«Les droits à la vie et à l'intégrité physique et psychique ont subi de graves violations (…) Il y a répétition de comportements tels que l'utilisation aveugle d'armes à feu, le déshabillage dans les unités de police, la torture et d'autres traitements cruels inhumains ou dégradants et le recours aveugle à la force contre des manifestants pacifiques». C'est ce qui ressort du rapport dressé ce lundi par l'Institut national des droits humains (INDH) – organisme indépendant – à propos du mouvement de protestation que connaît le Chili depuis le 18 Octobre dernier du fait de la hausse brutale du prix du ticket de métro à Santiago, la capitale du pays. Les affrontements avec la police se seraient soldés par la mort de 26 personnes, pour leur grande majorité durant les 9 jours qu'avait duré l'état d'urgence qui avait été décrété dès le début du mouvement de contestation. Cette fronde inédite contre le gouvernement du président Sebastian Pinera est tellement nourrie par un profond ressentiment face aux inégalités sociales qu'elle s'est même amplifiée malgré l'annulation de cette mesure. L'exposé de l'INDH va dans le même sens que ceux rédigés, au même titre, par d'autres organisations de défense des droits humains; à savoir, Amnesty International, Human Rights Watch ou encore le Haut-Commissariat aux Droits Humains de l'ONU. Ainsi, dans son compte-rendu en date de vendredi, le HCDH dénonce le fait que «le contrôle des rassemblements par les carabiniers ait été effectué d'une manière fondamentalement répressive (et que) certaines violations des droits de l'homme, en particulier l'utilisation inappropriée d'armes moins meurtrières et des cas de mauvais traitements, aient été récurrentes dans le temps et dans l'espace». L'instance onusienne considère, également, qu'il y a de très fortes raisons de croire que des carabiniers et des soldats chiliens aient pu commettre un nombre important de violations graves des droits de l'homme et, par un recours excessif ou inutile à la force, se soient rendus coupables de tortures, de blessures, de violences sexuelles, de mauvais traitements, de détentions arbitraires et même de meurtres. Aussi, cette dernière, a-t-elle recommandé au Chili de surseoir immédiatement à l'usage aveugle de fusils anti-émeutes, de n'utiliser les gaz lacrymogènes qu'en cas de force majeure et jamais à l'intérieur des établissements d'enseignement ou de santé et a appelé le gouvernement à «veiller à ce que les forces de sécurité garantissent la responsabilité des violations des droits humains et reconnaissent ces violations». Michelle Bachelet, la Haute Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme prévoit l'ouverture à Santiago d'un Bureau régional des Nations-Unies pour les droits de l'homme en Amérique du Sud. Reconnaissant, enfin, que pour les besoins de l'enquête les représentants du HCDH se sont vus accorder, par le gouvernement chilien, un libre accès aux hôpitaux, aux centres de santé ainsi qu'aux lieux de détention – fussent-ils postes de police ou prisons – Michelle Bachelet préconise, enfin, la participation active de la société civile pour évaluer, dans trois mois, la mise en œuvre des recommandations contenues dans le rapport du HCDH à l'effet de mettre fin aux évènements «tristes et inquiétants» qu'a vécu le Chili ces deux derniers mois. Les recommandations de l'instance onusienne seront-elles suivies d'effet afin que la rue chilienne puisse retrouver son calme et que le Président Pinera ne soit point assimilé à un nouveau Pinochet ? Attendons, pour voir…