Au Tchad, alors que les élections législatives avaient été maintes fois repoussées ces quatre dernières années du fait notamment de la menace terroriste que fait peser sur le pays «Boko Haram» et de sérieuses difficultés financières, le président Idriss Déby a désigné le 24 septembre dernier et dans le Cadre National du Dialogue Politique (CNDP), une nouvelle commission à l'effet de réviser le code électoral mais aussi de favoriser la tenue des élections législatives avant la fin de l'année; un délai jugé trop court par l'ensemble de la classe politique du pays. Cette commission qui comprend sept membres ; à savoir un président en la personne de Ali Abel Kram, le leader du parti Caméléon, trois représentant la majorité et trois issus de l'opposition, s'est vue assigner pour mission de proposer des dispositions permettant l'organisation rapide d'élections législatives. Elle a eu dix jours pour remettre son rapport au président du CNDP à charge pour ce dernier de le transmettre à la présidence de la République. Mais, ce jeudi cette commission a annoncé que les élections législatives ne pourront, en aucune manière, se tenir avant la fin de l'année et que, dans le meilleur des cas, le scrutin législatif pourrait avoir lieu avant le second trimestre 2020. Ainsi, dans une conférence de presse, Kodi Mahamat, le président de la commission électorale précitée a expliqué à l'assistance que le premier trimestre 2020 reste «l'horizon temporel réaliste» pour la tenue de ce scrutin à condition, toutefois, que soient assurés, par les «partenaires techniques et financiers» du pays «l'appui (et) le financement des opérations électorales». L'opposition qui avait déjà fait part de son refus de participer à des élections qui se tiendraient avant la fin de l'année pour que ces dernières puissent se dérouler «dans des conditions optimales», a exhorté, ce jeudi, le gouvernement à prendre autant de temps que nécessaire. De son côté et bien que n'ayant émis «aucune objection» quant à la tenue desdites élections, Mahamat Ahmat Alabo, le secrétaire général du Parti pour les Libertés et le Développement (PLD), a, toutefois, subordonné leur organisation à «la levée de l'état d'urgence» décrété fin Août 2019 par le chef de l'Etat dans les provinces du Ouaddaï et du Sila, à l'est du pays, et du Tibesti au nord. Pour rappel, les deux premières provinces avaient été le théâtre d'affrontements meurtriers entre cultivateurs et éleveurs alors que le Tibesti était devenu un repaire de groupes rebelles et d'orpailleurs illégaux. Le secrétaire général du PLD exige, enfin, «l'enrôlement des jeunes qui n'a pas été fait depuis 2016» ainsi que le «nettoyage du fichier électoral». Considérant, par ailleurs, que l'organisation d'un «dialogue national» avant la levée de l'état d'urgence serait extrêmement complexe, Succès Masra, figure montante de l'opposition et président du mouvement politique «les transformateurs» estime, pour sa part, que pour ne point «s'acheminer vers des élections bâclées», il n'est nul besoin d'engager une quelconque course contre la montre. «On a attendu quatre ans sans élections, on peut bien attendre au minimum huit mois pour les organiser dans de meilleures conditions» a-t-il déclaré. Et si la composition de l'Assemblée Nationale tchadienne, largement dominée par la majorité présidentielle, n'a pas changé depuis 2011, est-il permis, enfin, d'espérer que les tchadiens pourront avoir une nouvelle majorité avant le second trimestre 2020 ? Attendons pour voir…