Dans un contexte plutôt bouillonnant, on relèvera un certain souffle de «sérieux» planer sur nombre de régions du royaume. Assurément, le discours du trône aura éperonné les nonchalances et ragaillardi les esprits, à travers le territoire national. A la veille du grand ménage que d'aucuns redoutent dans les parages, on aurait remarqué le sursaut instantané d'un certain nombre de responsables locaux qui se mettent à retrousser les manches et à s'en aller voir hors des bureaux climatisés, en ces temps de forte canicule. A Ifrane, considérée comme étant un site de renommée pour les visiteurs de tout acabit, on constatera l'élan effréné du gouverneur qui s'en va admonester, non sans abus, les contrevenants des espaces de Ain Vittel. Celui de Taroudant ira aussi, en treillis et brodequins, des journées d'affilée, au chevet des victimes du drame des crues diluviennes de Tizert. A Agadir, une large campagne s'engage pour libérer les domaines publics, réprimander les fauteurs et soulager la ville des points noirs, sous les cris pressants de la société civile… Il est bien évident que, conformément à la nouvelle charte, les conseils régionaux ont déjà adopté leur stratégie de développement, durant leur mandat. L'initiative est d'autant plus judicieuse qu'elle met en avant, à travers une vision largement concertée, un plan d'action agissant, au service de la région et ses populations. Au-delà des aspects novateurs et participatifs de ces projets dont les fondamentaux ont été mis à la loupe, lors des sessions respectives, il va sans savoir que ces constituantes régionales renferment incontestablement des atouts à même de concrétiser les ambitions escomptées. Certes, les compétences humaines font toujours défaut, à la lumière de la majeure partie des intervenants bien loin des grands enjeux à relever. Toutefois, dans un souci majeur de cohérence et d'efficience, le potentiel naturel, économique et culturel est mis à contribution, de manière rationnelle et édifiante. Le cas de la région Souss Massa s'avère révélateur, dans le sens où il est question des atouts de haute faculté non exploitée pour en faire une réelle valeur ajoutée, en termes de croissance. L'ascendant en flèche de Tiznit, le charisme impérial de Taroudant, l'armada agricole de Chtouka Ait Baha, le flux nodal de l'activité commercial d'Inezgane Ait Melloul, l'envoûtement balnéaire d'Agadir Ida Outanane et la prééminence patrimoniale de Tata, semblent renfermer des opportunités de si grande envergure à saisir à bras-le-corps pour prétendre à un essor multidimensionnel certain. Ces potentialités difficilement trouvables dans un seul conglomérat régional constituent, en fait, des ingrédients pour un développement harmonieux, équitable et performant. Il est vrai, en revanche, que ce territoire, aride et accidenté, sévit pour une grande partie, à la merci des affres de la carence hydrique et les indicateurs criards du dénuement et de la précarité. Une équation criante qui ne cesse de révéler les disparités sociales et les inégalités spatiales, car on ne comprendra guère pourquoi, d'une part, la région détient les marches les plus hautes en matière de revenus agricoles, maritimes, touristiques, commerciales, alors que les citoyens, dans leur majorité notamment rurale, endurent les calvaires de l'exclusion et de la privation et que les espaces manques cruellement d'infrastructures. En parallèle, un déficit de gouvernance est à déplorer, à l'instar de nombre de régions, d'autant plus que la gestion des affaires publiques, depuis longtemps, détenue par les mêmes bonnets indéboulonnables, imposant des conduites archaïques et rétrogrades. Il est donc question d'une nouvelle génération de gestionnaires, menée par des compétences riches en savoir-faire, fort empreintes d'engouement et de civisme. Le modèle révolu qui persiste encore à se cramponner au gouvernail des conseils, à l'image de ces attitudes surannées de certains conseillers qui émaillent les sessions, n'est pas en mesure de matérialiser le défi des stratégies mises en œuvre, aussi féconde soit-elle.