Depuis notre indépendance, le secteur de la santé est constamment confronté à de nombreux problèmes qui sont multiples et variés. Il peut s'agir des ressources humaines, du financement, des soins, des infrastructures, de la gouvernance, des grèves, de la motivation… Bref, la liste est longue, cependant on parle peu de la rupture de stock de certains médicaments et de leur impact sur la santé des patients. La rupture de stock de certains médicaments peut être très grave, surtout quand il s'agit d'un produit médicamenteux vital. C'est fut le cas dernièrement, et plus exactement depuis juillet 2019, de la rupture du Levothyrox, médicament vital utilisé pour traiter les troubles de la thyroïde. Il est utile de rappeler ici si besoin est, ce que risque un malade qui est privé de son médicament à cause d'une rupture de stock. Prenons l'exemple du Levothyrox. En cas d'arrêt du Levothyrox, le patient risque d'avoir une hypothyroïdie. Dans ce cas, c'est tout son métabolisme qui en est perturbé, d'où l'apparition de multiples symptômes associés à cette baisse du taux de cette hormone dans l'organisme. En outre, le patient va ressentir une fatigue intense, une baisse de la température corporelle, une baisse de l'appétit, un ralentissement du rythme cardiaque, des douleurs articulaires et musculaires, ainsi que des troubles de la mémoire et de la concentration, et bien plus encore. Il en a été de même pour les ruptures d'insuline qui avaient mis à rude épreuve de nombreux malades diabétiques qui ne savaient plus où donner de la tête et ce, au moment où les injections d'insuline sont d'une importance vitale, et ne pas les faire c'est s'exposer à une mort certaine. Rupture de médicament: le parcours du combattant pour le malade Nombreux sont ceux qui se souviennent de la soudaine disparition des rayons des pharmacies de Largactyl et du Nozinan, deux produits très utilisés dans certaines pathologies psychiatriques. S'en est suivie la rupture du Gardénal, qui faut – il le souligner, est un médicament très utilisé dans les crises d'épilepsie. Par la suite, il y a eu d'autres médicaments qui n'étaient pas disponibles, comme certaines insulines pour traiter le diabète, et à chaque fois, le même scénario se répétait. Le problème c'est que ces ruptures d'approvisionnement n'étaient pas partielles, mais totales car ces produits n'étaient pas disponibles sur le marché. Face à ces situations, les pharmaciens essaient de faire du mieux qu'ils peuvent pour aider les patients. Certains pharmaciens contactent eux – mêmes les médecins prescripteurs pour trouver une solution particulièrement pour les molécules disposant d'une alternative thérapeutique, quand le produit est substituable, ce qui n'est pas toujours le cas. Commence alors un vrai parcours du combattant pour le malade et sa famille. Tout le monde cherche ici et là le produit prescrit. Certains, qui ont des connaissances et des moyens, n'hésitent pas à voir sous d'autres cieux. A qui incombe la responsabilité? Quoiqu'il en soit, la question des ruptures de stock des médicaments ne doit pas exister. Il en va de la santé des patients. C'est parfois une question de vie ou de mort. C'est d'autant plus vrai quand c'est un produit médicamenteux vital comme par exemple l'insuline ou un vaccin, un sérum, hormones… Les principaux responsables de ces ruptures de stock sont les fabricants qui ont le devoir et l'obligation de mettre sur le marché national, les quantités suffisantes de médicaments nécessaires aux traitements de toutes les maladies. Cette responsabilité est clairement explicitée par la législation des médicaments qui oblige les différents laboratoires de médicaments à détenir continuellement un stock qui est équivalent à trois mois de consommation de chaque produit. Il s'agit de stocks de sécurité définis par l'arrêté du 12 Juin 2002. Le ministère de la santé est très sensible à la question des ruptures d'approvisionnement et des ruptures de stock des médicaments. Il ne cesse de rappeler à l'ordre tous les laboratoires fabricants ou ceux qui importent des médicaments pour éviter aux malades de passer par des moments difficiles. La sécurité des patients au cœur du débat Qui dit rupture de médicaments fait obligatoirement référence aux patients, à la sécurité des malades. Il est inadmissible et injuste d'admettre qu'un malade ne puisse recevoir son traitement à cause d'une rupture de stock, car dans la grande majorité des cas, les effets ne se font pas attendre surtout quand c'est un produit médicamenteux vital. Dans ce cas précis, comme dans les autres situations semblables, c'est la sécurité des malades qui est en jeu et en tant que telle, la sécurité des patients doit être au cœur du débat sur les ruptures d'approvisionnement et de stock des médicaments, aussi bien au niveau des établissements pharmaceutiques industriels, les grossistes, les officinaux, les hôpitaux et les cliniques privées. Quid de la loi? En vertu de la loi 17- 04 portant code de médicament et de la pharmacie notamment son article 84, les établissements pharmaceutiques industriels et grossistes répartiteurs sont tenus de détenir un stock de sécurité des médicaments qu'ils fabriquent , importent ou distribuent pour assurer l'approvisionnement continu et régulier du marché national conformément à la législation et la réglementation régissant les stocks de sécurité en l'occurrence la loi N° 009- 71 du 12 Octobre 1971 relative aux stocks de sécurité. Cette obligation qualifiée de service publique est explicitée par les dispositions de l'arrêté du ministre de la santé N°263 – 02 du 12 juin 2002, relatif au stock de sécurité des médicaments aux termes desquelles les établissements industriels pharmaceutiques sont tenus de constituer un stock de sécurité qui doit, en quantité, être égal au quart du total des ventes de leurs spécialités pharmaceutiques au cours de l'année précédente.