Encore une nouvelle prise de participation pour la CDG. Cette fois-ci, c'est dans le domaine de la santé que cela se passe. Créé en 1999, le groupe Oncorad est présent à Casablanca et à Marrakech avec deux centres d'oncologie et compte en ouvrir un troisième à Agadir. Dans le but de le financer, Oncorad vient de céder une part minoritaire à la filiale de la CDG. Cette prise de participation résultera en une augmentation de capital. L'entrée de CDG Capital PrivateEquity dans le capital de Oncorad pousse à croire que la CDG fait la sourde oreille aux recommandations de la Cour des Comptes. Les juges de la Cour avaient reproché à la Dame de Rabat, entre autres, une forte dispersion de ses investissements. Le nombre de ses participations qui ne cesse de croître, est passé de 80 filiales en 2007 à 148 filiales en 2019. Même si l'établissement avait annoncé son souhait de réduire le nombre de filiales, CDG Capital PrivateEquity continue d'investir dans des domaines diversifiés et qui l'éloignent de ses missions d'origine. Rappelons-le, en début d'année, celle-ci a opéré un nouvel investissement sous forme d'augmentation du capital de Trarem, une société spécialisée dans le mobilier de bureau. Du côté du secteur de la santé, depuis l'entrée en vigueur de la loi 131-13, qui ouvre les capitaux des cliniques privées aux investisseurs non médecins en 2015, les créations générées par des fonds d'investissement se font très rares. L'objectif était d'améliorer les soins, de créer d'emplois dans le secteur et de pouvoir couvrir les déserts médicaux. Pourtant quatre ans plus tard, aucun d'eux n'a été atteint. Les investissements constatés concernaient des acquisitions de structure déjà existantes. Encore plus troublant, les investissements réalisés portent sur des cliniques spécialisées en oncologie ou encore en radiologie. Des pathologies qui rapportent gros ! D'ailleurs, les médecins avaient prévenu sur le fait que cette loi risquait de transformer la profession en un business pur et dur, et que les investisseurs ne seraient intéressés que par les pathologies qui rapportent le plus. Aujourd'hui, on entend parler de plusieurs investissements similaires. À titre d'exemple, le groupe ODM (Oncologie et Diagnostic du Maroc), créé par l'ex-patron de Meditel, Mohamed Elmandjra, a bénéficié de l'entrée dans son tour de table en juin 2018 du fonds d'investissement britannique Alta Semper Capital. Celui-ci avait repris les parts de l'émirati Abraaj dans le groupe. ODM a également repris des centres de radiologie auprès de la filiale du groupe SAHAM, Meden Healthcare, qui détenait un réseau de quatre cliniques et de deux centres de radiologie. Avec l'entrée de la CDG dans le capital d'une clinique privée le témoignage des médecins, sur ces pathologies qui rapportent gros, se confirme de plus en plus. Tous ces investissements font réfléchir sur la situation du secteur de la santé au Maroc. Il faut dire que d'un autre côté, les hôpitaux publics sont loin d'avoir autant d'attrait auprès du bras financier du l'Etat. La messe est dite.