A l'issue du premier tour des élections présidentielles qui ont eu lieu ce dimanche en Ukraine – pays de 45 millions d'habitants, né du démantèlement de l'ex-URSS, aux portes de l'Union européenne et un des Etats les plus pauvres du vieux continent – c'est le comédien Volodymyr Zelensky qui est arrivé en tête avec 30,4% des voix devançant largement le président sortant Petro Porochenko, arrivé second avec un score de 17,8% et éliminant l'ex-première ministre Ioulia Timochenko qui n'a pas attiré plus de 14% des votants. Mais comment se fait-il que le président Porochenko se soit fait supplanter par un «vulgaire» comédien, un candidat atypique et, de surcroît, novice en politique alors même qu'il a, à son actif, le rapprochement de l'Ukraine avec les pays occidentaux, le redressement de l'armée et voire même le lancement d'importantes réformes économiques? La seule explication qui vient à l'esprit est que le président ukrainien aurait été victime d'un vote-sanction de la part de ses compatriotes qui lui auraient reproché son incapacité à enrayer la corruption endémique qui gangrène toujours l'Ukraine alors même que ce fut la préoccupation essentielle du soulèvement du Maïdan qui lui avait servi de tremplin et permis d'accéder au pouvoir cinq années auparavant. Ce serait donc pour cette raison que, ce dimanche, malgré le flou qui caractériserait son programme, Volodymyr Zelensky est, tout de même, parvenu à recueillir la majorité des suffrages exprimés. Mais en accédant, ainsi, au second tour de l'élection présidentielle, le comédien-candidat-président est appelé à affronter, le 21 Avril prochain, le président sortant qui reste, tout de même, un vieux routier de la politique alors que, pour l'anecdote, la seule expérience du pouvoir que Zelensky détient c'est lorsque, dans une série télévisée, il avait incarné un professeur d'histoire devenu subitement président. Ainsi, même si le président sortant aborde le second tour avec un retard lourd à combler, il y a lieu de reconnaître que la fiction n'est qu'une image de la réalité et que rien n'indique que Volodymyr Zelensky va parvenir à rassembler une majorité absolue alors même que les défis auxquels l'Ukraine est confrontée sont non seulement considérables mais bel et bien réels. Pour rappel, depuis sa brouille avec la Russie et l'annexion par cette dernière de la péninsule ukrainienne de Crimée puis le conflit avec des séparatistes dans l'est qui avait fait près de 13.000 morts, l'Ukraine vit actuellement sa pire crise depuis son indépendance en 1991. Les enjeux et les défis auxquels se trouve confronté l'Ukraine sont donc énormes. Or, rien ne laisse entendre, à l'heure qu'il est, que le 21 Avril prochain les ukrainiens ne vont pas réfléchir à deux fois avant de mettre leur avenir entre les mains d'un comédien dépourvu de toute expérience politique et ne pas changer leur fusil d'épaule au moment de mettre leur bulletin dans l'urne et rappeler Porochenko après l'avoir «sermonné», comme il se doit, lors du premier tour. Alors, attendons pour voir…