Le duel entre Viktor Ianoukovitch et le Premier ministre Ioulia Timochenko s'annonce tendu au deuxième tour de la présidentielle en Ukraine, même si l'opposant pro-russe dispose d'une nette avance au premier tour, selon les résultats officiels publiés lundi. M. Ianoukovitch a obtenu 35,36% des suffrages dimanche et l'égérie de la Révolution orange pro-occidentale 25%, selon des résultats portant sur près de 97% des bureaux de vote. Derrière eux, l'ex-banquier Sergui Tiguipko, qui a travaillé dans les deux camps avant de se décider à faire cavalier seul, se retrouve de fait en position de "faiseur de roi", avec 13,01% des voix. Il s'est refusé à donner des consignes de vote, affirmant qu'aucun des deux prétendants à la fonction suprême n'incarnait le "changement". Quoiqu'il en soit, son électorat sera très courtisé d'ici au second tour, le 7 février. Il est suivi de l'ancien président du Parlement Arseni Iatseniouk (6,97%) et du président sortant Viktor Iouchtchenko, héros de la Révolution orange, lourdement sanctionné (5,51%) pour la désillusion et la crise économique qui ont marqué son mandat. M. Ianoukovitch apparaît désormais à même de prendre sa revanche après l'invalidation de sa victoire pour fraudes lors de la précédente présidentielle en 2004 et la Révolution orange, qui conduisit à l'élection de Viktor Iouchtchenko. "Ianoukovitch n'a pas besoin de grand chose, juste de préserver les sympathies de ses propres électeurs", estime l'éditorialiste Vitali Portnikov sur son blog. En dépit de son avance, le deuxième tour n'est toutefois pas encore joué. Selon les analystes, Mme Timochenko conserve une chance de combler son retard si elle réussit à rallier les électeurs des candidats recalés et les indécis. "Timochenko peut espérer améliorer son score grâce à l'électorat +orange+ qui s'est dispersé au premier tour entre plusieurs candidats", souligne la banque d'investissement russe Troïka Dialog dans une note d'analyse. Au premier tour, la participation a atteint 66,44%, selon des chiffres provisoires, soit un net recul par rapport à 2004 (77%). Les abstentionnistes peuvent-ils encore se laisser séduire par un candidat ou l'autre ? "Tout dépendra de la manière dont la campagne est menée", estime Volodymyr Fesenko, directeur du Centre d'études politiques Penta. Selon lui, Ioulia Timochenko va jouer à fond sur le passé judiciaire de son adversaire, condamné à deux reprises dans sa jeunesse pour vol et coups et blessures.