Les Japonais votaient dimanche pour un scrutin législatif historique qui devrait porter au pouvoir l'opposition centriste, après 54 ans de règne des conservateurs sur la deuxième économie du monde. La participation était plus importante dimanche en début d'après-midi que lors du scrutin précédent il y a quatre ans, ont annoncé les autorités. A 14H00 (05H00 GMT), 35,19% des 103 millions d'électeurs avaient voté, contre 34,94% en 2005 à la même heure, selon le ministère de l'Intérieur. La participation avait au final atteint 67,51% lors des dernières législatives, un chiffre élevé pour le Japon, bien qu'inférieur au record enregistré en 1958 (76,99%). Les derniers sondages annoncent un raz-de-marée pour le Parti Démocrate du Japon (PDJ-centre), qui promet de mener une politique «au service de la vie des gens», et une défaite cuisante pour le Parti Libéral-Démocrate (PLD-droite), le tout-puissant parti conservateur qui gouverne le pays depuis 1955 sans interruption, à l'exception d'une brève parenthèse de dix mois dans les années 1990. Malgré l'arrivée imminente d'un typhon, la participation devrait être importante, car beaucoup parmi les 103 millions d'électeurs inscrits se sont dit intéressés cette fois par un scrutin où un vrai changement semble possible. A 20H00 (11H00 GMT), fin du scrutin, les médias annonceront les premières estimations de résultats. Les chiffres officiels ne seront connus que lundi matin. «Je pense que nous avons maintenant besoin d'un changement», a déclaré Toshihiro Nakamura, un retraité de 68 ans, après avoir déposé son bulletin en faveur du candidat de l'opposition dans un bureau de vote de Tokyo. «C'est trop pour un seul parti de dominer la vie politique pendant plus d'un demi-siècle», a-t-il ajouté. Selon tous les sondages, les Démocrates devraient remporter au moins 300 sièges sur les 480 que compte la Chambre des députés. Le PDJ et ses deux alliés du Parti Social-Démocrate (PSD-gauche) et du Nouveau Parti du Peuple (NPP-droite) contrôlent déjà la majorité au Sénat. Le président du PDJ, Yukio Hatoyama, 62 ans, a promis des mesures sociales en faveur des retraités, des familles et des plus démunis, un programme séduisant pour une population vieillissante, en mal d'enfants et inquiète de l'aggravation des disparités sociales. Au plan diplomatique, ce riche héritier d'une longue dynastie d'hommes politiques souvent comparée aux Kennedy, qui en cas de victoire deviendra Premier ministre, souhaite que le Japon mène une politique plus indépendante de celle des Etats-Unis et davantage tournée vers l'Asie, sans toutefois remettre en cause l'alliance stratégique avec son allié américain. Le PLD, quant à lui, a mis en avant sa longue expérience du pouvoir, face à un PDJ qui n'a jamais gouverné. Le Premier ministre Taro Aso, un nationaliste fortuné et sans complexe de 68 ans, en a donné pour preuve les plans de relance de son gouvernement qui ont contribué à faire émerger le pays de la plus profonde récession de l'après-guerre. Mais le PLD, artisan du «miracle économique» qui a fait du Japon la deuxième puissance économique du monde, paye aujourd'hui les conséquences des réformes libérales de l'ancien Premier ministre Junichiro Koizumi (2001-2006), accusées d'avoir aggravé les disparités et le chômage. Certains électeurs restent toutefois sceptiques sur les chances d'un réel changement, en faisant remarquer que beaucoup de responsables du PDJ, dont M. Hatoyama lui-même, sont d'anciens dissidents du PLD.»J'ai bien peur qu'il n'y ait aucun différence», a confié Masami Koike, 54 ans, employé dans une chaîne de télévision. «Le PDJ est en fait un clone du PLD». Une fois renouvelée, la Chambre des députés devrait se réunir vers la mi-septembre pour élire le Premier ministre. Pendant cet intervalle, le PDJ, s'il gagne, a l'intention de nommer dès lundi une équipe restreinte qui sera chargée d'assurer une transition en douceur .