Du 12 au 14 Janvier 2012, la ville de Marrakech a été la capitale internationale de la lutte contre le cancer. En effet, la ville ocre a abrité un événement médical phare, il s'agit de la conférence internationale sur le contrôle du cancer au Moyen Orient et en Afrique. Une conférence qui a réuni plus de 300 participants autour de séances plénières, de présentations, d'exposés, de débats et d'ateliers abordant la question cruciale de la lutte contre le cancer dans la région du Moyen Orient et de l'Afrique. Le cancer du col de l'utérus a occupé une place importante lors de cette conférence internationale, car il cause le décès de nombreuses femmes à travers le monde, pourtant ce cancer peut aisément être évitable. Avec plus de 500.000 nouveaux cas et près de 300.000 morts chaque année dans le monde, le cancer du col de l'utérus est le deuxième type de cancer le plus fréquent chez la femme après le cancer du sein. Selon l'OMS, si aucune action préventive n'est programmée, les décès dus au cancer du col de l'utérus devraient augmenter de 25% au cours des dix prochaines années. Près de 80% des cas de cancer du col de l'utérus sont enregistrés dans les pays en développement. A l'échelle mondiale, la fréquence de ce type de cancer est estimée à 1,4 million. Ce cancer est en fait provoqué par un virus, le papillomavirus humain (HPV). Il existe au total plus de 100 types de HPV dont la plupart sont inoffensifs. Quatre d'entre eux sont à l'origine de la grande majorité des cancers du col de l'utérus dans le monde : les virus HPV 16, HPV 18, HPV 31 et HPV 45. Notons que l'infection par le HPV est plus fréquente parmi les jeunes adultes âgées entre 18 et 28 ans. Le Maroc figure parmi les pays à prévalence moyenne du cancer du col de l'utérus. Mais il faut tout de même rappeler que c'est l'un des cancers les plus fréquents dans notre pays, venant en deuxième position après celui du sein, avec un taux de fréquence équivalant à 15 % de l'ensemble des cancers traités dans le service d'oncologie Ibn Rochd. Selon les résultats préliminaires du registre du cancer au niveau de la wilaya du Grand Casablanca, on estime que l'incidence du cancer du col de l'utérus est de 11 nouveaux malades pour 100.000 femmes par année. Le grand problème concernant le cancer du col de l'utérus comme d'ailleurs les autres cancers, c'est le diagnostic tardif. A ce sujet tous les oncologues et gynécologues s'accordent à dire que 80 à 90% des cas consultent à un stade très avancé de la maladie ce qui rend très difficile le traitement du col de l'utérus. On comprend ici tout l'intérêt d'un dépistage précoce, par le frottis, qui est en conséquence fortement recommandé, particulièrement pour la population à risque. Qu'est ce que le cancer du col de l'utérus ? Le cancer du col de l'utérus est une tumeur maligne (c'est-à-dire cancéreuse) qui se développe à partir des cellules du col de l'utérus, qui constitue l'entrée de l'utérus, située dans le vagin. Le col est formé d'une charpente faite d'un tissu conjonctif ou tissu de soutien, elle-même recouverte d'un épithélium. Chacun de ces tissus peut dégénérer. Les tumeurs sarcomateuses proviennent du tissu conjonctif (moins de 1 cas pour 1000); l'épithélium de la partie interne du col donne lieu à des cancers glandulaires (moins de 1 cas sur 20); les lésions les plus fréquentes (95 % des cas) naissent de l'épithélium situé à la partie externe du col. Le cancer du col de l'utérus est une localisation cancéreuse fréquente chez la femme. Rare avant l'âge de 30 ans, son incidence maximale se situe entre 50 et 70 ans. Quelles sont les principales causes du cancer du col de l'utérus ? L'infection par des virus sexuellement transmissibles, comme les papillomavirus humain ou l'herpès favorisent l'apparition d'un cancer du col. Le tabagisme La précocité des rapports sexuels Les partenaires multiples Intérêt du dépistage précoce Pour bien comprendre l'intérêt du dépistage précoce, il suffit de se référer aux actions qui sont aujourd'hui entreprises au niveau des pays développés qui ont instauré une politique de dépistage nationale qui s'inscrit dans une stratégie globale qui est imposée par les différents départements de la santé de ces pays. Cette approche permet à toutes les femmes bénéficient de ce dépistage de manière régulière par le biais du frottis cervicovaginal qui permet de diagnostiquer la maladie avant qu'elle ne se transforme en cancer. Le dépistage précoce, par le frottis, est en conséquence fortement recommandé, particulièrement pour la population à risque, les citoyennes démunis qui n'ont pas les moyens de se permettre cet examen dans le privé. Et la vaccination contre le cancer du col de l'utérus ? Intervenant devant la caméra de la première chaine de TV nationale, télé journal de 20h 30 à l'occasion de la cérémonie de clôture de la conférence internationale sur le contrôle du cancer au Moyen Orient et en Afrique, le professeur Moulay Tahar Alaoui, a insisté sur la protection que peut conférer aux femmes la vaccination contre le col de l'utérus. C'est une solution qui doit être envisagée à grande échelle, qui doit profiter au plus grand nombre en particulier les jeunes filles issues de milieu défavorisé si nous voulons réellement combattre efficacement ce cancer. A ce sujet nombreux sont aujourd'hui les praticiens qui plaident, aussi, pour l'introduction du vaccin contre le HPV dans le programme national élargi de vaccination. Il ne fait aucun doute que c'est là une approche qui est sensée et qui mérite réflexion L'introduction de la vaccination pour tenter de réduire les taux de cas de cancer du col enregistrés jusque-là par notre pays constitue donc une nécessité. Il faut savoir que ce vaccin est utilisé depuis quelques années dans plusieurs de pays et qu'il a prouvé son efficacité. La vaccination reste la seule protection pouvant immuniser la femme contre les virus à l'origine du cancer du col de l'utérus. Pour que ce vaccin soit efficace il faut vacciner les jeunes filles à l'âge de 13-14 ans, c'est-à-dire avant même qu'elle ne soit en contact avec le virus. Un rattrapage est prévu pour les jeunes filles et jeunes femmes de 15 à 23 ans qui n'auraient pas eu de rapports sexuels ou au plus tard dans l'année suivant le début de leur vie sexuelle. On est confiant concernant la lutte contre le cancer, surtout quand on voit tout le grand travail accompli par l'ALSC sous la présidence effective, constante de SAR la princesse Lalla Selma qui a insufflé une nouvelle dynamique à la lutte contre le cancer dans notre pays depuis la création de l'ALS C en 2005. Ce qui a permis au ministère de la Santé de mener des actions concertées avec l'ALSC et de mettre en place une stratégie homogène pour lutter contre le cancer. Aujourd'hui grâce à tous ces efforts, aux multiples actions entreprises à travers tout le royaume, aux nouvelles structures de dépistage, de traitement du cancer que réalise l'ALSC en partenariat avec le ministère de la santé et d'autres ONG, le Maroc est cité en exemple, il est devenu leader dans le domaine de la lutte contre le cancer à l'échelle du Continent.