son pays, le souhait de Moscou de ne point s'engager dans «une course aux armements coûteuse et destructrice», Vladimir Poutine a tenu à rappeler que la Russie «reste toujours ouverte à un dialogue constructif et d'égal à égal avec les Etats-Unis afin de rétablir la confiance et de renforcer la sécurité internationale». Ainsi, avec la mort du Traité de 1987 sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), le seul accord nucléaire bilatéral encore en vigueur entre les Etats-Unis et la Russie est le traité START (I, II & III) supposé maintenir les arsenaux nucléaires des deux pays bien en-deçà de leur niveau durant la «guerre froide» et qui prendra fin en 2021. D'ici-là, le monde se dirigera-t-il, encore une fois, vers une course effrénée aux armements au risque de signer son arrêt de mort ? Osons espérer que le bon sens prévaudra et attendons pour voir…