Accoucher dans la rue est certainement ce qu'aucune femme enceinte ne pourrait souhaiter, eu égard aux risques que cela représente pour elle-même et son nouveau- né. Mais ce genre de situation peut arriver, et on peut le comprendre, car des accouchements inopinés arrivent dans les taxis, les escaliers de l'immeuble, l'avion… On peut comprendre et accepter la situation. Mais ce que la raison ne peut en aucun cas accepter c'est de voir une citoyenne accoucher devant les portes d'un Centre hospitalier universitaire, sur le trottoir, comme ce fut le cas le 5 novembre dernier devant le CHU Hassan II de Fès. Accoucher sur le trottoir de nuit devant les portes du CHU Hassan II de Fès, c'est le drame qu'a dû endurer une citoyenne récemment. La femme a mis au monde un bébé à même le sol, après que l'agent de sécurité du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Fès lui ait refusé l'accès à l'établissement. Tout a commencé à l'hôpital provincial de Sefrou où la femme a été examinée. Etant dans un état inquiétant, les sages femmes l'ont référée à l'hôpital de Fès pour plus de sécurité, sachant qu'il n'y avait pas de gynécologue dans ledit hôpital. Référée avec une fiche précisant qu'elle était à la 35e semaine de grossesse, elle a été déposée par l'ambulancier de l'hôpital de Sefrou qui l'a aussitôt laissée, n'attendant pas de voir la suite qui lui a été donnée. Une fois à la maternité du CHU Hassan II, la femme a été examinée par la résidente, qui après une échographie, a pris la décision de ne pas l'admettre et s'est contentée d'établir une fiche de contre référence où elle adressait cette femme de nouveau à l'hôpital de Sefrou à 17 heures. Se retrouvant hors de l'hôpital et incapable de se déplacer, la femme est restée devant les portes du CHU Hassan II de Fès. A 21 Heures 30, elle a accouché d'un bébé dans la rue en face du Centre hospitalier. Les citoyens qui ont assisté à cette scène inadmissible ont mis en ligne une vidéo, montrant la pauvre femme par terre, mettant tant bien que mal son bébé au monde. A la suite de cette intervention, la femme et son bébé ont été admis à la maternité pour des soins. Une coupable carence dans la prise en charge des patientes Face à ces réalités dont souffrent de nombreuses maternités par manque de moyens tant humains que matériels, nous ne cessons de dénoncer sur ces mêmes colonnes depuis longtemps les dangers que représentent les carences dans la prise en charge pour les mamans et leurs futurs bébés, surtout au niveau de certaines maternités qui ne sont pas conformes aux normes. Des maternités où le gynécologue est souvent absent, où la garde n'est pas assurée et respectée, où le nombre de sage femmes ou d'infirmières est en deçà des besoins réels et où le matériel ne répond pas toujours aux exigences de la pratique médicale. Faudrait-il qu'un drame comme celui du CHU Hassan II de Fès se produise pour qu'enfin la raison l'emporte ? Il est aisé de sanctionner un responsable, qui souvent se trouve être uniquement un bouc émissaire, mais en toute objectivité et sans parti pris, il est inadmissible que la maternité du CHU Hassan II n'ait pas gardé cette femme enceinte jusqu'à son accouchement et assuré convenablement et dignement tous les soins au nouveau-né. Il est vraiment regrettable et choquant qu'au 21e siècle, une jeune femme au Maroc soit contrainte d'accoucher sur le trottoir face à un centre hospitalier universitaire (CHU) dont les missions sont d'assurer des soins aux citoyens de jour comme de nuit, de soulager les souffrances, de participer à la lutte contre la mortalité maternelle et infantile. Dans de telles situations, on est en droit de se poser la question de savoir à quoi peut servir un tel établissement hospitalier? Les hôpitaux: des établissements publics au service des citoyens Les hôpitaux sont des établissements publics ouverts à tous nos concitoyens, de jour comme de nuit, indépendamment de leur lieu de résidence ou de leurs moyens. C'est un droit inscrit dans la constitution de 2011. En effet, le droit à la santé pour tous les Marocains est constamment mis au devant de la scène, car c'est un enjeu de démocratie, de progrès économique, d'équité et de justice sociale. Le Maroc a fait sienne cette approche. C'est un choix de société qui démontre si besoin est que l'Homme est placé au centre des préoccupations de tous les projets qui sont aujourd'hui ceux du gouvernement (Santé, éducation, emploi, habitat…) et cela conformément aux hautes directives du roi Mohammed VI qui accorde un intérêt constant et soutenu à la santé de l'ensemble de la population marocaine. L'égalité d'accès aux soins de santé et aux services liés à la santé est un aspect fondamental d'accessibilité aux soins auquel chaque Marocain a droit. Il s'agit de garantir aux personnes économiquement démunies, aux personnes dépourvues de moyens suffisants, aux citoyens qui habitent dans des zones éloignées et périurbaines l'accès à des soins de santé de qualité pour empêcher toute discrimination. Le drame vécu par cette pauvre femme devrait servir de leçon au CHU Hassan II et à tous les autres centres hospitaliers.