Un livre qui dresse l'identité marocaine du Sahara «sans apriori» Entretien réalisé par Jalila Ajaja (MAP) «Le Sahara marocain: L'espace et le temps», est un nouveau livre de Hubert Seillan, paru récemment aux éditions «La Croisée des Chemins», où l'auteur dresse l'identité marocaine du Sahara «sans apriori», en faisant appel à la Géographie et à l'Histoire. Universitaire et éditeur, mais aussi avocat au Barreau de Paris, Hubert Seillan s'intéresse dans ce nouvel ouvrage au Sahara marocain, raconté par la géographie, l'histoire, l'économie et le droit. Ce Sahara atlantique placé sous des auspices bienfaisants qui a de tout temps été «un espace envié». Pour l'auteur, le Sahara est envié plus encore à la fin de la période coloniale, quand l'Algérie et l'Espagne ont tenté de l'établir dans la forme d'un pseudo Etat, qui, ne pouvant être qu'artificiel, «leur aurait permis de poursuivre la domination coloniale, mais la tentative a échoué», rappelant que «depuis 1400 ans, le Maroc a été perçu dans le grand Ouest africain, comme une autorité spirituelle et politique». En effet, selon l'auteur, «les liens coutumiers entre les hommes du Sud et du Nord sont si nombreux qu'ils rendent absurde l'idée même d'une identité saharienne distincte. Le Sahara marocain ne peut donc être compris en dehors du Maroc». Dans un entretien à la MAP, Hubert Seillan revient en détail sur les raisons qui l'ont poussé à écrire ce «livre de cœur» sur un territoire pour lequel il éprouve «une véritable passion depuis l'enfance». «Je ne voulais pas faire un livre d'historien, car je ne suis pas historien. Je ne voulais pas faire non plus un livre de sociologue. Je ne suis pas sociologue et je ne suis pas sur que la sociologie m'aiderait beaucoup, car la Sociologie c'est avant tout le regard sur l'instant. Je ne voulais pas faire un livre de professionnel. Ce que je voulais, c'est faire un livre venant d'un homme soucieux de montrer ce qu'il voyait. Et ce que je voyais, c'est que ce territoire est un territoire très ancien et tous les témoignages, toutes les personnes que j'ai rencontrées m'ont toujours parlé du passé». «L'histoire est donc au cœur de ce territoire, mais en même temps c'est un espace et une histoire d'où le sous-titre de mon livre: l'espace et le temps», a-t-il expliqué. Dans ce livre, «je parle de l'histoire du Sahara en le rattachant à son nord qui est le Maroc, mais aussi à Al-Andalous et l'Europe. En évoquant l'Ouest, qui n'est pas seulement l'Océan atlantique d'où sont venus les Portugais et les Espagnols. Le Sud qui est le prolongement vers la Mauritanie et l'Afrique subsaharienne. Et puis enfin, l'Est (l'Algérie) d'où est venu le conflit, avec la colonisation française qui a poussé les frontières», étaye-t-il. Selon lui, «à travers ces quatre points cardinaux, nous avons une certaine identité de ce Sahara. Je voulais le faire sans apriori, en faisant appel à la Géographie et à l'Histoire, à l'espace et au temps». L'auteur affirme également n'être «ni un idéologue», «ni un doctrinaire». «Tout simplement j'observe ce qu'est un terroir. Et au Maroc il y a de nombreux terroirs. Celui du Sahara a ses propres caractères mais en même temps il est profondément marocain. Parce qu'il est marocain depuis les temps les plus anciens», soutient-il. Après avoir dressé ce qu'il appelle la «Carte d'identité» du Sahara, Hubert Seillan conclut son ouvrage par une dernière partie intitulée «Aujourd'hui et demain» qui se décline en deux chapitres : le premier : «Et le combat cessa faute de combattants». Et le second, «Une nouvelle Californie». Dans le premier chapitre, l'auteur affirme que «le Polisario n'existe plus. Il est divisé. Les gens à Tindouf veulent rentrer mais on les empêche de le faire». En déliquescence, «le front séparatiste ne compte plus que quelques vieux militants, comme il y en a partout, et quelques irréductibles qui ne représentent plus rien», soutient-il. Selon lui «l'affaire (du Sahara) se termine». C'est la thèse qu'il maintient dans le second chapitre où il évoque «une nouvelle Californie au Sahara, territoire qui réunit tous les critères de développement». «Je vois sous les meilleurs auspices l'avenir du Sahara marocain, puisque je vois toutes les prémices d'une nouvelle Californie sur le plan économique et social», conclut-il sur un ton optimiste.