Dr Madiha Ouchamch, Pr Soulaymani Abdelmajid; Pr Hind Hammi Le cancer du col utérin constitue un véritable problème de santé publique au Maroc. Il est considéré comme le 2e cancer le plus fréquent chez les femmes marocaines après le cancer du sein avec des taux les plus élevés dans le monde arabe. Le Maroc connait une transition épidémiologique avec une augmentation du taux de morbidité et de mortalité des maladies non transmissibles comme les cancers. L'objectif principal de ce travail est d'améliorer les connaissances sur le cancer du col de l'utérus. Il s'agit de mettre en évidence les principaux facteurs de risque et la prise en charge. Le col de l'utérus est la partie basse et étroite de l'utérus. Le cancer du col est une maladie qui se développe sur la muqueuse du col de l'utérus et sur le tissu qui le recouvre. La cause principale est une infection persistante par un virus qui se transmet par voie sexuelle, notamment le papillomavirus humain ou HPV. Lorsque ce virus s'installe, il peut provoquer des modifications de l'épithélium et des lésions précancéreuses. Cette évolution peut paraitre lente puisqu'un cancer peut se développer 10 à 15 ans après l'infection. Les autres facteurs de risques sont l'activité sexuelle précoce, le tabagisme, l'infection au virus de l'immunodéficience humaine, les antécédents d'infection transmissibles sexuellement ITS, les contraceptifs oraux. On peut utiliser plusieurs tests pour dépister le cancer du col utérin, entre autres le frottis de papanicolaou qui est un test simple et indolore. Une étude a été menée à l'Hôpital Moulay Abdellah, notamment à l'Institut national d'Oncologie (INO) de Rabat. L'étude rétrospective a été réalisée à partir des données des dossiers d'hospitalisation des patientes prises en charge pour cancer du col. Elle a été menée du mois de Janvier 2010 au mois de Septembre 2017 et a consisté en une description de la population en fonction des caractéristiques sociodémographiques, des stades au diagnostic, la durée et le suivi des patientes. Dans l'étude: 70% des patientes étaient des femmes au foyer, 70% étaient d'origine rurale, avec 80% ayant un niveau socioéconomique considéré comme bas. La durée du suivi médical de ces patientes était de 24 mois, la distance entre le lieu d'habitation et le lieu du diagnostic était de 200 Km (nord). Le diagnostic a été réalisé au stade 2 Figo. Cette étude a mis le doigt sur les problèmes de retard de diagnostic, de l'accessibilité aux soins et la distance aux hôpitaux. Nos résultats confirment que l'infection HPV est un facteur de risque majeur du cancer du col. Les autres facteurs étaient, notamment les antécédents d'IST, le VIH, les contraceptifs oraux, le tabagisme… L'étude réalisée a mis en œuvre les populations à risque de cancer du col. Elle pointe également du doigt les risques liés au retard de diagnostic vu les conditions sociodémographiques et la nécessité de mieux les cibler dans les programmes de dépistage d'information et d'éducation et de créer des campagnes de sensibilisation et d'information sur le cancer du col. D'ailleurs, la fondation Lalla Salma pour la prévention et le traitement des cancers a considérablement stimulé la prévention et le dépistage précoce du cancer au Maroc depuis sa création en 2005.