Soucieux de mettre fin aux allégations, de plus en plus persistantes depuis la révision constitutionnelle intervenue, par voie référendaire, en mai dernier et afférentes à son désir de se maintenir à la tête du Burundi, Pierre Nkurunziza a déclaré, au cours d'une cérémonie de vœux à l'adresse des corps de la défense, de la sécurité et du renseignement, dans un discours relayé par divers médias locaux, dont la radio d'Etat RTNB, que les rumeurs portant sur sa probable candidature aux élections présidentielles qui, en étant couplées aux élections législatives et communales, se tiendront le 20 mai 2020, n'ont «aucun fondement», qu'il ne sera «pas candidat» à cette élection présidentielle et que le «parti va présenter un autre militant». Il ajoutera même que, «le moment venu, c'est au Congrès national du CNDD-FDD (Conseil National pour la défense de la démocratie – Forces de défense de la démocratie), la formation politique au pouvoir, de choisir celui qui le représentera aux présidentielles de 2020. «Cette fête est ma dernière» dira-t-il à l'assistance, car «l'année prochaine, à la même période, ce n'est pas moi qui prendra la parole (mais) un nouveau chef de l'Etat (alors) multipliez par trois, auprès de mon successeur, l'engagement que vous m'avez manifesté au cours de ces 15 dernières années». Ainsi, à cinq mois des prochaines élections présidentielles et à deux mois du dépôt des candidatures, le chef de l'Etat s'obstine toujours à ne point dévoiler le nom de son «dauphin» alors même que c'est lui-même qui, par l'entremise du parti qu'il dirige, contrôle tous les leviers du pouvoir. Pour rappel, Pierre Nkurunziza, 54 ans, avait accédé à la magistrature suprême du Burundi à l'issue des accords de paix d'Arusha d'Août 2005 qui avaient mis fin à la décennie de guerre civile qui avait ravagé le pays. Mais, après deux mandats successifs de 5 années chacun, l'intéressé avait décidé, en Août 2015, de briguer un 3e mandat. Cette décision, que l'opposition avait considérée comme étant illégale, avait replongé le pays dans une grave crise sécuritaire et politique qui, selon l'ONU et diverses organisations de défense des droits de l'Homme, aurait fait plusieurs centaines de morts et poussé à l'exil plus de 360.000 personnes. Aussi, Pancrace Cimpaye, un des dirigeants du Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie (MSD), opposition, redoute-t-il une réédition des évènements de 2015 quand le président s'était maintenu au pouvoir pour ne pas se soustraire aux «exigences» des militants du parti qui étaient descendus dans la rue afin d'implorer «le Guide Suprême et Permanent Pierre Nkurunziza» de rester à la tête de l'Etat. Or, pour tout observateur averti, le «silence» du président Pierre Nkurunziza ne résout point la question de sa succession mais, au contraire, soulève de nombreuses interrogations quant à l'avenir du pays. Alors attendons pour voir…